Les accointances financières

KPMG Luxembourg

Anne-Sophie Minaldo est réviseur d’entreprises, spécialiste de la réglementation bancaire.  L’associée responsable du département “Internal Audit, Regulatory and Compliance Services“ chez KPMG nous explique les relations entre les PSF et les banques.

Parlez-nous du département que vous dirigez…
Créée en 2011 et forte d’une quarantaine de collaborateurs, notre équipe accompagne les industries réglementées que sont les banques, les PSF, les sociétés d’assurance et toute autre évoluant dans les fonds d’investissement. Nous les aidons à mettre en place les nouvelles réglementations et nous réalisons aussi des audits internes ainsi que des missions d’investigations. Toutes les compétences de KPMG sont appelées à une synergie et ce de l’identification d’une problématique règlementaire à sa résolution. Concrètement, cela se traduit par des changements informatiques, de procédures et de méthodologies de travail au sein des entreprises concernées.

Exposez-nous les liens qui unissent les banques aux PSF…
Ce sont deux industries fonctionnant comme des engrenages dans le sens où les banques sont les clients des PSF et vice versa. Je suis persuadée que l’économie de demain appellera plus encore à ce genre d’associations.
Le secteur bancaire luxembourgeois est au service d’une clientèle privée et d’une clientèle des fonds d’investissement; chaque banque entraînant dans son sillage une multitude de PSF qui, en tant que gestionnaire de portefeuilles leur apportent aussi une clientèle. Force est de constater qu’ils ont de plus en plus besoin l’un de l’autre dans le contexte règlementaire, et ce afin de trouver les réponses adéquates et de saisir des opportunités.
On observe dans certains cas une relation tripartite car le client se rend chez un PSF pour bénéficier de conseils en investissement et chez un banquier pour y déposer ses actifs. Actuellement, ce sont les banques qui sont seules dépositaires des informations mais la dynamique d’accès aux données doit évoluer, notamment en raison des exigences nouvelles d’information et de transparence à apporter aux clients avant que le service d’investissement ne soit rendu. Accéder plus facilement aux données, facilitera aussi les simulations nécessaires pour que les PSF puissent démontrer la «suitability» de leur conseil à leur client. Les banquiers ont ainsi identifié une opportunité de mettre à disposition de leurs clients PSF, un moteur de test «suitability» qui permet d’accéder aux données clients de manières plus interactives, plus dynamiques et avec des modèles de simulations intégrés.
Le rôle de KPMG est de mettre en relation les banques et les PSF tout en leur présentant les solutions innovantes de certaines FinTech, notamment en matière de digitalisation de la relation clientèle, accès et gestion de données.

Comment ce statut PSF est perçu à l’international?
De nombreuses activités qui sont régulées à Luxembourg ne le sont pas à l’international. Je pense par exemple aux PSF de Support qui contribuent à la réputation du pays. Notre département accompagne également les nouveaux entrants et notamment dans leurs dossiers d’agrément bancaire. Nous constatons que nombre d’acteurs font le choix du Luxembourg pour son cadre réglementaire qui en plus d’être un gage de sécurité, réunit aussi de hautes compétences.

Que penser du tableau antagonique que dépeignent déjà certains observateurs où la Place luxembourgeoise régulée s’opposerait à la jungle des affaires londoniennes?
C’est une prévision très manichéenne, d’autant plus lorsqu’on sait que la FCA (le régulateur anglais) souhaite appliquer les directives européennes qui ont déjà été transposées dans la loi nationale. Il en va de leur capacité à démontrer leur équivalence et à continuer à prester leurs services au-delà de leur nouvelle frontière.
Ainsi, je ne pense pas que la Grande-Bretagne reviendra sur l’adoption des réglementations “PRIIPS“,  et “MIFID2“ qui rentreront en vigueur en 2017 et 2018. La Suisse se trouve dans une situation similaire: en dehors de l’Union européenne, elle souhaite néanmoins y prester ses services et doit pour cela démontrer qu’elle a des réglementations équivalentes.

Le Brexit ne serait donc pas un passeport de non-droit mais peut-il néanmoins être une chance pour Luxembourg?
Il n’y a rien de plus facile que d’exporter ses activités d’un pays européen vers un autre puisque les directives européennes sont transposées dans les droits nationaux. Ainsi, les entités luxembourgeoises sont actives dans la libre circulation des services sans même s’établir de manière permanente dans les autres pays européens. Dorénavant, cela ne sera plus aussi facile à partir de la Grande-Bretagne et il s’agira d’établir non seulement des équivalences mais aussi des succursales ou des bureaux de représentation, ce qui engendrera des coûts opérationnels et des frais juridiques plus élevés…

Quels sont les autres atouts du Grand-Duché?
Nos homologues londoniens ou berlinois sont toujours surpris de la facilité avec laquelle nous discutons avec les décideurs politiques ou de la rapidité à laquelle la CSSF nous répond. Nous avons des clients d’Asie qui ont fait le choix du Luxembourg suite à une première visite où ils ont pu rencontrer le Premier ministre, le ministre des Finances et le directeur de la CSSF dans la même journée. Sans compter que le Visa luxembourgeois leur permet d’aller partout en Europe, ce qu’un Visa anglais ne permet pas. Notre Grand-Duché de Luxembourg connait un dynamisme dans les prises de décisions qui est unique en Europe, ce qui représente avec l’innovation, des attractivités pour nombre d’investisseurs.

Photo © KPMG