La question à l'opposition : Google à Luxembourg, une opportunité?

Réponse déi Lénk
L’implantation envisagée par le gouvernement d’un centre de données Google dans une zone industrielle à Bissen soulève plusieurs questions importantes.
D’une part le gouvernement entend faire avancer la transition énergétique et développer le secteur de l’économie circulaire, mais continue d’autre part d’orienter l’économie du pays dans une direction inverse en attirant des activités hautement consommatrices en énergie et en ressources naturelles (cf. Spacemining).
Avec une consommation d’énergie estimée à 2,48 térawatt-heure par an, le centre de données de Google engloutirait trois fois plus d’électricité que tous les ménages luxembourgeois réunis, et augmenterait d’un coup la consommation d’électricité annuelle du pays de plus de 30%. Le Luxembourg – dont la part renouvelable de l’énergie consommée ne dépasse pas les 6% de la consommation actuelle – risquerait ainsi de rater ses objectifs européens en matière d’efficience énergétique qui imposent une baisse progressive de la consommation énergétique d’ici 2020 respectivement 2030. La transition écologique est ainsi écartée pour attirer un centre de données dédié au stockage et à la commercialisation de données personnelles des utilisateurs des services de Google.
Un autre aspect important dans ce dossier est la disponibilité de terrains d’une superficie de plus de 30 hectares que le gouvernement et les décideurs communaux ont réussi à mobiliser en un temps record. Cette efficacité est surprenante si l’on considère l’immobilisme du gouvernement et de la plupart des communes dans la mise à disposition de terrains pour construire des logements. déi Lénk en tire la conclusion que des terrains sont décidément disponibles, mais qu’il manque tout simplement la volonté politique.
 


 
Réponse CSV-Fractioun
«Google» à Luxembourg, est-ce une opportunité? La première réponse est: oui, évidemment! C’est même, a priori, une chance pour le Luxembourg, son économie, son image. Mais aucun contrat n’est encore signé! Pour le reste, l’implantation de «Google» n’est pas que le mérite de ce gouvernement. Nous rappelons que la stratégie numérique n’est pas une invention de l’actuelle majorité: elle est poursuivie depuis des années par tous les grands partis et, avant tout, par le CSV. C’est bien l’ancien ministre des Communications Jean-Louis Schiltz qui, déjà en 2007, a proclamé «l’ère numérique» au Luxembourg. N’oublions donc pas les vrais pionniers!
La deuxième réponse est plus nuancée: «Google» est une opportunité, mais ce n’est pas la seule. Quand on voit l’énergie que ce gouvernement utilise pour se parer de labels prestigieux du numérique, nous nous demandons: est-ce que les PME reçoivent le même traitement de faveur? Est-ce que la même énergie est utilisée pour fournir des terrains au commerce et à l’artisanat? Notre impression est plutôt que nos PME sont les oubliées d’une politique économique trop unidirectionnelle.
La troisième réponse, enfin, est plus profonde. Il s’agit de la durabilité de l’opération. La vision chrétienne-sociale de l’économie est une approche à long terme, équilibrée, dans le cadre de l’économie sociale et durable de marché. L’effet «bling-bling» ne suffit pas. Il faut que «Google» soit intégrée dans notre tissu économique et dans un nouveau modèle de croissance modérée, acceptée par les citoyens. Il faut que «Google» soit aussi une vraie valeur ajoutée pour l’économie et pour la société luxembourgeoise. Si tout cela est assuré, le CSV sera le premier à applaudir. Nous en sommes encore bien loin…
 


 
Réponse du Groupe politique ADR
Depuis son congrès national de 2015, l’ADR met en question la croissance économique tous azimuts qui est la politique du Luxembourg, depuis longtemps. Notre parti a réouvert un débat essentiel occulté ces dernières années. Nous favorisons une croissance qualitative à haute valeur ajoutée par rapport à une course au PIB engendrant plus de coûts qu’elle ne rapporte de dividendes.
L’installation de nouvelles industries doit être sujette à une analyse approfondie concernant les frais d’investissements primaires (mise à disposition et préparation du site) et secondaires (coûts environnementaux, transport public, nuisances aux habitants, consommation de ressources, risques …) comparés aux retombées escomptées (emploi, revenu fiscal entreprise/salariat, prestige de l’installation). Au niveau de l’emploi, il faut tenir compte des trajets engendrés selon la résidence des employés potentiels et surtout du potentiel d’emploi pour les chômeurs inscrits au Luxembourg. Présentation sommaire de l’analyse nécessaire à affiner.
Le projet Google reste nébuleux malgré une question parlementaire de Gast Gibéryen restée sans réponse depuis plus de deux mois: Si on peut espérer qu’un salarié qualifié avec des revenus supérieurs au salaire minimum y trouvera sa place, il est douteux que le stockage de données engendre des bénéfices sujets à la fiscalité luxembourgeoise. En revanche l’investissement luxembourgeois (surface construite en zone verte, utilisation de terrain agricole, infrastructures, besoin en ressources, bilan énergétique, mobilité …) est très lourd. Sans vouloir anticiper une telle étude, le projet pourrait être déficitaire pour le pays. S’y ajoute l’activité propre à Google, dont la notoriété n’est pas à faire mais dont le commerce de données privées de ses utilisateurs est de plus en plus contesté. Quelles conséquences pour l’image de marque luxembourgeoise? Quelles conséquences sur l’évolution des prix de terrains enfin, quand l’Etat se met à payer des prés à prix d’or?
 

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