Sentinelle au visage humain

Figure éminente du secteur de l’audit, Jean-Jacques Soisson apporte son éclairage sur les évolutions du domaine au Luxembourg et sur les qualités à cultiver pour être un bon réviseur. Flexibilité, proximité, indépendance: des traits que l’on retrouve comme valeurs du cabinet C-CLERC.
Vous êtes un roc dans le secteur de l’audit, pouvez-vous nous retracer votre parcours?
Je suis probablement l’un des plus anciens réviseurs d’entreprises du pays. J’ai commencé ma carrière en 1972, alors que le domaine n’avait pas encore de forme légale. Il a fallu attendre 1984 pour voir émerger une règlementation et naître l’Institut des Réviseurs d’Entreprises. J’ai longtemps siégé au Conseil de cette institution. J’en ai été le secrétaire durant neuf ans et j’ai fait partie du jury de l’examen d’aptitude professionnelle des jeunes réviseurs.
A mes débuts, j’ai travaillé pour ce qu’on appelait la Fiduciaire Générale du Luxembourg, jusqu’à la scission de cette firme en deux entités. L’une, la Fiduciaire Générale de Luxembourg, donnera naissance à la branche luxembourgeoise de Deloitte; et l’autre, la Compagnie Fiduciaire, dont émergera Ernst & Young sous mon impulsion. Avec l’aide de mes quatre associés, j’ai développé cette entreprise à partir de rien pour la mener à une reconnaissance certaine.
J’ai quitté EY en 2002, moment où la firme devenait internationalement intégrée. Je n’étais pas séduit par ce principe et, âgé alors de 55 ans, j’ai pris ma retraite. Mais il faut croire que cela ne me convenait pas non plus car je n’ai tenu que six mois avant de remonter sur la scène professionnelle (rires).
Quelles évolutions du secteur avez-vous pu constater le long de ces années?
L’audit est aujourd’hui un milieu dynamique, d’une belle importance économique. Sa croissance n’est cependant plus ce qu’elle était par le passé. A l’aube de la profession – durant les années 80 – l’essor était incroyable. L’activité a ralenti mais reste tout de même prégnante au Luxembourg.
Notre pays comporte d’ailleurs un pourcentage d’auditeurs bien plus élevé que n’importe quel autre pays de l’Union européenne. La cause en est la forte concentration de sociétés. Tout cela est d’ailleurs très étroitement surveillé par la CSSF – la Commission de Surveillance du Secteur Financier – qui contrôle la qualité du travail des réviseurs et qui leur attribue leur agrément. Lorsque je discute avec des confrères étrangers nous constatons que le contrôle est plus sévère AU Luxembourg que chez eux. Je pense que c’est pour parer aux reproches souvent injustifiés de l’étranger que le pays a pris des mesures.
Du reste, la dernière réforme de la législation nous concernant date d’il y a peu. La loi du 23 juillet 2016 relative à la profession de l’audit transpose en droit luxembourgeois la directive européenne dite “Barnier” sur le contrôle légal des comptes, ainsi que sur la supervision publique de la profession.
 
Quelle est la spécificité de C-CLERC?
C-CLERC est un cabinet d’audit, membre de l’Institut des réviseurs d’entreprises et de l’Ordre des experts-comptables. A la différence d’autres firmes, nous nous concentrons sur l’audit et accessoirement la fiscalité pour appuyer notre activité. C’est une orientation stratégique prise dès nos débuts afin de nous distinguer de la grande majorité des cabinets qui ont des activités de domiciliation, comptabilité, secrétariat social et qui proposent en sus des services de révision. Nous souhaitons ainsi nous positionner comme une entreprise alternative dans le paysage en proposant une expertise unique.
Comment votre cabinet se distingue-t-il dans le milieu?
Mes associées – Monika Tasi-Mota et Mariateresa Di Martino – et moi-même travaillons ensemble depuis maintenant quatre ans. Tous issus d’un Big four, nous sommes convaincus qu’une petite firme spécialisée dans l’activité que nous maîtrisons parfaitement se prête mieux que la grande firme intégrée à l’exercice, tel que nous le concevons, de la profession de réviseur.
Avant tout, notre métier a une forte dimension humaine. Pour le client, le contact personnel avec le réviseur d’entreprises est essentiel; ce qui peut manquer dans les grandes firmes. Chez C-CLERC, les associés se rendent sur le terrain et sont impliqués dans l’élaboration des dossiers. Par conséquent, les chemins de décision sont très courts et notre flexibilité très grande car nous évitons les lourdeurs de multiples niveaux de pouvoir. Ce comportement de proximité qui nous tient à cœur nous vaut beaucoup de compliments. En effet, nos clients sont heureux d’avoir affaire à ceux qui décident.
Ensuite, l’indépendance est primordiale pour le réviseur. Certains pensent que les grandes firmes sont mieux à l’abri de pressions de la part des entreprises qu’elles contrôlent. Nous avons choisi de nous limiter à notre activité de base qui est l’audit et de ce fait notre organisation interne est conçue pour répondre au mieux aux exigences particulières de cette profession.
C-CLERC fait partie d’un réseau international de réviseurs d’entreprises, d’experts-comptables et de fiscalistes nommé Crowe Horwath. Présente dans plus de 130 pays, cette structure commune très reconnue nous impose des normes à respecter. Grâce à Crowe Horwath, nous sommes contrôlés dans la qualité de notre travail tout en gardant notre liberté locale car c’est un réseau fédéré, et non intégré.
Finalement, nous arrivons à passionner notre personnel qui affiche une grande stabilité, ce qui permet des suivis précis des dossiers. Notre équipe d’une vingtaine de collaborateurs a une moyenne d’âge (sur laquelle je pèse beaucoup personnellement) qui se trouve juste en dessous de 30 ans. Ils actualisent en permanence leurs connaissances via de fréquentes formations. Nous tendons à engager des personnes motivées par l’envie de grandir avec nous. En effet, de petites firmes comme la nôtre ont un énorme potentiel d’avenir. Nous avons plus de possibilités de développement que les grandes firmes internationales qui stagnent à leur sommet. Nous offrons donc des opportunités de carrière très intéressantes aux jeunes qui ont comme aspiration d’un jour devenir associés pour poursuivre l’affaire… Car je devrais bien un jour prendre ma retraite (rires)!

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