Après l’engagement, place à l’action

Imaginons un instant les dix plus grandes villes du monde submergées par les eaux: de New-York et Miami à Tokyo, en passant par Abidjan, Amsterdam et Rotterdam. Des événements climatiques extrêmes balayeraient les récoltes et compromettraient notre sécurité alimentaire. Une acidité des océans désorienterait plus encore les organismes marins, 30% de la biodiversité terrestre perdue et un tiers des espèces mammifères se déplacerait de plusieurs centaines de kilomètres. C’est le tableau apocalyptique peint de la gouache scientifique dans lequel une augmentation des températures de 4,6° est prévue pour la fin de ce siècle.
Le choix posé à l’humanité est d’agir ou de souffrir. Après la conscience écologiste des années 70, des études scientifiques sur la pollution du début du XXe siècle et des observations littéraires de l’ère industrielle (lire Germinal et La Bête humaine de Zola ainsi que Les Villes tentaculaires d’Emile Verhaeren), il aura fallu 21 Conférences des Parties depuis la toute première COP de Rio en 1992 pour qu’enfin, plus de 190 Etats se mettent d’accord. Les Accords de Paris sur le climat est le texte le plus largement et le plus rapidement signé de l’histoire de l’humanité. La conscience politique décide donc l’action avec l’objectif de cantonner la hausse à 2° et de réduire nos émissions à effets de serre de 40% d’ici 2050.
Limite de la diplomatie ou pragmatisme, ces mêmes Etats savent que c’est le gros sous qui fait le nerf de la guerre contre le réchauffement climatique et l’addition est salée puisque chiffrée à 100 milliards de dollars annuels nécessaires aux développements durables des pays pauvres. Les politiques pourraient alors ressortir de leurs vieux cartons l’idée des années 70 sur la taxe des transactions financières. La France, qui est le seul pays européen à l’appliquer, entend bien le remettre sur la table bruxelloise des négociations. Aussi utopique que cela puisse paraître, il serait aussi possible que la finance mondiale y contribue d’elle-même en constituant des fonds d’investissements verts. Deux politiques antinomiques s’il en est mais aux intérêts complémentaires.
C’était tout l’enjeu du «One Planet Summit» de cette fin d’année 2017 où Macron – pourtant si peu bavard d’écologie durant sa campagne mais qui, avec une Merkel empêtrée à constituer un gouvernement, le Brexit anglais et l’éco-scepticisme de Trump – se voyait déjà en chef d’orchestre de l’écologie mondiale. Acteurs de la finance, banquiers, assureurs mais aussi célébrités et philanthropes étaient tous réunis pour faire rôle-moteur. Un catalogue d’annonces réconciliant l’écologie et l’économie a été énoncé dans lequel 200 investisseurs institutionnels pesant quelques 26 mille milliards de dollars d’actifs s’engagent à faire monter la pression sur les 100 plus grosses entreprises émettrices d’effets de serre et la Banque mondiale promet de ne plus financer de projets gazier, ni pétrolier dès 2019.
Le rôle du Luxembourg est double. Tout d’abord fort de ses moyens financiers et de sa flexibilité, il pourrait très vite devenir un modèle européen sur des sujets comme l’électromobilité, les maisons passives et le développement durable de ses entreprises. Mais le Luxembourg pourrait aussi mettre les compétences de sa place financière au service du financement des Accords de Paris. Le deuxième centre de fonds à l’échelle mondiale est déjà très actif puisqu’aujourd’hui plus de la moitié des obligations vertes dans le monde (50 milliards d’euros) y sont listées. Le «Luxembourg Green Exchange» (LGX), le «Climate Finance» de Luxflag qui est une véritable bourse verte, ou encore le «Climate Finance Accelerator» qui regroupe le gouvernement et huit acteurs privés que sont Arendt & Medernach, Elvinger Hoss Prussen, Innpact, LMDE, Deloitte, KPMG, PwC et EY sont autant de preuves que la synergie entre le public et le privé est possible.
 
 

Lire sur le même sujet: