Les entreprises au cœur de la transition énergétique

Le 20 septembre dernier, l’Institut National pour le Développement Durable et la responsabilité sociale des entreprises (INDR), en collaboration avec l’Union des Entreprises Luxembourgeoises (UEL), le ministère du Développement durable et des Infrastructures et le ministère de l’Economie, avait réuni des entreprises ayant fait un pas en avant vers la transition énergétique. Moins d’un an après la COP21, un nouveau modèle économique et politique se dessine déjà et le Luxembourg entend bien montrer l’exemple.
 
Comme l’a rappelé Carole Dieschbourg, ministre de l’Environnement, dans son discours de bienvenue, le Luxembourg s’est engagé le 12 décembre dernier à maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2°C. Mais pour y arriver, réduire les émissions de C02 ne suffit pas, il faut remonter à la source du problème et rendre les flux financiers compatibles avec un développement à faibles émissions.
 
Une économie à réaliser
Le premier point dont les intervenants ont débattu est l’efficacité énergétique. En effet, selon Tom Eischen, commissaire du gouvernement à l’énergie, chargé de la direction générale de l’énergie, il est important de se concentrer sur deux points: l’économie d’énergie dans un premier temps et ensuite, la production d’énergies renouvelables. Le Luxembourg est limité en ressource et il lui est difficile de produire de l’énergie au-delà d’un certain point, c’est pourquoi il est important de se concentrer avant tout sur les économies à réaliser afin de minimiser les besoins. Aujourd’hui, le pays importe 96% de l’énergie qu’il consomme et la presque totalité de celle-ci est issue de ressources limitées. Parmi les secteurs qui consomment le plus, on retrouve en premier lieu les transports suivis ensuite par l’industrie et les ménages. C’est donc principalement au niveau des transports et de l’industrie que des efforts doivent être fournis.
Les entreprises ont déjà mis à la pâte et Paul Jung, Managing Director de Creatizit S.A. était présent pour présenter les rénovations que son entreprise a connues afin d’améliorer son efficience énergétique grâce à l’expertise des ingénieurs de Goblet & Lavandier, représentés lors de la conférence par André Lavandier, l’administrateur général de la société.
 
Un secteur pointé du doigt
C’est le thème de la mobilité qui a suscité le plus grand débat, ce qui n’est pas étonnant, puisque c’est le secteur le plus énergivore. Pourtant, comme l’a fait remarquer Dominique Roger, directeur général d’ALD Automotive Luxembourg, l’industrie automobile ne cesse de fournir des efforts: les voitures sont en constante évolution et pourtant elles consomment moins de carburant et émettent donc moins de CO2. De nombreux efforts ont également été fournis par le biais des voitures hybrides et électriques.
Chez ALD Automotive, une solution a été proposée sous la forme d’une offre sur mesure alliant à la fois l’accès un véhicule principal alimenté à l’électricité pour les petits déplacements quotidiens, la possibilité d’utiliser un véhicule thermique pour les longs trajets occasionnels et l’accès partiel aux transports en commun et aux vélos, tout cela rassemblé dans une seule et même formule. Celle-ci existe déjà sous le nom de «ALD Switch», malheureusement, les autres entreprises spécialisées dans le fleet ne proposent pas ce type d’offres, ce qui a tendance à refroidir le consommateur.
Pour Dominique Roger, quatre points cruciaux restent à améliorer au niveau de la mobilité: il faudrait parvenir à susciter un changement dans les mentalités des usagers, aménager de meilleures infrastructures, proposer une meilleure offre pour les transports en commun qui ne couvrent pour le moment que les longs trajets, mais ne relient pas encore les domiciles aux gares, et revoir la législation et la fiscalité notamment concernant le télétravail pour les frontaliers.
 
Un avenir à construire
Le sujet de la construction a également été abordé et Jean-Luc Majerus, administrateur général de Majerus-Parmentier Constructions, préconise avant tout un changement dans les mentalités. En effet, à l’heure actuelle, malgré les normes imposées par le gouvernement, les exigences des clients en matière de surface de construction ne changent pas et leur budget non plus. Or les matériaux à utiliser lorsqu’on veut construire des bâtiments «AAA» sont beaucoup plus chers.
Par ailleurs, pour Jean-Luc Majerus la construction doit être pensée en parallèle de l’élaboration de l’équipement technique relatif à la production d’énergie. Cette solution intégrée dès la construction devra être installée de manière à ce qu’une intervention soit possible, lorsque le matériel sera devenu obsolète afin qu’il puisse être remplacé facilement, a posteriori. De plus, le recyclage des matériaux doit être pensé dès le départ afin d’évoluer vers une économie circulaire.
Pour les rénovations, Pascal Worré, secrétaire de myclimate et directeur d’energieagence a souligné l’importance de l’audit énergétique dans les entreprises. En effet, ce bilan des consommations est le point de départ de nombreux efforts à venir pour une entreprise; il est désormais obligatoire pour les grandes entreprises mais ne l’est pas encore pour les PME, c’est pourquoi il est nécessaire de les sensibiliser à la question de l’efficience énergétique.
 
Un changement imminent
Camille Gira, secrétaire d’Etat au ministère du Développement durable et des Infrastructures, a parfaitement clôturé cette conférence en rappelant que les entreprises doivent faire preuve d’une grande capacité d’adaptation et de flexibilité. Elles vont devoir intégrer des solutions énergétiques aux services et produits proposés au public et s’orienter davantage vers la vente d’un concept plutôt que la vente d’un produit.    MC

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