Le papier est parfaitement compatible avec le développement durable
Notre monde moderne et l’ère du numérique tendent à remplacer peu à peu le papier par une communication digitale qui possède l’avantage d’être écologique. À l’heure où la mode est au développement durable, le papier et l’imprimerie ont-ils encore de beaux jours devant eux? Eléments de réponse avec Roland Dernoeden, directeur général de l’Imprimerie Centrale.
Vous soutenez que la communication papier est parfaitement compatible avec le développement durable. Pourtant, une imprimerie utilise du papier…
Je vous arrête tout de suite: la question du papier n’est plus du tout un thème en matière de développement durable. Il existe sur le marché des solutions pour acheter du papier issu de forêts gérées durablement, certifié FSC ou PEFC, et il existe aussi la possibilité de s’approvisionner en papier recyclé. Un imprimeur qui prend ses responsabilités environnementales se fournit avec ce type de papier et encourage ses clients à l’utiliser.
Donc, une imprimerie qui se veut responsable en matière d’environnement a déjà réglé la question du papier. Il y a d’autres chantiers sur lesquels travailler.
Par exemple?
Par exemple, inclure la réflexion environnementale dans le choix des équipements et des consommables. Certains équipements permettent de diminuer la consommation d’eau lors des changements de plaques offset. C’est aussi important du point de vue environnemental. On peut étendre cette réflexion aux consommables. Nous avons comparé différents types d’encre et, à qualité équivalente, le choix s’est porté sur l’encre la plus écologique, une encre à base végétale. Notre veille technologique inclut ce genre de recherche.
Dans le même ordre d’idées, nous avons opté pour une fourniture d’énergie électrique issue entièrement de sources renouvelables, d’origine de centrales hydroélectriques.
L’emballage de nos produits imprimés se fait soit en carton recyclé soit en film plastique biodégradable.
D’autres exemples?
La gestion des déchets. Il va sans dire que nous allons beaucoup plus loin que le tri sélectif, qui est devenu une évidence dans toute la société.
Nous fonctionnons selon le principe «reduce, reuse, recycle». Nous recyclons tout ce qui peut l’être: le papier, l’aluminium des plaques offset sont les principaux produits.
Ce qui ne peut pas être recyclé est traité ou détruit par des sociétés de déchetterie agréées. Je pense par exemple aux chiffons qui servent à l’entretien des presses, et qui ont été imbibés de détergents chimiques: ils sont détruits. Mais même à ce propos, nous sommes en train de tester l’efficacité de détergents à base végétale.
Et je veux aussi parler d’un exemple auquel on ne pense pas toujours: la pollution par le bruit. Nous avons isolé les éléments les plus bruyants, comme les compresseurs. Nous avons également installé des cylindres anti-bruit au plafond de l’atelier de presses à feuilles, particulièrement bruyant.
Et qu’en est-il de votre empreinte carbone?
Toute activité industrielle génère une empreinte carbone, et l’imprimerie est une activité industrielle. Le fait d’évaluer cette empreinte carbone est un acte responsable, et nous l’avons posé. Par la suite, apparaissent spontanément les axes de progrès et la définition d’objectifs raisonnables en termes de consommation d’énergie et de consommation d’eau entre autres.
Mais il reste toujours des émanations de CO2 incompressibles. Pour celles-ci, il y a l’option de la neutralité carbone: compenser ces émissions en participant au financement d’énergies renouvelables, comme des parcs d’éoliennes ou des stations de biomasse. C’est un projet que nous proposons à nos clients, et qui rencontre un certain succès.
Finalement, dites-nous ce qui a motivé l’Imprimerie Centrale à adopter une politique environnementale forte?
La réponse est double. D’une part, nous avons compris que l’image de «l’imprimeur coupeur d’arbres» devait être cassée. A l’ère du numérique, il devenait de bon ton de diaboliser le papier. C’est pour contrer cette idée que nous avons été les premiers à obtenir les certifications forestières FSC et PEFC. Puis nous avons constaté que les préoccupations environnementales prenaient de plus en plus de place dans les décisions d’achats de nos clients, et nous avons donc intensifié notre politique environnementale. Le critère «vert» prendra d’ailleurs de plus en plus d’importance dans notre quotidien, voyez la COP21, et nous nous y préparons donc dans notre métier.
D’autre part, l’Imprimerie Centrale travaille beaucoup avec le monde institutionnel, qu’il soit européen, international ou luxembourgeois. Les Institutions deviennent également de plus en plus exigeantes dans ce domaine, et il est nécessaire d’être en
possession de certaines certifications pour pouvoir répondre à des appels d’offres. Cela explique que nous devons anticiper les exigences du monde institutionnel. Pour le moment, par exemple, nous nous préparons à la certification environnementale
ISO 14001:2015.