Normalisation: Des enjeux importants
L’ILNAS, en collaboration avec l’Université du Luxembourg, organise la 46ème Journée mondiale de la normalisation le mercredi 14 octobre 2015 à partir de 14 heures dans la Maison du Savoir à Esch-Belval. Nous avons rencontré à l’occasion Pascal Bouvry, Directeur des Etudes à l’Université du Luxembourg mais aussi professeur de cloud computing pour le certificat universitaire Smart ICT for Business Innovation.
Théoriquement, la normalisation existe depuis toujours, mais elle s’est petit à petit systématisée comme en témoigne l’apparition des poids et des mesures par exemple. L’importance de la normalisation est croissante avec la mondialisation et les échanges internationaux. Pascal Bouvry prend l’exemple de la carte de crédit: «Si vous voulez être sûr qu’elle fonctionne dans n’importe quel distributeur, il faut que, derrière, il y ait une norme qui corresponde». C’est aussi une norme qui permet le roaming quand nous utilisons notre téléphone à l’étranger. «Je pense qu’au quotidien, les gens doivent s’intéresser à la normalisation, et cela est particulièrement vrai pour les entreprises ICT dans un monde où tout devient connecté avec des exigences d’interopérabilité».
La Journée mondiale de la normalisation du 14 octobre est organisée dans le but de répondre à cet intérêt grandissant. Une large partie des discussions sera dédiée aux nouvelles technologies de l’information et de la communication et plus particulièrement au cloud computing car les enjeux y sont importants. «Aujourd’hui, si une entreprise met ses données dans un cloud et décide demain que cela ne répond plus à ses besoins ou que le fournisseur a décidé d’augmenter ses prix de manière exagérée, il lui sera très difficile de transférer toutes ses données vers un autre cloud», explique le professeur Pascal Bouvry. La manière dont elles seront stockées peut en effet différer totalement d’un fournisseur à l’autre. Il n’y a pas de norme proprement définie pour l’interopérabilité entre clouds. «Une série de travaux est encore nécessaire pour permettre cela. Dans le même ordre d’idée, nous parlons actuellement beaucoup d’objets intelligents: smartwatch, smartphone, etc. Si nous voulons que ces objets puissent coopérer, interopérer, nous avons aussi besoin de nouvelles normes dans ce domaine».
Un nouveau certificat universitaire: «Smart ICT for Business Innovation»
En parallèle de cet événement, le certificat universitaire «Smart ICT for Business Innovation», issu d’une collaboration entre l’Université du Luxembourg et l’ILNAS, veut justement répondre au besoin de formation en la matière. Le professeur Bouvry donnera un cours sur le cloud computing. «L’idée de ce cours est d’expliquer ce qu’est le cloud computing, montrer les opportunités en termes d’utilisation dans les entreprises tout en tenant compte des aspects sécurité. Il faut s’assurer que ce que l’on met dans le cloud est légalement possible et techniquement viable».
La rentrée de la première promotion avait lieu le 17 septembre. Pascal Bouvry revient sur cette journée avec un grand sourire : «Nous avons fait le plein d’étudiants puisque nous en avons sélectionné 19 pour un numerus clausus de 20 personnes. Des entreprises telles que Fujitsu, Actimage, Creos, Dell, Post, Arhs, Athena Conseil, Microsoft, SAS et Telindus nous ont offert un support fantastique. Sur nos 19 étudiants, 17 sont sponsorisés par des entreprises».
Lors de la première séance, trois étudiants n’étaient pas présents. «Mais ils ont déjà présenté leurs excuses. C’est assez peu conventionnel pour un professeur d’université de voir cela», s’esclaffe le Directeur des Etudes à l’Université du Luxembourg. «Les trois premières heures ont permis de présenter les concepts de base liés aux nouvelles technologies ICT et à la normalisation. Les étudiants ont posé beaucoup de questions. Ils ont des attentes extrêmement élevées concernant les apports du programme. Cela nous met la pression d’un côté mais de l’autre, nous préparons ce certificat depuis plusieurs années».
L’un des atouts du certificat est un stage pratique au sein même de l’entreprise. Celui-ci a lieu lors du deuxième semestre. Il prend la forme d’un projet d’innovation lié à ces nouvelles technologies et à la normalisation. L’entreprise pourra à terme explorer différentes pistes de diversification du business ou des possibilités de spin-off.
Ouvrir la voie
«Les technologies sont en train de révolutionner le monde de l’ICT», s’enthousiasme Pascal Bouvry. «Si vous prenez les grands programmes européens dans le cadre d’Horizon 2020, ceux-ci portent sur le cloud computing, l’Internet of Things ou encore la robotique. Ce dernier aspect fait pour l’instant seulement l’objet d’une introduction dans notre formation mais nous discutons de la possibilité de lui donner une place plus importante. Nous reflétons l’ensemble des opportunités en matière technologique et en matière de normalisation de ces technologies».
Le Luxembourg est innovateur au niveau européen avec cette formation et de nombreux acteurs manifestent de l’intérêt. Selon Pascal Bouvry, nous possédons un avantage: la taille du pays. «Il est petit mais permet en même temps d’avoir les différents acteurs qui se mettent rapidement autour d’une table, prennent des décisions et avancent. Cela prend parfois du temps mais les autres pays n’ont pas encore mis sur pied cette formation par exemple». Permettrons-nous de leur ouvrir la voie? «Je pense que oui car avec l’ILNAS, nous sommes en discussion avec l’ETSI et le CEN-CENELEC, des organismes de normalisation européens, qui s’intéressent fortement à la formation».
Quant à la promotion suivante au Grand-Duché, une série d’entreprises font preuve d’intérêt et des demandes ont déjà été reçues alors que l’inscription n’est même pas encore ouverte. Le système de numerus clausus sera toutefois toujours en vigueur. «Nous voulons garder une taille limitée pour garantir la qualité et les interactions possibles avec les étudiants. Cela permet au corps professoral d’avoir un échange d’expériences, un lien avec les industries, la possibilité d’organiser des groupes de travail. Ce sont des opportunités fantastiques», conclut Pascal Bouvry sur un ton passionné. CD