Economie mondiale : 2018, une année charnière ?

Fin 2017, l’embellie conjoncturelle se poursuit dans les économies développées comme émergentes. L’économie mondiale entre toutefois maintenant dans une phase plus délicate : la Chine doit gérer son endettement ; dans les économies avancées, la décennie d’expansion des bilans des banques centrales touche à sa fin et la visibilité sur la politique économique américaine reste réduite.
 
Une économie mondiale plus dynamique et plus stable
Jamais, depuis la fin de la Grande Récession (2007-2012), l’économie mondiale n’a été aussi dynamique. Portée par le rebond de l’activité dans les pays exportateurs de matières premières, par la croissance toujours élevée des pays émergents d’Asie et par la reprise dans la zone euro, la croissance mondiale a nettement accéléré en 2017 et est en passe d’atteindre 3,6 %, son plus haut niveau depuis six ans. « Certes ce rythme reste nettement inférieur aux 5 % observés au milieu des années 2000, mais entretemps la crise financière a, un peu partout, affaibli les potentiels de croissance », souligne Anton Brender, Chef Économiste chez Candriam. Signe de ce dynamisme retrouvé, le FMI a, sur l’année écoulée, revu à la hausse ses prévisions de croissance.
L’économie mondiale semble en outre aujourd’hui plus stable : la volatilité des rythmes de croissance a nettement diminué, les déséquilibres courants internationaux se sont réduits. Dans les pays développés enfin, le poids de l’endettement du secteur privé s’est stabilisé. L’endettement domestique a, il est vrai, continué de progresser dans les régions émergentes, mais seuls quelques pays – surtout des exportateurs de matières premières – dépendent, pour le financer, de l’épargne du reste du monde. « La Chine est dans une situation différente, souligne Anton Brender. La forte hausse de l’endettement y est le reflet d’une épargne intérieure abondante ». L’accumulation rapide de dettes depuis la crise financière de 2007 n’en pose pas moins un problème pour la stabilité financière. Les autorités chinoises viennent de freiner le crédit aux entreprises ; elles tentent maintenant de ralentir la progression du crédit aux ménages et, en même temps, elles continuent de piloter le rééquilibrage de la croissance en faveur de la consommation.
 
États-Unis : beaucoup d’inconnues subsistent
Après avoir ralenti vers 1,5 % en 2016, la croissance américaine a ré-accéléré et devrait atteindre 2,2 % en 2017, soit son niveau moyen depuis 2010. L’investissement productif en particulier a repris. La relative stabilisation du cours du dollar et une demande mondiale dynamique devraient continuer de soutenir les exportations. La dépense des ménages restera toutefois clé pour la croissance. Depuis la crise, leur situation financière s’est assainie. Surtout, l’économie se rapprochant du plein emploi, les salaires devraient augmenter un peu plus rapidement et permettre au revenu et donc aussi à la consommation de progresser suffisamment.
La principale inconnue – de taille ! – réside dans l’issue des échéances budgétaires à venir : le vote du Budget pour l’année fiscale 2018, le relèvement du plafond de la dette et surtout la réforme fiscale. Les deux projets de réforme émanant respectivement de la Chambre des Représentants et du Sénat viennent d’être approuvés. Il reste à les réconcilier. « Quel que soit le résultat final, une baisse de l’impôt sur les sociétés semble acquise ; elle a toutefois peu de chances de déclencher une reprise soutenue de l’investissement », note Anton Brender. Avec une stimulation budgétaire modérée, la croissance approcherait 2,4 % en 2018. Le marché du travail continuant de se tendre, la Réserve fédérale poursuivra la normalisation de sa politique monétaire.
 
Zone euro : une reprise solide
Dans la zone euro, l’activité a partout gagné en vigueur. La croissance a été essentiellement tirée par la demande intérieure, même si son accélération récente provient aussi d’une amélioration du solde extérieur. Les exportations vont continuer de bénéficier du dynamisme de la demande mondiale. Après une baisse profonde pendant la crise, l’investissement en construction est reparti et l’investissement en équipement est soutenu par l’amélioration des perspectives de demande et l’apparition de tensions sur les capacités de production. La nette amélioration du marché du travail a porté la confiance des ménages à ses niveaux les plus élevés depuis le début des années 2000 et la consommation croît désormais au même rythme qu’avant la crise. « L’activité a donc toutes les raisons de continuer de progresser à un rythme dépassant encore 2 % l’an prochain », indique Florence Pisani, Directeur de la Recherche Economique chez Candriam. Dans ce contexte, la BCE a annoncé un ralentissement du rythme de ses achats d’actifs et a laissé entendre qu’elle ne remonterait ses taux que bien après l’arrêt de sa politique d’assouplissement quantitatif.
 
Communiqué

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