Vers des constructions toujours plus propres

Miscanthus

De nouveaux matériaux d’origine végétale et donc plus écologiques affluent depuis plusieurs années sur le marché de la construction. Pourtant selon Carlo Posing, membre fondateur de l’A.S.B.L. Miscanthus, les constructions issues de ces matériaux ne sont pas encore totalement «zéro déchet». C’est à Ettelbruck que son association a décidé de relever un défi de taille.
 
Pourriez-vous nous présenter brièvement votre association?
Il y a une dizaine d’années, après de multiples recherches et un désir croissant de consommer différemment, j’ai cherché une alternative à mon chauffage au mazout. Je me suis donc intéressé au miscanthus pour ses propriétés combustibles mais j’en ai découvert de nombreuses utilisations. Le miscanthus est une sorte de roseau de terre qui peut atteindre 3 ou 4 mètres de hauteur et qui demande peu d’entretien: aucun engrais ni produits phytosanitaires ne sont nécessaires. Un véritable atout qui nous vaut le soutien du Syndicat des Eaux du Sud. En plus, comme aucun des membres n’était agriculteur ou ingénieur agronome, nous avons choisi une plante facile à vivre, résistante au climat local et nous l’avons travaillée et la travaillons encore dans d’autres buts que le chauffage.
 
Que pouvez-vous fabriquer avec le miscanthus?
A force d’expérimentations, nous avons mis au point divers produits à base de miscanthus. Tout d’abord, le paillage horticole: la plante est récoltée, débarrassée de la poussière puis calibrée et sert pour les cultures ou en litière dans les poulaillers. Mais un de nos plus gros défis se joue dans la construction. Nous fabriquons du béton végétal qui sert d’isolant comme la laine de roche ou de bois. Nous faisons également des recherches et des études avec l’Université de Bonn pour mettre au point un isolant de façade.
 
Pouvez-vous nous parler des projets qui ont déjà vu le jour et ceux à venir?
Après avoir construit un premier petit bâtiment pour y abriter les vestiaires du club de tennis de la commune de Lorentzweiler, c’est celle d’Ettelbruck qui vient de passer commande pour un pavillon de 60 m² à construire dans le Parc de l’Alzette. Le but est d’intervenir avec des produits exclusivement locaux et sans aucun déchet au montage ni au démontage ou à la démolition. Nous ne travaillons que dans une logique d’économie circulaire: nous fabriquons des produits qui peuvent être réintroduits tels quels, après usage, dans le cycle naturel. Pas de colle, pas de salissure du matériau qui entraînerait son rejet en déchetterie. C’est un sacré challenge: n’avoir aucun impact sur le sol, repenser les modes de construction dans leur globalité. Cela permet d’innover, de réfléchir à de nouvelles solutions. Ainsi, le pavillon d’Ettelbruck sera mis sur vis, ce qui permettra de surélever un peu le bâtiment que l’on pourra retirer, au besoin, sans aucun impact sur la nature. Et bien sûr, à la déconstruction, puisqu’il s’agit d’un mélange uniquement végétal avec un peu de chaux, tout pourra être réutilisé en engrais.
 
Vous avez donc une usine fabricante?
Oui, cette usine a d’ailleurs difficilement vu le jour mais c’est notre plus grande force car c’est là que nous construisons l’intégralité des bâtiments commandés et que nous travaillons la plante. Le béton végétal, les panneaux de miscanthus pour le pavillon d’Ettelbruck et même l’isolant de façade encore en test, tout sera fait sur place pour rester fidèle à l’économie verte, circulaire, tournée vers l’avenir.
 
Infos: www.miscanthus.lu  
 
Par Manon Garrido
 
 

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