Un bien nécessaire

GERI Management

Le paysage immobilier du Grand-Duché a bien changé ces 30 dernières années. L’on y construit de plus en plus et de plus en plus vite. Si l’effet est visuellement spectaculaire, le phénomène entraîne des risques croissants au niveau de la sécurité du travail. Les experts en la matière demeurent des intervenants incontournables. Nous nous sommes entretenus avec Angéline Prevot, directrice de GERI Management et première chef d’entreprise du secteur de la sécurité BTP au Luxembourg.
 
A l’image du développement fulgurant de la construction au Luxembourg, la société de conseil GERI Management est passée de deux collaborateurs associés à ses débuts en 2008 à 16 collaborateurs aujourd’hui. «L’entreprise est en pleine croissance», confirme Angeline Prevot. Après des étapes à Rodange (2008-11) et Pétange (2011-16), le bureau s’est installé à Niederkorn il y a deux ans. Comptant parmi ses devises la proactivité, l’efficacité et la disponibilité, l’entreprise, en définitive, s’appuie sur une expérience de près de 20 ans.
 
L’humain avant tout
En 2001, après des études de génie civil à Metz et Nancy, Angéline Prevot démarre son parcours d’ingénieure, puis de coordinatrice de sécurité au Luxembourg. Huit ans plus tard, elle se met à son compte. Aujourd’hui, elle est toujours animée par la même passion. Interrogée sur ce qui lui plait le plus dans son métier, elle répond, sans hésiter: «Le contact avec les gens. Nous sommes amenés à communiquer avec des personnes très différentes, et c’est tout à fait passionnant».
La législation prévoit initialement deux interlocuteurs en matière de sécurité sur les chantiers: le maître d’œuvre et le coordinateur de sécurité.  Mais les consultants de GERI Management voient plus loin. Partant du principe que la sécurité concerne avant tout ceux et celles qui sont physiquement exposés aux risques, leur démarche consiste à impliquer tous les intervenants dans un projet de construction, indépendamment de leur affectation. «Tout le monde est concerné, et la communication vers le bas n’est pas toujours la plus efficace», précise Angéline Prevot.
Expliquer à des travailleurs que certains principes et procédures, comme par exemple de ne pas toucher à des produits dangereux comme l’amiante ou le plomb en cas de découverte sur chantier, ou encore la mise en place des protections collectives conformes, est nécessaire et dans leur intérêt, n’est pas toujours une tâche aisée. Les réglementations sont souvent contraignantes et peuvent sembler parfois illogiques. Le conseil en sécurité requiert, dès lors, des aptitudes pédagogiques évidentes. C’est là une des facettes de ce métier très varié, qui doit en outre s’accommoder d’horaires très flexibles.
 
Maîtriser la contrainte
«Un chantier peut être exécuté à n’importe quel moment de la journée, certains tournent la nuit, d’autres le wee-kend. Il faut s’attendre à tout et être prêt à intervenir à tout moment».  Il y a aussi les délais, de plus en plus serrés. «Voilà un des problèmes principaux qui subsistent dans le monde de la construction au Grand-Duché», observe Angéline Prevot. «En raccourcissant les délais, forcément, on rogne sur la sécurité. On veut gagner du temps, économiser de l’argent, optimiser les ressources. Mais en fin de compte, en cas d’accident, outre les conséquences humaines, un chantier se retrouve souvent immobilisé. Tout le monde est perdant».
Il reste donc du pain sur la planche. «Ces dix dernières années, la sécurité a nettement progressé sur les chantiers luxembourgeois. Avant 1994, date du premier règlement relatif à la sécurité, peu de choses étaient entreprises dans ce domaine. Depuis le règlement grand-ducal du 27 juin 2008 (ndlr: concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé à mettre en œuvre sur les chantiers temporaires ou mobiles), la situation s’est considérablement améliorée. Mais il y a toujours des accidents. Notre mission consiste aussi à sauver des vies».
Malgré cela, la profession de coordinateur/conseil en sécurité demeure relativement méconnue au Luxembourg. «Différents projets de construction, parfois de taille, ont dû être interrompus parce que les maîtres d’œuvre n’avaient pas prévu de procédure en matière de sécurité», observe Angéline Prevot. «Mais notre profession ne concerne pas uniquement les gros chantiers. Chaque particulier au point d’entreprendre des travaux de construction ou de transformation est tenu de se faire conseiller par un expert en sécurité. Cela, très peu de gens le savent».
En près de 20 ans de carrière, Angeline Prevot a participé à des projets couvrant l’éventail du domaine du bâtiment et des travaux publics. Des maisons unifamiliales aux viaducs, des cités écologiques aux sièges de multinationales et édifices européens, il semblerait qu’elle ait tout vu. «Il reste encore tellement de choses à découvrir», nous rassure-t-elle. «La construction bouge et le pays se développe sans cesse. Nous demeurons à l’écoute».
 

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