Le Mouvement d’une vie

Blanche Weber

Connue pour son franc parlé et son fervent engagement écologique, Blanche Weber, présidente du Mouvement Ecologique luxembourgeois (MECO), est un personnage contrasté. Entre détermination et sens de l’écoute, fraîcheur et modestie, c’est avec un grand sourire et la conviction dans le regard qu’elle nous a accueilli au cœur du paisible quartier du Pfaffenthal.
 
Les prémices d’un engagement
Ayant grandi dans le sud du pays, Blanche est très vite entrée en contact avec le monde de la politique. Héritant d’une volonté d’engagement prononcée de la part de son père, lui-même très impliqué en politique, la lycéenne s’est intéressée très jeune aux publications de la section «Jeunes et environnement» du Mouvement Ecologique avant d’en devenir membre à l’âge de 16 ans.
Touchée par les interventions télévisées par des personnes engagées, notamment de Théid Faber, son prédécesseur, et par l’engagement des bénévoles qu’elle côtoie, elle se sent rapidement dans son élément. Quelques années plus tard, la jeune femme part pour Sarrebruck afin de poursuivre des études en sociologie mais reviendra peu de temps plus tard au Luxembourg, rattrapée par ses ambitions écologiques.
 
Tournant politique
Année européenne de l’environnement et des élections communales luxembourgeoises, 1987 a également été un moment charnière pour Blanche Weber qui s’est vu offrir un poste temporaire au MECO. Souhaitant dans un premier temps poursuivre ses études après cette parenthèse, elle change d’avis lorsqu’un poste permanant lui est proposé au terme de son contrat d’intérimaire. «Pendant des années, le Mouvement Ecologique n’avait pas eu les moyens d’engager, cette occasion était donc unique. Je n’ai jamais regretté ma décision par la suite», raconte-t-elle, pleine d’aplomb.
En effet, c’est cette même année que Robert Krieps, alors ministre de l’Environnement, avait accordé les premières subventions étatiques au Mouvement, ce qui lui avait permis de grandir, tout en gardant son indépendance par rapport à l’Etat et par là même, un regard critique sur ses actions. Alors engagée en tant que coordinatrice des actions du Mouvement, Blanche Weber a également été élue présidente par les membres, deux fonctions différentes qu’elle assume avec fierté et dynamisme.
 
Le partage au cœur de la réflexion
Fraîchement employée au sein du Mouvement, Blanche enchaîne la rédaction d’articles, la coordination de projets, les réunions et leurs rapports. Elle a l’opportunité de se consacrer à temps plein à son engagement et connaît sa chance: «Le Mouvement Ecologique comprend des centaines de bénévoles qui donnent de leur temps après leur journée de travail. Sans ces membres passionnés et investis, le MECO n’aurait jamais pris autant d’ampleur», tient-elle à souligner.
Et pour cause, l’engagement de ses collaborateurs, leur sens de l’écoute et leur volonté de partage d’opinions visant à construire ensemble les bases d’un monde meilleur sont autant d’éléments qui l’ont d’emblée séduite à son arrivée. Portant à ses débuts un intérêt particulier au thème de la participation citoyenne, elle trouve dans ce mode de fonctionnement une base saine à la réflexion sur des questions écologiques. En tenant compte des contraintes de chaque secteur impliqué dans une problématique, ce système favorise également la mixité sociale.
 
Combat actuel
Lors de leur congrès annuel le 24 mars dernier, le Mouvement Ecologique a annoncé ses revendications nationales dont la pierre angulaire était l’urgence de changer nos modes de vie et de production afin de tenir compte des limites de notre système écologique. «La biodiversité se dégrade toujours au Luxembourg, la problématique du changement climatique ainsi que les problèmes de mobilité et de logement sont évidents, nous ne pouvons poursuivre cette logique de croissance», nous explique Blanche Weber.
Selon la présidente, la croissance de 3,1% annoncée pour le Luxembourg d’ici 2021 n’est pas compatible avec les plans de développement durable du pays: «Les ressources dont nous disposons sont limitées, toute croissance est donc forcément en opposition avec l’idée de durabilité». Elle ajoute cependant: «Nous encourageons la croissance pour la production d’énergies alternatives et l’agriculture locale, mais nous ne pensons pas qu’une croissance globale puisse être bénéfique».
En ce sens, le Mouvement prône plutôt un développement économique plus durable avec notamment une promotion de l’économie régionale et de l’économie solidaire. Blanche Weber explique: «Il nous faut réfléchir à la manière dont nous pourrions financer notre système social sans avoir recours à cette logique de forte croissance. Certaines pistes à explorer seraient l’augmentation de la taxation écologique. Nous pourrions également envisager une fiscalité sur les capitaux financiers».
Pour limiter cette croissance, le MECO s’oppose par ailleurs à l’implantation de certaines entreprises dans le pays. Trop polluantes, une superficie territoriale trop importante, trop énergivores, trop de trafic engendré, pas assez de taxes payées, concurrence directe avec les produits régionaux,… la présidente du Mouvement estime qu’il ne faut pas accueillir une entreprise à tout prix sur le sol luxembourgeois. «La finalité politique luxembourgeoise semble toujours œuvrer pour la productivité et la rentabilité, mais une telle croissance n’a pas de finalité humaine», et d’ajouter dans ce contexte: «Si notre défi principal est écologique, nous n’oublions toutefois pas la dimension sociale de nos actions», conclut-elle.
 
 
Par Martina Cappuccio