L’entreprise familiale synonyme d’engagement social

En 1911, Octave Reckinger fonde une quincaillerie qui se développe dans les secteurs du chauffage et du sanitaire. L’entreprise familiale est ensuite dirigée par Alfred dans l’entre-deux-guerres, puis par les frères Paul et François en 1973 qui étendent les activités jusqu’aux grands bâtiments. La quatrième génération connaît alors tout le poids de l’héritage familial et de cette position d’un des leaders sur le marché luxembourgeois qu’il s’agit de consolider. De 70 employés lorsqu’il en prend les rênes en 1997 à quelques 260 aujourd’hui, le directeur Michel Reckinger revient sur la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise.
 
Révolution, transition ou continuité; comment une entreprise centenaire se lance dans la RSE?
La société s’y est concrètement engagée depuis un peu plus d’un an mais elle est une entreprise familiale depuis toujours. En tant que dirigeant, je suis particulièrement attaché à la notion «familiale» et c’est cet esprit qui définit la relation que j’entretiens avec mes employés.
L’entreprise se sent responsable de ceux qui l’animent au quotidien; avec leurs familles ils font vivre commerces, associations culturelles et clubs sportifs. L’entreprise est dès lors consciente qu’elle s’inscrit dans la société et je pense que c’est l’un des critères qui différencie les PME des grandes multinationales. Sans vouloir faire d’anachronisme, je pense que le terme de RSE est une appellation moderne pour qualifier une mentalité qui nous habite depuis plus d’un siècle.
 
Reckinger compte néanmoins 260 employés; n’est-ce pas difficilement transposable?
Préserver l’esprit d’une entreprise familiale avec autant d’employés est possible du moment où la communication est assurée. Bien évidemment les outils communicationnels ne peuvent pas être les mêmes que lorsque nous étions encore 70. C’est pourquoi nous devons mettre en place les moyens adéquats qui non seulement transmettent nos messages à nos employés mais permettent également de faire remonter leurs avis.
 
Quels sont ces nouveaux outils?
Nous avons travaillé en profondeur sur différents sujets. Pour ce qui est de la communication par exemple, nous venons de publier la première édition de notre «Reckinger Mag» qui sera distribué deux fois par an. Nous sommes par ailleurs en train de mettre en place un Intranet à destination unique des employés de l’entreprise. Ces deux actions bien qu’essentielles dans la circulation de l’information et de la parole entre nos différents collaborateurs n’auraient pas été suffisantes sans un renouvellement profond de l’organigramme. Nous avons abandonné la rigidité d’une structure traditionnelle et verticale pour un organigramme plus clair, qui consolide l’entreprise et facilite l’échange. Nous utilisons pour cela un code couleurs qui différencie les services et montre les liens qui les régissent.
 
Ces efforts pourraient-ils être récompensés par une labélisation?
Nous sommes en effet sur la liste de l’INDR pour l’acquisition du label RSE mais nous le considérons néanmoins comme une étape de notre plan d’actions. Je prends pour exemple la convention que nous venons de signer avec Médecins Sans Frontières pour qui nous allons payer 1% de toutes leurs installations de rénovations clé en main; ce qui représente un budget annuel de presque 50.000 euros. Nous communiquerons sur nos actions communes et sensibiliserons non seulement nos employés, mais aussi nos fournisseurs et nos clients. Nous donnerons également la possibilité à nos employés de prendre un congé sans solde avec la garantie d’une réinsertion pour qu’ils puissent se rendre sur le terrain pour le compte de MSF.
 
Un mot sur vos chantiers actuels…
De l’installation de sanitaires dans une maison unifamiliale à l’équipement d’un grand bâtiment, nous œuvrons sur des chantiers de toutes les tailles, qu’ils soient neufs ou anciens. Ainsi, d’une fuite d’eau chez un particulier aux problèmes techniques d’un immeuble administratif, notre service après-vente est à même de répondre efficacement à tous les types de demandes.
Nous travaillons actuellement beaucoup à Belval où nous sommes en train de finaliser l’immeuble Jazz (96 appartements et 4.700 m2 de bureaux et commerces). Nous serons également en charge du nouveau LTPS d’Ettelbruck (Lycée Technique pour Professions de Santé) qui sera le premier bâtiment minergie plus à Luxembourg. Cette norme suisse assure que le bâtiment consomme moins d’énergie qu’il n’en produit mais elle certifie également la provenance du matériel dans une optique de favoriser l’économie circulaire. L’emprunte carbone est ainsi bien moindre qu’un bâtiment classique. Enfin, nous réalisons à Kockelscheuer l’un des premiers bâtiments industriels triple A au Luxembourg qui sera climatisé par des forages géothermiques.
 
Comment voyez-vous l’avenir de votre société?
Nous sommes spécialisés dans toutes les techniques du bâtiment et devons donc constamment nous adapter aux nouvelles évolutions. La digitalisation, les normes environnementales ainsi que les changements énergétiques se font désormais à court et à moyen terme. D’autant plus que cette tendance est appuyée par des politiques gouvernementales qui tendent à sortir des énergies fossiles. D’ici 30 ans par exemple, il n’y aura presque plus de chauffage au gaz, les bâtiments consommeront toujours moins mais seront de plus en plus équipés en technicités. Nous avons donc besoin de compétences qui répondent à toujours plus de complexité. D’où notre responsabilité d’offrir à nos employés, la possibilité de se former tout le long de leur carrière.

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