La fabrique de compétences
Ancrée dans le paysage formatif grand-ducal grâce à un véritable tissu de partenariats qu’elle a su mettre en place, la House of Training surveille les évolutions et bouleversements économiques pour proposer une offre en formation professionnelle continue qui se marie aux tendances du marché. Interview de Nico Binsfeld, CEO de cet organe créé par la Chambre de Commerce et l’ABBL.
Définissez la House of Training en quelques mots…
Notre organisme est né en 2015 de la fusion de deux entités, à savoir l’IFBL (Institut de formation bancaire, Luxembourg) et la LSC (Luxembourg School for Commerce). Résultat, la House of Training est l’organisme de formation professionnelle continue du patronat. Le Luxembourg n’a plus les avantages réglementaires du passé et dispose de peu de ressources naturelles: notre compétitivité se retrouve donc dans nos expertises. Notre mission est de développer les compétences dont les entreprises – surtout celles affiliées à la Chambre de Commerce et à l’ABBL – ont besoin.
Pour atteindre cet objectif, nous cherchons à structurer l’offre de formation grand-ducale afin que les individus trouvent tout ce qu’ils cherchent auprès d’un seul interlocuteur. En tant que fondation, nous n’avons pas de vocation commerciale. Nous sommes juste animés par la volonté de servir l’économie du pays en offrant un catalogue qui se marie aux tendances qui évoluent si vite…
Vu ces mutations économiques rapides, comment faites-vous pour éviter de proposer des formations obsolètes?
Notre équipe de 35 collaborateurs travaille dynamiquement car nous devons sans cesse analyser les besoins du marché pour y répondre au mieux. En parallèle, nous fonctionnons avec une cinquantaine de partenaires spécialisés. Grâce à eux, nous sommes avertis des manques en compétence dans tous les secteurs: ils identifient les besoins en formation et nous nous occupons de les concrétiser.
Quelques exemples: energieagence nous a indiqué qu’il était nécessaire de travailler en efficacité énergétique; Security Made in Lëtzebuerg nous expose le besoin de sensibiliser les entrepreneurs à la cybersécurité; l’OAI nous fait part des demandes en modélisation numérique; Horesca étudie les besoins de formation pour les cafetiers; et encore tant d’autres! Nous agissons constamment en relation avec cet écosystème d’institutions, organismes et écoles. Cette méthode nous permet de fédérer les attentes du terrain et de les convertir en offre lifelong learning. Dans une simplification extrême, la House of Training est une machine à fabriquer les formations. Une fois le besoin identifié, nous gérons tous les aspects logistiques: le suivi administratif, le support de cours, l’enseignant, la réservation des salles,… Notre capacité à mettre rapidement un nouveau cours sur pied et notre flexibilité: voilà nos atouts! La preuve de notre vivacité d’adaptation est que sur les 650 sessions de formation aujourd’hui en ligne sur notre site, 120 sont des nouveautés de 2017.
Au final, notre catalogue présente près de 800 modules de formation, un nombre qui évolue en fonction des demandes. De plus, nous organisons des variantes sur-mesure pour les entreprises qui le souhaitent, 100% adaptées à leurs besoins et en leurs locaux.
Bien entendu, les tendances que nous identifions ne sont pas uniquement utiles en formation professionnelle continue. La House of Training est en collaboration étroite avec l’ISEC ou Institut Supérieur de l’Economie-Hochschule der Wirtschaft de la Chambre de Commerce et la Chambre des Métiers. Nous souhaitons participer à quelques-uns de leur Bachelor et Master. Nous avons un certain know-how et eux un grand savoir académique: pourquoi ne pas en bénéficier mutuellement?
A quels domaines principaux ont-elles trait?
Le volet financier, légué par l’IFBL, est très élaboré avec des secteurs comme Assurances, Banques & Finance, Fonds d’investissement et Digital Banking & FinTech Innovation. Nous avons développé cette dernière branche récemment, sous l’impulsion des nouveautés qui bouleversent le monde financier. Les autres domaines, plutôt hérités de la LSC, sont relatifs aux sociétés avec des classes telles que Entrepreneuriat & Gestion d’entreprise, Capital humain, Comptabilité, Droit, Fiscalité,… Au total, nous couvrons 18 domaines différents.
Quelles sont les tendances pour l’avenir?
Au niveau bancaire, c’est bien entendu la FinTech qui occupera le devant de la scène. Mais le cadre réglementaire ne doit pas être omis: d’une part, c’est une thématique qui évolue très vite; d’autre part, les besoins croîtront sans doute avec le Brexit. En effet, la Place espère attirer des activités depuis Londres et, pour cela, il faudra offrir des formations adaptées aux personnes en provenance du Royaume-Uni qui ne connaissent pas nos règlementations. Les accompagner sera une priorité.
Le Digital Marketing est un autre domaine sur lequel nous nous concentrons. Nous avons dernièrement conçu un ensemble de formations à destination des PME car les entrepreneurs ne voient pas toujours en quoi la communication digitale les concerne. J’y suis moi-même inscrit car la House of Training ne doit pas rater ce palier! Grâce à ces formations, des entrepreneurs et CEO, tellement pris dans leur quotidien de terrain, ne seront pas dépassés par les nouvelles technologies, éviteront que leurs concurrents ne les distancent grâce à des moyens qu’ils n’auraient pas vu venir et obtiendront de nouvelles opportunités en communiquant professionnellement sur le web.
Dans la même lignée, nous travaillons beaucoup sur la cybersécurité. Combien de petites sociétés ont-elles un firewall jamais mis à jour, les mêmes mots pas passe depuis une décennie, et bien trop peu de sauvegardes? Le risque de perte est important et l’éducation à ce sujet devient indispensable.
Et puis notre catalogue s’étoffera probablement avec les thèmes soulevés par l’étude Troisième Révolution Industrielle de Jeremy Rifkin. Le projet du Space Mining nous donnera aussi une impulsion pour générer certaines activités. Nous proposons d’ailleurs déjà un nouveau module sur les satellites, à l’état de test pour cet été, nous verrons si le public y répond présent.
Dans une autre optique, nous sommes également actifs en matière de développement des compétences pédagogiques et d’évolution des moyens liés. D’abord, notre module Train the trainer est un levier en matière de qualité de formation au Grand-Duché, pour la House of Training mais aussi pour les innombrables autres organes de formation du pays. Ensuite, nous souhaitons nous concentrer sur l’évolution des moyens pédagogiques, sur l’e-learning en particulier. Optimiser le temps passé en classe en préparant les leçons avec des moyens numériques est l’avenir de la formation, mais c’est un avenir difficile à financer à l’heure actuelle. Nous espérons pouvoir lancer un projet pilote cette année et nous sommes en contact avec d’autres entités de formation qui partagent notre volonté. Nous pourrions bientôt lancer ensemble une plateforme e-learning spécifique au Luxembourg, c’est un projet à suivre…
A qui sont destinées vos activités?
Ce sont avant tout les sociétés présentes au Grand-Duché qui inscrivent des participants. Mais nos formations sont ouvertes à chacun, accessibles souvent via une simple inscription en ligne. En effet, le lifelong learning est essentiel pour tous, que l’on provienne d’une grande entreprise ou d’une PME! La majorité des formations est en français mais nous en proposons de plus en plus en anglais, allemand ou luxembourgeois.