PSF, un argument à l’international

Le statut PSF a été créé en 2003 pour instaurer un cadre législatif aux Professionnels du Secteur Financier. Même si d’autres pays à l’instar des Pays-Bas pensent à se doter d’un dispositif analogue, cet appareil reste unique et est devenu «un réel atout et un avantage compétitif à l’international», affirme Thierry Seignert. Fort de ses 25 années d’expériences dans le métier sans en être formaté, le directeur général du service financier chez IBM et président des PSF de support aime faire avancer ses dossiers et c’est l’ambition pour son pays qui l’a poussé à accepter cette mission depuis trois ans.
 
 
Le PSF de support a été créé en 2003, quel bilan peut-on faire aujourd’hui?
 
Le bilan est positif, le chiffre d’affaire dépasse le milliard d’euros et nous comptons aujourd’hui plus de 85 entreprises PSF. Cependant, nous sommes au carrefour d’un moment de vérité où nous devons choisir les meilleures voies qui nous permettront de mieux vendre le Luxembourg à l’étranger. La question est de savoir comment et sous quel axe. Si le statut PSF a été pensé pour le secteur financier, nous devons maintenant exploiter d’autres domaines comme les données confidentielles du médical, du juridiques et autres. Les PSF ont les compétences nécessaires pour gérer ce type d’informations mais cela demande une certaine ouverture d’esprit de la part des sociétés et nous devrons ouvrir plus de cabinets de représentation à l’étranger.
En créant ce premier cadre, le Luxembourg a été un précurseur sur le marché et il doit le rester en s’adaptant à la globalisation.
 
 
Quel avenir pour le statut PSF dans un contexte de diversification de l’économique?
 
L’objectif de la loi du 2 août 2003 était de réguler les professionnels du secteur financier comme les banques mais depuis, le marché a créé son propre écosystème. Je prends pour exemple certaines sociétés qui vendent des logiciels informatiques et qui sont PSF parce que leurs clients leur demandent. On pourrait alléger ce statut, échelonner les contraintes et les responsabilités en fonction des services proposés. Cela permettrait de réduire les coûts et ce serait un argument de plus pour rendre le territoire encore plus attrayant.
Ce que le Luxembourg a été capable de faire avec les fonds d’investissements est possible dans d’autres secteurs comme la gestion des données informatiques; d’où les investissements dans les “Data Center”. Le monde économique change et la manière de faire des affaires aussi, l’enjeu est de savoir dans quelle mesure le Luxembourg sera capable de s’y adapter et de rester ambitieux.
Une régularisation intra-muros dans une globalisation peut paraitre paradoxale mais nous devons fixer où nous mettons les barrières : seront-elles géographiques ou techniques?
Même si le modèle actuel nous a permis de bien différencier les sociétés et ainsi de bien vendre le Luxembourg à l’international, je ne suis pas convaincu qu’il puisse rester en état durant les prochaines années, il faut l’adapter.
 
 
Justement, le Luxembourg comme centre d’excellence dans le domaine de la gestion de données sensibles est-il une réalité?
 
Il y a des sociétés qui se sont déjà spécialisées dans le secteur. La sécurisation des informations ne concerne pas uniquement le monde financier, beaucoup d’entreprises ont déjà diversifié leurs activités dans le biomédical par exemple. Nous gérons des données confidentielles internationales parce que nous avons été capables de vendre nos certifications.
Il faut alors attirer des compétences comme les ingénieurs informatiques qu’il faut souvent aller les chercher à l’étranger.
 
 
Quelles sont les grandes lignes de la réglementation?
 
Il existe trois critères importants. Il faut deux dirigeants agréés par la CSSF, un contrôle interne et des données localisées à Luxembourg et gérées par des agents PSF. Un Audit externe communiqué au régulateur doit également être réalisé chaque année.
 
 
David Hagen, responsable du département des PSF de support et membre du comité de direction avait dénoncé des lacunes au niveau du respect de la règlementation en avançant le chiffre de 37% de PSF qui avait fait le nécessaire pour la respecter. Partagez-vous ce constat et quelles ont été les mesures prises depuis cette annonce?
 
Je confirme les chiffres que David Hagen avait communiqués. Cependant, la perfection ne saurait être atteinte du premier coup. Nous restons dans un environnement d’interprétation et de capital humain. La règlementation est assujettie à des améliorations et il faut continuer de progresser dans ce sens. Si des sociétés n’ont pas joué le jeu, il s’agira d’aller au-delà de la pédagogie mais un tel cadre législatif est une première et nous devons rester constructifs.
Je rappelle que la circulaire 12544 oblige les sociétés à communiquer les risques à la CSSF et les clients peuvent voir ce rapport, le “Risk Analysis Report” est un cadre unique et donc un avantage compétitif.
 
 
Quel est votre agenda à venir?
 
Même si les régularisations restent un avantage compétitif sur le marché, la pression est telle que certaines sociétés ou certaines banques pourraient revoir leur calendrier sur le Luxembourg. Nous nous sommes demandé comment les PSF peuvent les aider à rester dans cet écosystème. L’association a fait des propositions au gouvernement et nous reverrons le cabinet du ministre des finances prochainement.
L’association se veut un acteur important du marché qui comprend les enjeux économiques du Luxembourg. Nous avons fait des propositions ambitieuses, que nous avons travaillées en amont avec plusieurs acteurs et notamment avec les “Big Four”, afin de mieux préparer l’avenir du secteur financier luxembourgeois et nous attendons de les retravailler avec le gouvernement.   JuB

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