Les jeux sont-ils déjà faits?

Avec 30,44% des voix et 209 sièges, le CSV est sans conteste le grand gagnant des élections communales de 2017. Le «Chrëschtlech-Sozial Vollekspartei» s’est même offert le luxe de s’implanter dans le Sud, et notamment à Esch-sur-Alzette, jusqu’alors bastion historique du LSAP. Le vent des sondages en poupe, certains commentateurs vendraient déjà la peau de l’ours à six mois des élections législatives, mais «les communales ne sont pas les législatives», rappelle Marc Spautz, président du Parti chrétien-social.
 
Le CSV espère-t-il profiter de sa lancée des communales pour remporter les élections législatives ainsi que le poste de Premier ministre?
Je l’espère, oui, mais il ne faudrait pas confondre les deux pour autant car ce n’est pas tout à fait le même électorat puisque les résidents non-luxembourgeois ne votent pas aux législatives. À en croire les dernières élections et les sondages, c’est une bonne affaire pour nous mais je préfère gagner les élections et non les sondages.
 
Quelle stratégie politique face à une hypothétique coalition DP, LSAP, déi Gréng
Notre objectif est de gagner les élections mais aussi que les trois autres partis ne reçoivent pas plus que 30 sièges. Car, malgré les déclarations de non-coalition, il est certain que dans le cas contraire, ils feront tout pour que nous restions encore cinq ans dans l’opposition.
C’est ensuite aux électeurs de nous dire qui sont les gagnants avec qui nous pourrions engager les négociations.
Il faut dire que c’est la première fois dans l’histoire qu’une coalition fait tout pour laisser le plus grand parti politique du pays dans l’opposition. Le CSV a 23 sièges, les socialistes et les libéraux 13; c’est là une grande différence. Je pense que le message des électeurs, il y a cinq ans, a été celui d’une coalition entre le CSV et les libéraux, mais ils ont préféré celle que l’on connaît. Si je tourne la page aujourd’hui, j’espère que les électeurs nous donneront un mandat pour qu’il ne soit plus possible de constituer un gouvernement sans le CSV.
 
On vous sent très virulent contre le gouvernement, est-ce que la campagne aurait déjà commencé?
Nous venons de présenter nos listes et allons bientôt faire de même avec notre programme mais cela ne doit pas nous empêcher de critiquer l’action gouvernementale, ainsi que les cadeaux faits à gauche et à droite. Leur campagne a commencé dès le lendemain de la gifle électorale qu’ont reçu les partis de la coalition gouvernementale aux communales.
 
Quel regard portez-vous sur la communication du DP?
On voit bien qu’ils se servent du poste de Premier ministre pour faire passer le message que Xavier Bettel est une personne conviviale et qu’il a des facilités pour discuter avec les gens mais il faut aussi regarder la réalité. S’il est présent sur la scène internationale avec Macron, Michel et Merkel, il est aussi le grand absent de la politique nationale qu’il cède à ses ministres.
 
Manque-t-il une génération de jeunes au CSV?
Certes, Vivianne Reding est la plus âgée avec 67 ans mais nous avons beaucoup de candidats de 20 à 40 ans. C’est là un grand changement au sein du parti même si, ne l’oublions pas, Michel Wolter avait commencé à 21 ans.
 
Quels seront les grands thèmes des élections législatives selon vous?
Je dirais les politiques sociales et de travail. Même si le gouvernement déclare que la situation est meilleure qu’avant et que, certes, notre situation est meilleure que celle de nos voisins, le «Sozialalmanach» de la Caritas, ainsi que les déclarations de la Chambre des Salariés dénoncent tout de même des problèmes de pauvreté et d’emplois.
 
Quel regard portez-vous sur les 120 millions d’euros d’investissements luxembourgeois d’ici 2028 en terres lorraines pour améliorer les infrastructures de mobilité? 
Ce n’est pas la première fois et je crois qu’il est important que nous cherchions des solutions de mobilité et l’une d’elle, est la construction de P&R à la frontière. Le Luxembourg profite de la main-d’œuvre frontalière et il faut investir dans des projets précis, notamment en matière de mobilité. C’est un bon début mais je suis sûr qu’il y aura d’autres projets transfrontaliers à l’avenir.
 
Pensez-vous que la situation démocratique actuelle sera tenable lorsque les résidents étrangers seront majoritaires dans le pays?
Le CSV pense à la création d’une Chambre, qui, à l’image des chambres professionnelles, représenterait les intérêts des résidents non-luxembourgeois et des frontaliers et prendrait position sur tous les sujets qui les concernent.
Avec le résultat clair de 80% contre le droit de vote des étrangers aux élections législatives, je ne vois pas ce qu’on pourrait faire d’autre d’ici les cinq à dix ans à venir.
 
 
 

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