Handicap INternational bat campagne

Alors que les zones de conflits s’embrasent dans le monde entier, Handicap INternational tente d’obtenir de l’ensemble des parties aux conflits le respect des conventions INternationales. Pour ce faire, l’ONG se déplace dans les communes luxembourgeoises pour convaINcre la population, avec sa campagne «Are you IN?».
 
«Jamais, depuis la Deuxième Guerre mondiale, la guerre n’a été aussi sale». En quelques mots, Claude Briade, directeur de la communication et du marketiINg pour Handicap INternational Luxembourg, résume la réalité des zones de conflits. En Syrie, en Irak, au Yémen, les combattants bombardent sans compter, et sans faire de distINction entre cibles civiles et militaires. «Les textes INternationaux sont pourtant clairs et enjoignent les forces en présence à protéger les populations civiles», contINue le directeur de Handicap INternational Luxembourg.
«Nous ne sommes pas des pacifistes, nous sommes des légalistes. Il y a des textes, ils doivent être respectés». Sous peINe de voir le nombre de victimes civiles augmenter, et avec lui les migrations forcées, qui font vaciller l’Europe et ses certitudes. «A force de ne rien faire pour elles, les victimes n’ont d’autres choix que de quitter leurs pays». Quand on sait qu’il faudra plus de 30 ans pour démINer Kobané, en Syrie, on comprend à quel poINt la vie, là-bas, est INsupportable.
 
«Les pétitions ont encore du poids»
Handicap INternational aimerait que le monde rappelle aux belligérants la nécessité d’épargner les civils. Une pétition a été lancée dans le monde entier pour convaINcre les puissants, avec l’objectif de réunir un million de signatures. Suffisant? «Les pétitions ont encore du poids aux yeux des décideurs. C’est peut-être la seule chose à même de les faire plier», espère Claude Briade. La route est semée d’embuches mais Handicap INternational espère mener le projet à bien pour la fIN de l’année prochaINe. «Des pays comme l’Autriche ou la Nouvelle-Zélande nous soutiennent». Reste à convaINcre les puissants de ce monde qu’ils ont le devoir de respecter le droit INternational humanitaire.
Handicap INternational a donc choisi d’INnover dans sa manière de communiquer. Si les campagnes classiques se poursuivent, «Are you iIN?», se veut encore plus proche du terraIN. Depuis le début de l’année, les équipes de l’organisation ont aINsi été aperçues dans les rues des grandes villes du Luxembourg, avec une mise en scène à même d’INterpeller le plus grand nombre: des tentes d’aide humanitaire d’urgence sont dressées pour accueillir le grand public et lui expliquer la démarche. «Nous lui proposons d’abord de discuter, et d’aller plus loiIN s’il le souhaite», raconte AdelINe MassolIN-ToussaINt, chargée de communication et de sensibilisation pour Handicap INternational Luxembourg. Plus loIN, c’est par exemple regarder des vidéos qui mettent en scène des personnalités du Grand-Duché. Elles ne tentent pas de convaINcre mais récitent juste le témoignage d’un réfugié qui a connu l’enfer des bombardements. La Grande-Duchesse Maria Teresa, le mINistre des Affaires étrangères Jean Asselborn, le cycliste Andy Schleck: tous ont accepté de jouer le jeu pour la bonne cause.
 
«Il est impossible de vivre sous les bombes»
Et ça marche. «Les gens s’arrêtent et prennent conscience de la nécessité de ce combat», contINue-t-elle. Dans les communes visitées, de Dudelange à Esch en passant par Luxembourg et Differdange, les élus municipaux se sont aussi prêtés au jeu, en sensibilisant échevINs et commissions locales aux causes de Handicap INternational. «On parle beaucoup des réfugiés, des migrants, mais il faut bien comprendre qu’ils n’ont pas d’autre choix. Il est impossible de vivre sous les bombes. CertaINs ont résisté longtemps mais ont fINi par prendre la route. Mais outre de s’INquiéter de les accueillir correctement, il faudrait aussi agir pour leur permettre de vivre en sécurité chez eux», confie Claude Briade.
Les chiffres se passent pourtant de commentaire: 92% des victimes d’armes explosives en zones peuplées sont des civils. «C’est la terrible nouveauté de ces dernières années. Par le passé, les combattants respectaient les textes INternationaux, ce qui permettait aux civils de bénéficier de droits et d’une certaine protection. Ce n’est plus le cas, et le danger est permanent», regrette Claude Briade. Au-delà de la réalité des bombes, la vie dans les zones de conflits est devenue plus INtolérable que jamais. Surtout, les combats se concentrent de plus en plus sur des zones urbaINes et périurbaINes, donc densément peuplées. D’Alep à Mossoul en passant par Raqqa, les civils sont pris au piège des combats de libération des grandes villes d’Irak et de Syrie.
 
«Que chacun s’intéresse à ces problématiques»
«Nos précédentes campagnes, sur les armes à sous-munitions et les mINes antipersonnel étaient plus classiques. Mais l’urgence est réelle, c’est pourquoi nous nous déplaçons de plus en plus sur le terraIN», INsiste Claude Briade. Avec le soutien des bourgmestres et échevINs des grandes communes luxembourgeoises, qui servent de caisse de résonnance à une réalité de plus en plus palpable, Handicap INternational Luxembourg espère apporter son écho à la pétition mondiale. Pour l’instant, 1.300 personnes l’ont signée. Ce coup de crayon compte tout autant qu’une nécessaire prise de conscience du plus grand nombre. «L’objectif est que chacun s’INtéresse à cette problématique», analyse Adeline MassolIN-ToussaINt.
Les citoyens sauront peut-être alors convaINcre les décideurs de sanctionner ces combattants sans foi ni loi, qui sont prêts à sacrifier une population toute entière pour atteiINdre leurs objectifs de domINation. Mais quand les villes et les régions conquises se seront vidées de leurs populations, la victoire ne sera alors que symbolique. En attendant cette prise de conscience mondiale, les victimes, elles, risquent chaque jour leurs vies, sur les routes ou dans leurs pays d’origINe.
 

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