Vers un nouveau modèle de mobilité

La question n’est plus de savoir si l’électromobilité connaîtra une généralisation au Luxembourg, mais plutôt quand et Sales-Lentz l’a bien compris. Souhaitant être au cœur de ce développement, l’entreprise est un des moteurs de l’établissement d’un nouveau modèle de mobilité, plus respectueux de l’environnement et moins individualiste, et qui conviendrait à tous. Explications avec Wolfgang Schroeder, directeur général de Sales-Lentz.
 
Quelle place l’électromobilité urbaine et citoyenne occupe-t-elle au Luxembourg?
Les avantages de l’électromobilité urbaine et citoyenne sont multiples. Tout d’abord, elle permet de protéger l’environnement en ne rejetant aucune émission nocive dans l’air. Mais le plus grand avantage de ces bus est qu’ils ne produisent aucun bruit car l’absence de nuisance sonore se fait immédiatement ressentir dans un centre urbain.
Que ce soit le 100% électrique, l’hybride électrique ou l’hybride, Sales-Lentz a recours à chacun de ces moyens de transport en fonction des distances devant être parcourues. Nous voudrions également passer à l’électrique pour les plus petits véhicules de huit places, comme le Flexibus, mais malheureusement deux soucis pratiques se mettent encore au travers de notre route: si nous mettons en service un Flexibus 100% électrique dans une ville, il faudra qu’il se recharge pendant le temps de midi et aucun service ne sera alors disponible à ce moment. De plus, le poids de ces véhicules doit être limité à 3,5 tonnes, notamment pour des raisons de permis de conduire, or les batteries électriques sont trop lourdes et font sensiblement augmenter le poids des véhicules.
On ne peut pas comparer l’électromobilité à un transport en bus classique car celle-ci requiert une infrastructure et une logistique bien plus importantes et compliquées à mettre en place, sans lesquelles les bus ne peuvent pas rouler.
Nous pouvons mettre en place ce système dans un petit rayon d’action avec peu de véhicules, mais pour établir un réseau d’électromobilité sur tout le territoire, alors différents acteurs vont être amenés à collaborer: le constructeur, l’opérateur, le gouvernement, le fournisseur d’électricité, les gestionnaires d’infrastructures et même les particuliers devront se coordonner pour pouvoir assurer la mise en place d’un tel projet à échelle nationale. Mais selon nous, il faudrait d’abord opérer des changements au niveau communal et changer l’approche de la mobilité dans les mentalités.
 
Quels sont les premiers retours d’expérience pour les Diffbus?
Differdange est la ville pionnière quant à la mise en place d’un transport 100% électrique et pour les dix prochaines années, nous nous sommes engagés à fournir ce service à la ville. Le lancement de cette initiative est récent et pourtant nous avons déjà des retours très positifs sur celle-ci. Volvo a effectué des analyses sur le terrain et il en est ressorti que cela était une des meilleures applications au monde et que le comportement de nos chauffeurs dans le maniement de ces nouveaux véhicules était exemplaire et nous en sommes très fiers!
La commune et les utilisateurs sont également très satisfaits de ce nouveau service, d’autant plus qu’une quatrième ligne a été mise en place à cette occasion. Ils apprécient particulièrement la réduction de la pollution sonore en ville. De plus, ces bus sont plus grands, ils fournissent un accès au wifi et proposent des prises USB pour la recharge de différents appareils.
 
Quelle est la tendance dans les autres communes?
Les autres communes semblent également vouloir se tourner vers des transports plus durables mais elles sont dépendantes de l’offre de transport qu’elles possèdent. La plupart des villes luxembourgeoises sont desservies par le réseau RGTR et leurs véhicules sont électro-hybrides. Il est très rare qu’une ville possède son propre réseau de transports en commun; on note par exemple les bus électro-hybrides de Luxembourg-Ville, le réseau de bus fonctionnant au gaz de la ville d’Esch et puis ensuite il y a Differdange avec qui nous nous sommes lancés dans les bus 100% électriques.
Dans le sud du pays la plupart des grandes villes sont connectées au réseau TICE. Dans le Nord, Echternach et Ettelbruck possèdent par exemple leur propre réseau et commencent également à se tourner vers l’électrique.
Le résultat des élections communales d’octobre pourrait toutefois avoir un impact positif sur le développement de l’électromobilité et nous sommes préparés à nous lancer sur ce marché pour étendre notre offre en matière d’électromobilité. En effet, nous avons beaucoup investi dans nos infrastructures, chez Sales-Lentz, notamment pour permettre la recharge des bus pendant la nuit.
 
Quelles sont les transformations que Sales-Lentz voudrait encore mettre en place d’ici fin 2017?
Un changement de mentalité est encore à opérer chez les utilisateurs pour tendre vers la multimodalité. C’est pourquoi nous sensibilisons les plus jeunes aux transports en commun. En effet, avec notre offre de transport scolaire, nous tentons de donner aux jeunes usagers une première expérience réussie de transport en commun pour qu’à l’avenir ils se tournent à nouveau vers ce type de transport pour leurs trajets privés. Nous avons également un programme d’école de bus qui éduque plus de 1.500 écoliers par an au transport en commun en leur expliquant comment se comporter à l’arrêt de bus et à l’intérieur du véhicule.
En interne, nous opérons également de grands changements en nous tournant vers la digitalisation. Nos processus de commandes, nos offres Flexibus et bien d’autres processus vont être digitalisés, ce qui nous permettra d’être encore plus réactifs.
Par ailleurs, nous travaillons actuellement sur la finalisation d’un projet de véhicules autonomes. Nous avons commandé un véhicule de ce type et nous sommes à la recherche du terrain idéal pour son implémentation car il n’est autorisé à circuler que dans un circuit fermé et ne peut pas entrer en interaction avec la circulation urbaine. En effet, ces bus roulent à une vitesse de 25 km/h et ne peuvent pas se déporter d’une bande à l’autre de manière suffisamment anticipée. Nous recherchons donc une usine ou un site privé ou professionnel qui pourrait accueillir ce premier véhicule d’ici la fin de l’année.
Ces bus électriques ont l’avantage de ne pas devoir être dirigés par un conducteur; un accompagnateur est toutefois présent à bord du véhicule. Dans ce domaine, de nouvelles évolutions apparaissent tous les mois, nous pensons donc que ces véhicules pourront être intégrés au trafic urbain dans un futur relativement proche.
Pour cette nouvelle technologie, nous nous tournons vers de nouveaux constructeurs et aussi vers le monde des startups faisant appel à des programmeurs plutôt qu’à des mécaniciens, comme la société française Navya, par exemple. De manière générale nous allons nous tourner vers d’autres constructeurs pour tester différents véhicules dans le domaine de l’électromobilité afin de comparer les services qu’ils offrent, rester à la pointe de la technologie et donner une chance à chacun d’entre eux. Le problème principal rencontré par les constructeurs est l’autonomie des batteries, lorsque ce point sera réglé, il n’y aura plus aucun obstacle à l’électromobilité.
Aujourd’hui le Luxembourg est le pays qui possède la plus grande densité de véhicules hybrides dans le service public et nous le devons entre-autres à notre partenaire, le ministère du Développement durable et des Infrastructures. En tant qu’opérateur nous pouvons proposer des évolutions et nous faisons nos propres investissements en assumant les risques. Le gouvernement a toutefois apporté son soutien en ayant le courage d’envisager la mobilité sous un nouvel angle, et ce, sur la totalité du territoire.
 

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