Le Street Art à la carte

Passion et entrepreneuriat, un mariage impossible ? David Soner et son entreprise Pschhh! nous prouvent le contraire. Grâce à son offre en art mural, “live painting” et “team building”, cette société s’adapte à la demande du client en proposant des activités originales et créatives dont la trace est pérenne. «J’ai une passion depuis plus de 25 ans maintenant, c’est le graffiti. J’en ai fait mon métier», explique-t-il dans cette rencontre.

Naissance d’une passion
Lorsqu’en 1984, la culture hip-hop déverse son “flow” sur le Vieux Continent, la danse, le graffiti et le rap percutent les jeunes générations de plein fouet. «C’était un univers neuf et captivant qui débarquait de New York», raconte David Soner. «Je me suis intéressé à cette culture par le biais de la danse, mais le graffiti a suivi très rapidement».
Depuis son plus jeune âge, ce graphiste de formation esquisse sur ses cahiers. «Je dessine depuis que je suis en âge de tenir un crayon», sourit-il. Séduit par l’esthétique hors norme du graffiti, le jeune David entreprend de s’initier à cet art grâce à ses aptitudes en dessin. Au milieu des années 80, les murs des villes de Lorraine et du Luxembourg ne connaissent que les tags sauvages, des signatures brusquement tracées. «Personne n’avait jamais vraiment réalisé de fresque». Observant des modèles dans des livres et s’inspirant d’un univers parisien déjà riche, David Soner fait naître la discipline dans la Grande Région.
Il développe alors son hobby, illuminant de manière sporadique des murs qui ne lui appartiennent pas, avec beaucoup de succès. «Etre le premier m’a ouvert des portes. Dès mes débuts, le public a montré de l’intérêt pour mes œuvres. Les gens étaient bienveillants et curieux envers le phénomène», explique-t-il. Etant un précurseur, les opportunités pleuvent et David enchaîne les expositions et les démonstrations. Il a la volonté de porter l’art urbain à un niveau d’excellence. «J’ai rapidement voulu faire des graffs de grandes qualités». Il ajoute: «Pour autant, jamais je n’avais envisagé cette activité en termes de profession». A l’époque, il est graphic-designer et ne voit pas sa passion comme un projet viable.
Sauter le pas de la professionnalisation
Un jour cependant, il suit une formation de la Chambre de Commerce. «Je souhaitais obtenir une autorisation d’établissement pour créer mon studio de graphisme, Caligrafizm». Il travaille alors en agence de communication et souhaite s’établir comme indépendant. Cette formation lui ouvre les yeux sur le potentiel entrepreneurial de son art.
«Les graphistes sont nombreux, mais des “street artists”, il y en a très peu. Il y avait là une idée à creuser», commente-t-il. Plus il y pense, plus David Soner s’imagine graffeur professionnel, un sentiment renforcé par le fait que l’art urbain s’est répandu pour devenir une tendance reconnue durant les années 2000. «Cela a explosé à travers le monde. De nombreux particuliers s’y intéressent déjà; puis, les municipalités ont souhaité entrer dans la danse. Elles voulaient avoir une fresque sur leur territoire pour attirer les amateurs. De plus en plus, elles font appel à des artistes pour peindre une façade de leur commune». Le graffiti étant devenu populaire et légitimé, David Soner lance sa société en septembre 2015.
L’envol de l’artiste entrepreneur
Le nom de Pschhh! s’est imposé à lui. «C’était une onomatopée originale. De plus, le bruit de la bombe de peinture fonctionne dans toutes les langues», sourit-il. L’offre de la jeune entreprise se compose de services d’art mural, de “live painting” et de “team building” qu’il destine en particulier aux sociétés, mais qui s’adaptent également très bien aux particuliers ou communes. «Bien entendu, si une société n’a pas de mur à dédier, je fournis des toiles. Mes différents services sont d’ailleurs toujours livrés clé en main car je prévois tout le matériel adéquat, mais aussi l’installation des protections». Pschhh! s’adresse à des individus de tous les âges, en toute sécurité car dès qu’il intervient en public, David Soner utilise des produits à base d’eau: «Sans solvant: très peu d’odeur et de gêne en conséquence».
Son service d’art mural consiste en la création de fresques sur-mesure. Ces décorations intérieures ou extérieures peuvent être de toutes tailles: «La plus grande fresque que j’ai réalisée à ce jour était destinée à Goodbye Monopol 2: une œuvre de 8 m de hauteur sur 25 de longueur». L’artiste soumets divers projet à son commanditaire afin d’être certain de rencontrer son désir: «Certaines entreprises ont une personnalité graphique très développée à laquelle il me faut parfaitement coller… Pour d’autres j’ai carte blanche», explique le quarantenaire.
Ensuite, le “live painting” relève de l’événementiel. C’est la démonstration de la production d’une œuvre lors d’une soirée, d’une conférence, d’un festival… «J’interviens sur tous types d’événement car c’est un service très modulable, que j’adapte au public. De plus, je peux aussi inviter l’audience à participer». L’artiste a déjà réalisé de nombreuses prestations de ce type, pour le Lux Institute of Health ou Knauf, par exemple.
Son service “team building” propose une activité vraiment hors norme aux entreprises, qui permet aux employés de s’échapper complètement du cadre de travail autour d’une activité créative dans une ambiance décontractée. La BIL, Renault Luxembourg ou encore PWC ont déjà testé et approuvé cette formule. «Faire une œuvre grand format en entreprise est un concept qui octroie à la société un moment d’amusement dont elle peut garder une trace tangible et esthétique par après, affichée dans ses bureaux». David Soner précise ensuite que le nombre de participants dépend de la surface à graffer.
A la fois artiste et entrepreneur, David Soner a la grande chance d’avoir réussi à marier passion et profession avec succès. Il n’a pas renié ses origines de graphic-designer et continue à travailler via Caligrafizm, mais Pschhh! prend une part de plus en plus grande de son temps. «La demande ne cesse de croître, la preuve en est mon carnet de commandes de l’année écoulée», conclut-il.

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