Un poids-lourd du transport ferroviaire

Le containeur est une invention des années soixante dont la croissance va crescendo.  Explications croisées d’Alain Rysman, directeur général du Terminal Container d’Athus et de Charles-Alexandre Thomaszkiewicz, directeur opérationnel qui assure et gère les opérations de manutention, d’empotage, de réparation et de stockage des containeurs.
 
Comment peut-on définir le Terminal Container d’Athus?
AR: L’entreprise a été créée en 1979 et s’est spécialisée dans le transport des containeurs maritimes via la combinaison rail-route. À mon arrivée il y a quatre ans, j’y ai découvert un bilan sain, une fiabilité reconnue et des équipes performantes; c’était néanmoins le moment de faire des choix stratégiques. Il a fallu consolider notre activité principale tout en se diversifiant. Le défi était de rester compétitif face à un concurrent routier dont les prix baissent continuellement.
C-A T: L’entreprise se définit par le transport de marchandises entre la Mer du Nord, qui est une véritable porte d’entrée européenne sur le monde et la Grande Région. Nous assurons le transport des containeurs en train, depuis le Port d’Anvers jusqu’à Athus. Ensuite, ce sont les camions qui se chargent des livraisons aux différents destinataires. Nous ramenons les containeurs vides à Athus et nous les conditionnons aux prochaines cargaisons (nettoyage, réparations éventuelles, préparations aux transports spécifiques). Puis ils repartent chargés jusqu’au pied du porte-containeurs au Port d’Anvers. De plus, nous assurons leur traction avec notre propre locomotive entre le terminal et la gare d’Athus.
 
Quelles sont vos spécialisations?
AR: Depuis quatre ans, nous mettons tout en œuvre afin de faire aboutir nos projets dans le but de renforcer la bonne santé du terminal qui passe inéluctablement par l’élargissement de notre champ d’actions.
Nous prenons en charge les derniers kilomètres qui séparent les containeurs maritimes de leurs destinataires mais souhaitons aller encore plus loin. C’est pourquoi nous avons développé un projet de connexion vers le sud qui va nous permettre de desservir des zones industrielles et des ports français. Cela permettra aussi de créer des connections et donc des synergies avec des entreprises plus lointaines. Il suffit pour cela de tirer un kilomètre de rail afin de nous connecter au réseau français et les travaux devraient commencer prochainement.
C-A T: Soixante pour cent de nos clients sont des compagnies maritimes pour lesquelles nous assurons les derniers kilomètres, trente sont des transitaires ou des organisateurs de transports et les cinq derniers pourcent sont des industriels.
Cela fait quatre ans que nous nous spécialisons dans l’empotage (mise en containeur). Nous ne faisons que peu de palettes car nos clients peuvent les charger eux-mêmes mais prenons en charge des marchandises complexes comme les poutrelles par exemple. Nos 18.000 m2 de halles, dont 3.800 sous un pont roulant de 32 tonnes nous permettent de manutentionner les marchandises les plus lourdes et les plus encombrantes et puisque nous avons des accords de stockage avec les seize plus grandes compagnies maritimes mondiales, nous devenons un centre de distribution presque incontournable en Grande Région.
Je prends pour exemple le bois régional qui s’exporte bien et notamment vers la Chine pour y construire des meubles. Les grumes de bois nécessitent un traitement phytosanitaire afin d’éviter l’importation de vers ou de maladies. Nous sommes un centre agréé et donc autorisé à réaliser ce traitement.
 
Le centre de logistique de Bettembourg est plutôt un concurrent ou un partenaire?
AR: Nous nous connaissons bien et nous travaillons ensemble. Il n’y a pas vraiment de concurrence dans le sens où nous nous sommes développés sur le maritime et eux sur le ferroutage mais nous avons tout intérêt à trouver des coopérations pour accentuer les synergies.
C-A T: Nous ne faisons que du containeurs et peu de transports intracontinentaux, eux font l’inverse. Nous avons des atouts qu’ils n’ont pas et vice versa, nous sommes donc plutôt complémentaires. Notre véritable concurrent, c’est le camion mais l’un de nos atouts majeurs est que nous disposons d’un dépôt de containeurs vides pour les compagnies maritimes ici à Athus.
 
Vous êtes donc confiant pour l’avenir du fret ferroviaire?
AR: Je pense en effet que le fret ferroviaire jouera un rôle de plus en plus important à l’avenir et notamment pour le transport à longues distances. Les camions s’occuperont davantage de la desserte locale. Depuis mon arrivée il y a quatre ans, nous sommes passés de 34 à 45 employés et constatons régulièrement l’intérêt croissant pour la multi modalité.

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