Des impacts économiques, sociaux et environnementaux
L’ « impact investing » a le vent en poupe. La COP21 a remis à l’ordre du jour la question du financement de nouveaux modes d’énergie. C’est autour de ce sujet qu’a eu lieu la conférence « Impact investing – Strategy for the future » ce 12 mai dernier, dans les locaux de Namur, à Luxembourg-Hamm. Les intervenants ont révélé les derniers développements en termes d’investissements et de rendements financiers et sociaux, mais également en matière de bénéfices environnementaux. Organisé par l’Association Luxembourgeoise des Fonds d’Investissement (ALFI) en collaboration avec le Global Impact Investing Network (GIIN), la Plateforme européenne de la microfinance (e-MFP) et LuxFLAG, cet évènement a réuni des intervenants du monde de la finance et de la recherche provenant d’organisations hétéroclites de divers pays.
De nouvelles prises de conscience
Amit Bouri, PDG du GIIN à New York a prononcé le discours d’ouverture devant un public d’environ une centaine de personnes. Selon lui, nous sommes dans une période de grands bouleversements économiques accompagnant de nouvelles prises de conscience, ce qui favorise le développement de l' »impact investing ». «Nous vivons un moment où les progrès sociaux et environnementaux sont formidables, mais cet enthousiasme est modéré par de grands besoins, incluant les changements climatiques», dit-il. Dans le même ordre d’idées, les consommateurs font attention à la façon dont ils dépensent leur argent. «Les gens veulent que leurs valeurs morales rencontrent leurs investissements», déclare-t-il. Les financements génèrent certes un profit, cependant ils ont désormais un impact social et environnemental.
Des financements pour le climat: les opportunités du secteur
Modéré par Martin Bichler, ambassadeur pour le changement climatique au ministère luxembourgeois des Affaires étrangères, la discussion a été lancée sur le financement climatique en termes d’opportunités et de solutions. Henrik Malmsten, fondateur de Durable Vision Invest à Stockholm dit à ce propos que nous devons croire dans le futur. Il est en effet temps que le monde de la finance investisse dans le développement durable pour les années à venir. «Depuis 2005, tout s’est tourné vers le développement durable, les énergies renouvelables mais l’économie n’a pas suivi. Cependant, nous pouvons désormais investir», déclare Henrik Malmsten. Les investisseurs connaissent aujourd’hui les implications des placements dans le domaine durable, ils peuvent ainsi profiter de ces opportunités et investir dans ce domaine.
Martin Berg, chargé des investissements à la BEI, continue sur le sujet en disant que «le climat est également du côté du développement». «Ce qui compte ce n’est pas tellement ce que nous faisons pour le climat mais ce que nous faisons en termes d’impact», insiste-t-il.
De son côté, Jacco Minnaar, directeur du secteur Energie et Culture chez Triodos Investment Management aux Pays-Bas, s’est exprimé sur l’importance d’innover. «Certains secteurs sont confrontés à une impasse. Nous devons innover davantage», dit-il. Il ajoute: «Si nous voulons atteindre les objectifs climatiques, nous devons travailler sur l’efficacité énergétique». Cette innovation est essentielle à tout niveau. Elle peut concerner nos modes de financement, de production énergétique ou de développement durable. Elle est d’emblée encore plus intéressante si elle est couplée d’une réflexion efficace par des investisseurs concernés. «Nous devons établir des projets financiers à la fois publics et privés, traduire cela en un programme transparent et faire en sorte que ces projets soient développés par des investisseurs. La clé, c’est de travailler avec différents types de partenaires. Nous pourrons ainsi connecter notre réseau aux opportunités et investisseurs. Cette connectivité est essentielle», conclut Jacco Minnaar.
Robert Scharfe, directeur de la Bourse de Luxembourg, a parlé de l’accès à d’importants capitaux pour le développement durable. «Dans le futur, tout le monde aura un pied dans le « marché vert »», déclare-t-il. Suite au développement de l’économie climatique, les opportunités d’investissement deviendront nombreuses, le monde de la finance ne pourra ainsi plus passer à côté. Dès lors, il est temps de régulariser ce marché comme tout autre et de lui imposer des règles. «Le marché s’autorégule aujourd’hui mais cela changera avec les règlements à venir», dit-il à ce propos. Il appelle à des règles plus strictes et souligne le besoin de guider les investisseurs de la manière la plus transparente possible.
Des solutions?
Investir dans le futur c’est également investir dans le développement durable. Aujourd’hui, il est temps d’investir dans des nouveaux modes de financement qui pourront aider à lutter contre le réchauffement climatique. Pour cela, le monde de la finance doit s’y mettre également. Pour Henrik Malmsten, la clé c’est de changer nos modes de pensée. «Nous pouvons forcer de nouvelles idées. L’objectif devrait être d’utiliser nos ressources d’une manière beaucoup plus efficace», déclare-t-il. Il faut innover c’est un fait mais nous pouvons également utiliser les ressources qui sont déjà en notre possession, c’est également cela le développement durable.
Certes, innover est un risque mais il fait partie du métier tout comme dans celui du placement. Comme l’a dit Martin Berg, «Le risque est une obligation». Il constate qu’il y en a toujours mais qu’il peut également être connu. Ce risque pourrait notamment être diminué en introduisant dans le monde de l’investissement des règles et davantage de transparence. Le directeur de la Bourse de Luxembourg, Robert Scharfe, conclut d’ailleurs en disant que les investisseurs ont besoin d’un label de qualité qui couvrirait les instruments fournissant l’information sur le marché.
La journée s’est poursuivie avec d’autres interventions. Nous verrons l’année prochaine où en sont ces questions d' »impact investing », si des résultats concrets en termes d’investissement peuvent être analysés et quels en sont les impacts au niveau social, financier et environnemental. JuP