Développement durable: que fait la Belgique?

Au Grand-Duché, un mouvement communal est en marche en faveur du climat. L’objectif, réduire nos émissions de gaz à effet de serre dans chaque région du pays. Nous avons été voir ce que font d’autres villes européennes en faveur de cette démarche écologique. Rencontre avec la députée provinciale du Luxembourg en Belgique, Thérèse Mahy.
 
Les communes du Grand-Duché de Luxembourg se sont engagées, suite à la loi du 13 septembre 2012, à réduire leur impact sur le climat. Qu’en est-il en Belgique et plus particulièrement dans la Province de Luxembourg?
La Province de Luxembourg, c’est en premier lieu, une région rurale avec beaucoup d’opportunités en matière d’énergies. Le potentiel d’économie d’énergie est colossal et nous voulons l’utiliser au mieux. C’est pour cela que la Province veut devenir un territoire à énergies positives à l’horizon 2050, une mesure votée il y a deux ans par le Conseil provincial. En tant que « Province à énergies positives » (PEP’S Lux), notre objectif est de coordonner la transition énergétique du territoire dans une vision 100% renouvelable. Cette démarche part du constat que les communes doivent jouer un rôle majeur dans la réappropriation énergétique par l’ensemble des citoyens, élus et acteurs économiques. C’est un travail de grande envergure et à long terme.
Cette vision stratégique se traduit par un accompagnement des communes visant à réduire les émissions de CO2 de 20% à 40% aux horizons de 2020 et 2030, dans le cadre de l’adhésion à la Convention des Maires, un projet européen. Notre province est composée de 44 communes, et aujourd’hui, 24 d’entre elles travaillent sur ces objectifs. La COP21 était un évènement important mais l’après l’est d’autant plus, il faut continuer à travailler dans ce sens. Je pense également que les citoyens doivent être impliqués dans cette dynamique.
 
Justement, en parlant des citoyens, qu’avez-vous mis en place?
Le « Parlement Citoyen Climat » a été mis en place en collaboration avec l’Université de Liège (ULG). Cette démarche de démocratie participative a accueilli pendant trois weekends, en septembre et en octobre dernier, 37 personnes tirées au hasard en Province de Luxembourg. Ils ont développé quatre axes portant sur une stratégie à adopter en matière de développement durable: la production et la consommation locales, la mobilité, l’habitat et l’action et l’engagement au niveau local. Une réponse sera donnée au mois de juin suite à l’avis rendu par ce Parlement. Dans la lancée, l’asbl Association climat de la Province de Luxembourg a été créée, avec laquelle nous nous réunissons régulièrement. Le projet de Parlement citoyen c’est quelque chose d’inédit qui n’aurait pas pu voir le jour sans les aides financières de l’ULG et des cabinets ministériels Furlan, Collin et Di Antonio. Cette participation citoyenne, c’est une manière d’intégrer le citoyen dans le processus de décision politique.
 
Pour revenir à PEP’S Lux, concrètement où en êtes-vous aujourd’hui?
Pour le moment, nous sommes dans l’accompagnement des communes. Elles doivent désormais établir un bilan CO2 de leur territoire. La Province fera également un bilan énergétique de ses terres. Dès lors, nous pourrons élaborer des projets mais nous n’en sommes pas encore là. Il y a tout une série de partenaires avec lesquels nous devons encore travailler. Nous sommes dans une transition. Nous ne pouvons plus fonctionner comme nous le faisions il y a 10 ans. Le déploiement des énergies renouvelables et la réalisation d’économies d’énergie sont importants mais sont également difficiles à mettre en oeuvre.
 
Concrètement, la Province de Luxembourg met à disposition des communes un soutien technique et humain pour l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action. Nous voulons reprendre les éléments principaux du bilan énergétique, estimer le potentiel d’efficacité énergétique et aller vers un développement politique d’élaboration des stratégies à long terme.
A court terme, c’est d’abord un travail de sensibilisation et de fédération de tout ce qui a déjà été mis en place. Au niveau de la Province de Luxembourg, nous devons être exemplaires dans nos économies d’énergie et rénovations de bâtiments.
 
Avez-vous des exemples de communes impliquées dans ce projet écologique?
Attert est par exemple, une commune pionnière, notamment parce qu’elle a eu la chance d’avoir une asbl qui l’a aidée dans ce sens. Il n’y a pas que le pouvoir politique qui est important. Habay-la-Neuve a aussi fortement été aidée par sa coopérative citoyenne, Lucéole. Pour le politique, c’est une facilité d’avoir un travail de terrain et de sensibilisation du citoyen déjà établi. Cela va dans les deux sens: le politique est là pour soutenir le citoyen mais celui-ci se doit également de bousculer un peu la politique. Beaucoup d’autres communes prennent désormais le train en marche.
 
Que retenir de cette démarche écologique?
Le développement durable est une matière extrêmement sensible, transversale et dynamique qui a besoin de la participation de tous les réseaux et de tous les acteurs qui soient. C’est un domaine transversal qui touche à l’agriculture, l’habitat, l’économie, l’amélioration de la qualité de vie et à la mobilité. C’est également une perspective à remettre sans cesse en question et une dynamique de transition.  JuP

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