La petite reine, conquérante de nos routes
Les compteurs de la Ville de Luxembourg ont enregistré plus d’un million de passage à bicyclette au cours de 2015: un chiffre chaque année plus élevé qui prouve que le vélo se popularise dans le pays. Moyen de transport quotidien mais aussi important facteur de l’économie touristique, il a pour allié l’asbl Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ (LVI) dont la présidente, Monique Goldschmit, nous présente les activités.
De la place sur la voirie
Selon son plan originel, la réhabilitation du Pont Adolphe, vastes arcs en pierre du centre-ville luxembourgeois, ne comprenait pas de piste cyclable. Mais c’était sans compter sur la ténacité de la Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ. «Nous avons organisé une manifestation réunissant plus de 250 personnes sur ce pont», explique Monique Goldschmit, présidente de l’asbl. Résultat de cette action: l’édifice sera doté d’un espace pour cyclistes lors de sa réouverture en 2017, sous la forme d’une passerelle suspendue au-dessus de la Vallée de la Pétrusse. «Bien entendu», ajoute-t-elle, «nous aurions préféré que le tablier du pont soit élargi afin que chacun y ait sa place: voiture, tram et vélo. Une passerelle n’est pas la solution optimale mais nous sommes heureux d’avoir pu influencer le débat».
Les activités de la LVI sont essentiellement politiques. «Notre objectif est que la bicyclette trouve sa place dans l’espace public. Historiquement, le Grand-Duché était un pays doté d’une forte culture du vélo, mais les années 60 et 70 l’ont relégué au domaine du loisir. Le vélo a quitté les routes du quotidien car sa pratique devenait dangereuse», raconte-t-elle. Créée en 1985, la LVI lutte pour un vivre-ensemble égalitaire entre les différents usagers: cyclistes, piétons et automobilistes. «Nous souhaitons que chacun puisse se rendre à vélo où il le désire, en toute sécurité».
Ministères et communes de tout le pays sont en discussions régulières avec l’asbl à travers des groupes de travail, dans un dialogue concluant puisque les mesures prônées par la LVI voient le jour. Les pistes cyclables fleurissent, la vitesse est limitée à 30 km/h dans de nombreux centres urbains et des parkings à vélos sont installés autour des gares.
Le vélo mis en avant
L’autre versant des activités de la Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ touche à la sensibilisation. Projets de longue durée et événements ponctuels jalonnent son agenda.
Chaque année, l’asbl actualise et édite deux cartes à destination des cyclistes. D’une part la « Carte du Réseau national des pistes cyclable du pays », distribuée gratuitement; et de l’autre, la « Luxembourg by Cycle », bien plus détaillée et très populaire. Cette dernière qui affiche les pistes et les liaisons régionales, est disponible au prix de cinq euros, «dans toutes les librairies et syndicats d’initiatives ou encore à nos bureaux, rue Vauban. Il est possible également de la commander en ligne», dit-elle.
Par ailleurs, un projet au succès immense est celui du label bed+bike. Monique Goldschmit déclare en souriant: «Plus de 80 établissements à travers le Luxembourg ont déjà reçu cette distinction destinée aux hébergements touristiques: hôtel, auberge, camping et chambre d’hôtes». Opéré par la LVI depuis 2011, main dans la main avec le ministère de l’Economie, ce label requiert diverses conditions d’accueil et de confort pour les cyclotouristes. Ils doivent pouvoir être accueillis aussi pour une unique nuit, disposer d’un set de réparation, accéder à un local à vélo gratuit et sécurisé, pouvoir sécher leurs vêtements ou encore recevoir un petit déjeuner copieux et riche s’ils le veulent. A côté de ces critères obligatoires, d’autres sont facultatifs comme le transport des bagages. Ainsi le label est assez souple: «Presque tous les hôtels du pays peuvent y prétendre, moyennant de tous petits aménagements», s’enthousiasme-t-elle. «Les établissements affichent ainsi que les cyclotouristes sont bienvenus ce qui est un atout attractif pour le tourisme».
Autre prérogative de l’asbl: l’organisation de cours de vélo pour adulte. Bien que de plus en plus populaire, la bicyclette met parfois mal à l’aise les individus qui n’ont pas eu l’occasion d’apprendre à s’en servir ou qui n’en ont pas l’habitude. En partenariat avec la Ville de Luxembourg, la Lëtzebuerger Vëlos-Initiativ met en place des leçons données en trois langues (allemand, français, anglais) et encadrées par un professionnel, en toute sécurité. Elles permettent à ceux qui en étaient exclus de rejoindre le mouvement cycliste qui prend de l’envergure.
Améliorer les réseaux communaux
Il existe aujourd’hui environ 600 kilomètres de piste cyclables dans le pays. «Mais la loi votée en 2015 prévoit d’atteindre le chiffre de 1.400 dans le futur. «Contrairement à la précédente, cette nouvelle règlementation ne concerne pas que les chemins touristiques. Elle se penche aussi sur les trajets du quotidien: les jolies pistes traversant les forêts se verront complétées par des pistes reliant des localités et points d’intérêt comme des centres culturels ou des gares, dans des trajets plus courts et plus rapides», explique-t-elle. Pour aider les communes – responsables du développement du réseau cyclable sur leur territoire – la LVI a mis en place un guide pratique, le document « Recommandations pour l’élaboration d’un concept vélo communal ». Il recense des conseils pour cheminer vers de bons résultats en matière de mobilité douce.
Vers un centre libéré des voitures?
Le soutien du public envers l’asbl est immense et le nombre de souscripteurs augmente chaque année. «Je remercie nos 1.400 membres. Grâce à eux et à leur soutien financier – une cotisation de 25 euros par an – nous sommes capables de peser un certain poids dans l’échiquier décisionnel. Ils nous octroient une voie qui compte pour mener nos actions de lobbying et de sensibilisation», affirme-t-elle.
«Mon objectif serait d’avoir un petit centre-ville comme la Ville-Haute, sans voiture. Bien entendu, il faudrait mettre en place des solutions de mobilité en contrepartie, mais elles existent si les politiques veulent bien les appuyer! La qualité de vie en bénéficierait grandement, comme à Strasbourg par exemple où il est sympathique de se promener dans un espace serein, dénué de pollution auditive. Imaginez notre Boulevard Roosevelt piétonnier, des espaces verts et des terrasses remplaçant le bitume… Quelle vision agréable», raconte-t-elle, l’espoir illuminant son visage.
Retrouvez l’association à son stand d’information à l’Oekofoire, la foire écologique de la Grande Région, du 23 au 25 septembre. SoM