Des données protégées

2016 est une année chargée d’évènements pour LuxConnect: le millième kilomètre de fibre est déployé, l’inauguration du nouveau centre de données 1.3 est prévu pour juin et le 10 octobre, il s’agira de fêter les dix ans. À cette occasion, les anciens collaborateurs seront présents, ainsi que tous les partenaires, clients et fournisseurs mais aussi l’Etat, les ministères et les communes; en somme, tous ceux qui ont contribué à son succès. Rencontre avec Roger Lampach, CEO de Luxconnect.
 
Parlez-nous de la naissance de LuxConnect.
En 2006, le gouvernement a fait le constat d’une pénurie des centres de données au Luxembourg.
Jean-Louis Schiltz, alors ministre des Télécommunications et des Médias a présenté l’idée de créer un acteur fort qui appuierait la visibilité du pays à l’international ceci afin d’attirer les investisseurs étrangers. C’est suite à ce décret de loi que LuxConnect a été créée en octobre 2006 avec aux commandes Edouard Wangen, parti entretemps à la retraite mais toujours actif en tant que Président du Conseil d’Administration. Je l’ai rejoint en janvier 2007 et l’aventure a pu démarrer.
 
Vous répondiez alors à la politique gouvernementale du “Digital Luxembourg“…
Nous avons, en effet, fait partie de cette démarche dès 2007 pour ce qui est des infrastructures. Mais cette politique comprend l’ensemble des différents acteurs et il faut dire que nous constatons un intérêt croissant à l’international. Aujourd’hui, notre notoriété dans le domaine des centres de données dépasse nos frontières et force est de constater que la politique du “Digital Luxembourg“ est donc la bonne.
 
Parlez-nous du modèle de LuxConnect.
Nous n’offrons à nos partenaires que de l’hébergement. C’est eux qui ramènent leur clientèle à Luxembourg en proposant du cloud via leurs serveurs; nous proposons de l’infrastructure, de la sécurité et de l’approvisionnement en énergie. Nous louons des salles vides et on pourrait faire la comparaison avec un hôtel cinq étoiles où le client peut louer une chambre vide tout confort.
Néanmoins, nous remarquons de plus en plus que les appels d’offres sont multi-pays et le Luxembourg ne peut répondre à toutes ces offres. C’est pourquoi nous allons établir un réseau avec des sociétés européennes comme la nôtre sans pour autant y investir. Le but étant de mettre à disposition et donc d’échanger de la capacité. Londres et les discussions sur le “Brexit“ et Amsterdam sont deux places qui nous intéressent tout particulièrement. Nous avons également une carte à jouer en Allemagne, au vu du coût de l’électricité qui est le double du nôtre (cela représente pour un centre de données des différences de l’ordre du million d’euros par an). La France et la Suisse nous intéressent aussi et nous souhaitons asseoir plus encore notre présence au niveau européen.
 
Un mot sur la fibre optique.
Nous connaissons les ambitions de l’Etat en la matière et avons déjà déployé 1.000 kilomètres de fibre sur le réseau qui devraient doubler d’ici 2025. C’est un investissement lourd mais à long terme, cela participera au dynamisme économique du pays.
 
Quand est prévue l’inauguration du DC 1.3?
Notre tout nouveau centre de données sera inauguré le 13 juin; le Premier ministre qui est aussi ministre de la Communication et des Médias sera présent.
Le bâtiment fait 5.500 m2 mais seule la moitié a été équipée. C’est le bâtiment le plus performant que nous avons réalisé et il est certifié Tier II et Tier IV «Design» et «Constructed Facility» par l’Uptime Institute.
Ce sont les activités et les besoins d’une société qui déterminent le niveau choisi. Notre nouveau centre de données est multi-Tier: Tier II, III et IV cohabitent au sein de la même infrastructure. Ce qui est unique, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis.
Avez-vous des problèmes de recrutement?
Nous cherchons de jeunes diplômés mais l’Europe connait une pénurie de talents dans le domaine de l’IT. Au Luxembourg, nous avons 3,6% des étudiants dans les filières techniques (de la mécanique à l’électrotechnique), il faut les intéresser et les attirer davantage en faisant de la publicité en collaboration avec les sociétés présentes à Luxembourg.
 
Quelles sont les évolutions envisageables pour LuxConnect?
Nous fêterons cette année les dix ans de la création de la société et on peut dire que l’histoire de LuxConnect est une success story.
Nous comptons aujourd’hui une équipe de 24 personnes, tous professionnels et passionnés par leur domaine d’activités et à même de répondre à la demande du client. De 500.000 euros en 2007, notre capital est dorénavant de 75 million d’euros.
L’Etat est garant de l’attractivité du pays et les sociétés des services, produits et applications qu’elles proposent. La petitesse du pays est une force dans le sens où nous sommes agiles et pouvons faire du sur-mesure selon les exigences du client.
Votre site internet a troqué la couleur rouge pour la verte…
On parle beaucoup d’écologie dans les centres de données au vu des grandes quantités d’énergie qu’ils requièrent. L’optimisation énergétique fait partie de nos préoccupations principales et ceci dès nos débuts en 2007.
Aujourd’hui, nous n’achetons que de l’électricité 100% verte provenant de productions hydroélectriques en Norvège ou en Autriche. Nous sommes aussi client de la société KioWatt à Bissen qui exploite une cogénération à vapeur à partir de bois de rebut; la chaleur dégagée est transformée en froid pour notre centre de données à Bissen.
Le coût de l’énergie est répercuté sur le client qui nous pousse à baisser notre consommation.
Par ailleurs, nous faisons d’autres actions pour l’environnement en collaboration avec la ville de Bettembourg ou la Post (qui est voisine de notre bâtiment). Nous avons des hôtels à insectes, un parc floral composé pour eux et des plantes grasses sur nos toits.
Un centre de données ne gagne rien à rester énergivore.
 

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