«Plus que des voisins»

La République avait sorti ses plus beaux apparats pour célébrer l’amitié franco-luxembourgeoise du 19 au 21 mars; il faut dire que cela faisait 40 ans que le Luxembourg n’avait pas participé à ce plus haut degré des relations diplomatiques françaises. Arrivé en TGV-EST, le couple grand-ducal a débuté sa visite d’Etat par une cérémonie d’accueil dans la cour d’Honneur des Invalides. Paris était, comme il se doit pour pareil événement, habillée des drapeaux tricolores qui ornaient les avenues encore enneigées. Les quelques 140 chevaux et 28 motards de la Garde républicaine frappaient les pavés des beaux quartiers haussmanniens, d’un entretien avec le président Macron, à un déjeuner ministériel, puis à une entrevue avec le président de l’Assemblé nationale. La première journée fut chargée.
Durant le dîner officiel au Palais de l’Elysée, le Grand-Duc n’a pas manqué de rappeler les liens étroits qui unissent les deux nations, parlant «d’intimité», remémorant quelques faits historiques trop peu connus et disant toute sa reconnaissance envers les 140.000 Français, résidents ou frontaliers, qui participent au développement économique, social ou culturel du Luxembourg. «Si la nation luxembourgeoise peut être fière de son indépendance et de son cheminement», a-t-il dit, «elle mesure aussi que la France est partie de son identité». Emmanuel Macron a quant à lui souligné l’innovation luxembourgeoise dans le spatial, le numérique et la finance verte. La francophonie à l’honneur, Son Altesse Royale a été l’invité du président pour son discours sous la coupole de l’Académie française.
Cette visite d’Etat était donc l’occasion d’échanger de jolies vérités, entourées de symboles, et ce, devant une délégation luxembourgeoise composée de 200 invités dont le Premier-ministre, une grande partie de son gouvernement, de nombreux décideurs économiques et de chefs d’entreprises.
La visite était aussi studieuse et Xavier Bettel, avec son homologue français, Edouard Philippe, ont présidé un séminaire intergouvernemental dont les conclusions peuvent différer d’appréciation selon le côté de la frontière où l’on se trouve. En effet, les communes lorraines qui parfois connaissent jusqu’à 70% de leur population active au Grand-Duché avaient espéré une redistribution fiscale qui ne se fera pas; ou du moins pas à la hauteur des 1,5 milliards d’euros avancés. Certes, le Luxembourg est prêt à investir dans la modernisation des lignes ferroviaires, dans le doublement des lignes de trains aux heures de pointes, dans celui de l’A31 réservé au covoiturage, dans la création de parcs de stationnement relais, mais pas «pour payer les décorations de Noël d’un maire», selon le bon mot de Xavier Bettel au micro de RTL.
Les investissements luxembourgeois en terres lorraines ne sont néanmoins pas des moindres puisqu’annoncés à hauteur de 120 millions d’euros d’ici 2028. Peut-être même d’autant plus importants puisqu’ils arrivent en cette période d’entre-deux élections (communales et législatives)…
 
Par Julien Brun
 

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