L’expression «illégale» d’une volonté d’indépendance

Lorsque le parlement régional de Catalogne a voté l’organisation d’un référendum d’autodétermination de sa région, il n’a pas laissé aux membres des trois partis de l’opposition la possibilité de s’exprimer. Il a forcé le règlement interne pour faire voter la loi, si bien que la cours constitutionnelle espagnole ne l’a pas validée.
 
Le gouvernement espagnol a alors voulu empêcher la tenue de ce référendum dans une tentative s’étant soldée dans la violence et les images brutales des militants tirés de force hors des bureaux de vote clandestins catalans marquent aujourd’hui les esprits partout dans le monde. L’opinion publique est, de manière compréhensible, révoltée contre les violences perpétrées à l’encontre de la population, mais le caractère illégal et irrecevable de cette action semble se noyer dans l’océan d’images diffusées en masse par les réseaux sociaux.
 
La modification du territoire national est une procédure qui exige l’accord des deux tiers du parlement espagnol, à la suite de quoi un long processus pourra déboucher sur le vote d’un référendum lors duquel toute la population espagnole serait invitée à voter. Si cette démarche était appliquée, les Catalans seraient forcément minoritaires et auraient peu de chance de voir leur volonté d’indépendance aboutir. En revanche, selon les chiffres communiqués par le gouvernement catalan suite au référendum, les résultats favorables à l’indépendance s’élèveraient à 90% des 42% de participation et pourraient laisser penser qu’une majorité de Catalans seraient en faveur de l’autonomie totale si cette possibilité leur était accordée.
 
Entre l’organisation d’un référendum anticonstitutionnel, l’auto-proclamation imminente d’indépendance de la part de la Catalogne, les violences policières dénoncées par le monde entier et les mouvements de grèves qui paralysent la région, le dialogue de sourds qui oppose les séparatistes catalans et le gouvernement espagnol ne semble pas trouver de consensus. Si la Catalogne possède déjà une certaine forme d’autonomie, les questions relatives à la défense, aux relations internationales et à la fiscalité restent des prérogatives nationales et ce seraient ces raisons, soutenues par son identité culturelle forte, qui pousseraient la région à revendiquer son indépendance.
 
D’une part, le gouvernement catalan réclame une médiation de l’Europe et de l’autre le gouvernement espagnol estime qu’il s’agit d’un différend à régler en interne. Certains voient dans cette crise un danger pour l’unité européenne et à l’heure de la rédaction de ces lignes, le parlement européen demande à Barcelone de ne pas déclarer son indépendance. Mais une pensée effrayante semble planer dangereusement sur le Vieux Continent: l’Europe pourrait-elle survivre aux volontés d’indépendance régionalistes qui risqueraient d’émerger à la suite de ce nouveau séisme?
 
Martina Cappuccio

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