La parole à l'opposition

À l’occasion de la fête nationale, quel regard amoureux peut-on porter sur le Grand-Duché?
 
 
 
D’Leit staark maachen!
 
Le Luxembourg est une réalité née d’une évolution historique à la pérennité de laquelle les classes possédantes ne croyaient pas au début, penchant vers le rattachement à la Belgique.
Nier le sentiment d’appartenance à une communauté de destin au sein d’un espace politique déterminé – ou au contraire le sentiment de rejet de cette appartenance – serait cependant une erreur.
La commune est un tel espace, la région aussi, regardez par exemple le fort sentiment d’appartenance des «Minettsdäpp» entre eux. L’Union européenne est un tel espace grandissant, même si le sentiment de rejet grandit aussi à mesure qu’on n’y voit plus (à tort d’ailleurs) aucun intérêt  personnel.
Voilà pourquoi il s’agit d’accaparer l’espace politique et le pouvoir réel à chaque niveau par la communauté qui le compose.
C’est sur cela que se base le slogan «d’Leit staark maachen» de déi Lénk. Il s’agit de donner le pouvoir aux gens.
Comment saurais-je porter un regard amoureux sur le «Grand-Duché» s’il représente les intérêts de la nouvelle classe des actionnaires et des «investisseurs», responsables de tant de malheurs globaux comme celui des réfugiés?
Les gens de gauche ont toujours refusé cette identification avec la classe dominante et les moyens symboliques et réels par lesquels ce pouvoir s’exerce.
Et pourtant c’étaient eux qui se mouillaient la chemise et la blouse, parfois de sang, pour défendre le droit des gens à vivre dignement, notamment pendant la dernière guerre mondiale et dans les usines, et aujourd’hui encore dans les syndicats et associations. C’est ce Luxembourg populaire que j’aime, et il n’a rien à voir avec la carte d’identité.
 
Réponse déi Lénk
 

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L’amour des autres… et de soi-même aussi
 
L’amour du Grand-Duché, c’est d’abord l’amour des hommes et des femmes qui vivent au Luxembourg, l’amour des gens qui font notre petite nation. C’est aussi l’amour de cette «communauté de communautés» qu’est notre nation selon la définition de Jacques Maritain. C’est l’amour de la vaste société intermédiaire de nos associations. C’est l’amour de la beauté intérieure et extérieure de notre pays, de ses villes et villages, de ses champs et de son industrie. C’est l’amour de nos chansons, de nos poèmes, de nos artistes, de notre culture rurale et kaléidoscopique. C’est l’amour de notre esprit à la fois cosmopolite, européen et terre à terre. C’est l’amour de notre histoire plus que millénaire. C’est l’amour de nos parents. C’est l’amour de notre présent que nous aimons cueillir. C’est l’amour de l’avenir de nos enfants. C’est l’amour de cette «Fräiheetssonn» que nous célébrons dans «Ons Heemecht». C’est l’amour social du partage. C’est l’amour du travail bien fait. Sans oublier l’amour de la fête: une petite visite de la «Eemaischen» un lundi de Pâques, un petit Elbling en été le long de la Moselle, une visite de la «Schueberfouer» en automne, une bière dans les Ardennes enneigées à Noël.  Sans oublier l’amour d’un sens de l’humour assez spécial. Mais aussi l’amour d’un vouloir vivre ensemble qui transcende les clivages sociaux.
Mais ce que l’amour du Grand-Duché de Luxembourg n’est certainement pas, c’est la haine des autres, la haine de l’Europe, la haine du monde! Bref, notre fête nationale est avant tout une grande fête de l’amour de la vie. Notre vie à nous. Et celle des autres aussi. Car l’on ne peut pas aimer les autres sans s’aimer soi-même. Et vice versa…
 
Réponse CSV-Fractioun
 

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Regard amoureux sur le Grand-Duché
 
L’obstination du pays à exister entre ses deux voisins écrasants et son esprit d’ouverture marquent le Grand-Duché plus que tout.
C’est l’esprit d’ouverture qui se retrouve dans les sondages internationaux qui disent presque unanimement qu’il fait bon vivre au Luxembourg. Ainsi, cette ouverture ne se mesure pas au refus – logique –  du droit de vote des étrangers aux élections nationales mais à l’accueil fait aux étrangers depuis le XIXe siècle et à leur intégration dans la communauté nationale.
L’obstination à exister en tant que pays est antérieure à la création de l’Etat luxembourgeois. La longue transition d’une agglomération de places fortes à un pays avec sa capitale fortifiée, puis à un État ouvert sur le monde s’est faite contre la volonté de grandes puissances. C’est grâce à son pragmatisme et à son sens de l’esquive que le Luxembourg s’est préservé, saisissant toutes les chances qui s’offraient à lui et toutes les alliances, politiques, économiques et culturelles. La tourmente militaire passée, ces chances étaient surtout économiques.
C’est avec grand pragmatisme que le Luxembourg a conquis sa place actuelle, évoluant d’un territoire agraire à une place forte du tertiaire en passant par le stade d’une puissance industrielle, septième producteur mondial d’acier dans les années 1960. Pragmatisme et obstination ont créé un destin étatique très singulier sinon unique. Mais le voyage de la pauvreté absolue à une richesse toute relative n’a jamais été un conte de fée idyllique et il faudra plus d’obstination pour vaincre les défis actuels.
Bien sûr, une déclaration d’amour à un pays reste infiniment personnelle et ne saurait être la réponse de tout un parti politique. Celle-ci du moins n’offusquera personne.
 
 
Réponse du Groupe politique ADR

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