Nos moteurs économiques
Les incitateurs de création d’entreprises, les startups et les faillites: autant de thèmes qu’Etienne Schneider, Vice-Premier ministre et ministre de l’Économie, a accepté d’aborder avec nous à la veille de sa troisième année de mandat. Dans une optique plus futuriste, il se projette également dans l’espace en nous expliquant les bénéfices que le Luxembourg tirera de l’initiative Spaceresources.lu. Interview.
Cela va bientôt faire trois ans que votre coalition est à la tête du Grand-Duché. Quelle est, selon vous, la mesure phare instaurée sous votre égide en faveur de la création d’entreprises?
La création d’entreprises est stimulée par tout un ensemble de mesures, il me semble donc difficile de mettre l’une ou l’autre initiative particulièrement en valeur.
La promotion de l’esprit d’entreprise et de l’entrepreneuriat passe par une sensibilisation continue de la société luxembourgeoise, en ciblant toutes les catégories d’âge, afin de changer les mentalités concernant les métiers et professions du secteur privé et de l’entrepreneuriat. De nombreux acteurs y contribuent tels que Jonk Entrepreneuren, la Chambre de Commerce, la Chambre des Métiers, la Fédération des Femmes cheffes d’entreprise du Luxembourg ou Luxinnovation qui porte une assistance considérable aux porteurs de projets innovants. Légion de structures publiques et privées aident, voire hébergent les jeunes entreprises, comme le Technoport ou Nyuko. Par ailleurs, le guichet virtuel entreprises.lu fournit un descriptif des procédures administratives les plus importantes.
La mesure phare de ce gouvernement en faveur de la création d’entreprises est l’ouverture d’une “House of Entrepreneurship” qui regroupe bon nombre d’organismes publics et privés offrant une assistance/conseil sur-mesure. Fruit d’un partenariat public-privé, cette infrastructure située au Kirchberg – à proximité de la Chambre de Commerce – réunit sous un même toit tous les acteurs intervenant dans le processus de création et de développement d’une entreprise.
Comment le nouveau statut de s.àr.l. simplifiée, prévu pour janvier 2017, facilitera-t-il la création d’entreprises?
Prévue au programme gouvernemental, la s.àr.l. simplifiée ou société dite «à 1 euro» s’inscrit dans l’initiative gouvernementale ayant pour objectif de stimuler l’esprit d’entreprendre en facilitant pour les entrepreneurs l’accès à la création de société. L’introduction de cette forme juridique en droit luxembourgeois aura surtout un effet catalyseur sur les activités peu intensives en termes d’investissement dans la phase de démarrage. Une s.àr.l. simplifiée est constituée par voie d’un acte sous signature privée spécial; l’intervention d’un notaire devient facultative permettant une réduction des coûts à la constitution qui se limitent à environ 200 euros tous frais compris. Les premiers bénéficiaires de ce régime juridique seront certainement les startups dans le domaine de l’ICT et des nouvelles technologies.
Le Grand-Duché cherche depuis plusieurs années à offrir les meilleures conditions aux startups sous l’étendard de la “Startup Nation”. Quel est l’impact de ces jeunes pousses sur l’économie luxembourgeoise? N’entrainent-elles pas considérablement le nombre de faillites à la hausse, sachant qu’en général seulement une startup sur cinq passe la barre des cinq ans; et que le nombre de faillite a augmenté de 30% au premier semestre 2016 (Source: Creditreform Luxembourg)?
Nous transposons le programme gouvernemental qui prévoit d’intensifier les efforts en matière de diversification économique dont l’un des objectifs principaux est d’accroître le nombre d’entreprises startups à caractère technologique présentes au Luxembourg et d’en améliorer les conditions de démarrage, peu importe le secteur. Pourtant, pour moi, chaque startup est en fait une PME. Il s’agit de faire grandir et de pérenniser toutes les PME en les aidant à améliorer leur performance ainsi que leur capacité d’innover en identifiant, au cas par cas, leur potentiel d’amélioration.
En ce qui concerne les faillites, une bonne formation du chef d’entreprise, ceci non seulement au niveau de sa profession ou de son métier, mais également au niveau de ses connaissances en gestion d’entreprise, est le meilleur rempart contre l’échec. Partant de ce constat, les offres de formation en matière de gestion d’entreprise des chambres professionnelles gardent toute leur importance. Le gouvernement continuera les travaux visant à introduire en droit luxembourgeois des procédures de redressement des entreprises plus faciles à mettre en pratique.
Il y a une chose que l’on ne pourra jamais changer: l’échec d’entreprises fait partie de la vie économique.
Via l’initiative Spaceresources.lu, le Luxembourg se lance dans l’aventure du “space mining”. Pour structurer l’exploitation de ses ressources spatiales, l’Etat va notamment accorder 200 millions d’euros d’enveloppes pour lancer les activités dans le secteur. Quels bénéfices allons-nous en tirer?
Le ministère de l’Économie continue de développer et de consolider des secteurs prometteurs au Luxembourg, dont le domaine spatial – avec l’initiative SpaceRessources.lu – fait incontestablement partie. Moyennant cette initiative, le Grand-Duché met progressivement en œuvre une stratégie pour explorer et utiliser commercialement à terme des ressources spatiales.
Bien que futuriste, le projet repose sur des bases solides, comme en témoignent notamment les prouesses technologiques déjà accomplies en Europe et dans le monde entier. D’ici la fin de l’année, je proposerai un projet de loi sur l’espace au Conseil de gouvernement, qui fera du Luxembourg le premier pays en Europe disposant d’un cadre légal pour l’exploration et l’utilisation de ressources spatiales. La mise en place d’un tel cadre légal et réglementaire approprié garantira aux entreprises privées et aux investisseurs le droit d’acquérir les ressources récoltées dans l’espace extra-atmosphérique, conformément au droit international. L’arrivée d’entrepreneurs américains de renom comme Deep Space Industries ou Planetary Resources au Luxembourg illustre déjà la pertinence de l’initiative qui vise surtout à attirer des activités de recherche spatiale et des capacités technologiques pour créer des emplois.
S’inspirant de notre réussite et de notre expertise éprouvée dans l’industrie spatiale et satellitaire, le Luxembourg choisit donc, une nouvelle fois, l’espace en tant que secteur clé de haute technologie pour diversifier davantage, à terme, le tissu économique national.
Réponses communiquées par le ministère de l’Economie