Sacred Heart University: un Master américain à dimension européenne

Un employé d’une multinationale au Luxembourg, détenteur d’un Master en ingénierie, a pris du galon et a été publié dans une revue mondialement distribuée. La raison de cette belle promotion? Un MBA (Master in Business Administration) obtenu sur les bancs de la Sacred Heart University de Luxembourg. Rencontre avec Antoine Rech, directeur administratif de la SHU.
Pourriez-vous revenir sur le contexte dans lequel la Sacred Heart s’est implantée à Luxembourg en 1991?
Le directeur de la Chambre de Commerce de l’époque était parti du constat que beaucoup d’employés d’institutions européennes ou de grandes entreprises souhaitaient suivre des formations supérieures. À cette période, il suffisait d’un diplôme de fin d’études secondaires pour accéder à des postes de responsabilité et à défaut d’une université sur le territoire national, ces personnes devaient se rendre à l’étranger et parfois, elles ne revenaient pas.
Aux États-Unis, Henri Ahlborn a donc rencontré le Président de la Sacred Heart qui avait l’ambition de s’implanter dans un pays européen. Suite à une étude de marché, la Chambre de Commerce a accueilli l’université et nous maintenons ce lien depuis plus de 25 ans. D’ailleurs, Pierre Gramegna faisait partie de notre conseil d’administration, tout comme l’actuel directeur de la Chambre de Commerce, Carlo Thelen.
Quel est le profil type de vos étudiants et quels sont vos critères de recrutement?
Un bon MBA renvoie à plusieurs éléments. Si un bon professeur est un facilitateur dans l’accès au savoir, un bon étudiant arrive en cours préparé et apporte avec lui sa culture professionnelle. De sorte que l’étudiant à vos côtés, vous fait bénéficier de son expérience et vous pousse à l’excellence. Si la qualité des professeurs ou celle des étudiants baisse, cela abaissera inévitablement l’université elle-même.
Plus précisément, nos étudiants sont déjà dans la vie active et subviennent eux-mêmes à leur formation, cela est déterminant dans leur manière d’aborder un cours. Nous les aidons à définir une stratégie en fonction des objectifs de chacun. Notre petite taille nous permet de tisser un lien privilégié entre la centaine d’étudiants, les professeurs et l’université. Avocats, pilotes, médecins, ingénieurs, consultants, traducteurs, ils ont des profils et des objectifs différents mais qui sont tous alimentés par une motivation importante. Ces profils hétéroclites tant sur le plan professionnel que culturel permettent de développer un important réseau.
Combiner une vie professionnelle avec des études et une vie personnelle n’est pas chose facile mais le programme a toujours été pensé pour que cela soit possible. Nos cours se passent de 18h30 à 21h30 afin de libérer la journée et il y a une flexibilité dans le programme qui permet d’échelonner votre progression. Même si la moyenne du Master est de deux ans il est possible de le répartir sur six ans. Les cours du soir sont un plus pour l’étudiant et son entreprise car ce qui a été vu la veille peut être mis en application dès le lendemain matin.
Et pour ce qui est de vos professeurs, qui sont-ils?
Puisqu’il s’agit d’un MBA américain mais à dimension européenne, nos professeurs viennent aussi bien des E.U. que du Luxembourg. Vous aurez compris que chez nous, la théorie et la pratique sont entremêlées, un professeur de finance travaille en général à la Banque Européenne d’Investissement, il a un ou deux doctorats et enseigne déjà pour une autre université. Ils ont alors une solide pédagogie, une profonde connaissance théorique de leur domaine mais également une expérience professionnelle qui leur permet de puiser constamment dans l’actualité.
Comment faites-vous pour vérifier les acquis?
La validation des connaissances peut varier d’un cours à l’autre; de l’examen écrit à la présentation orale en passant par le travail à rendre, cela se fait toujours à la fin de la matière abordée. Le mémoire académique est remplacé par une mise en application des connaissances acquises durant le programme. Sur trois ou quatre mois, à raison d’une fois par semaine, l’étudiant travaille pour une ONG et est supervisé par un professeur. Le thème sur lequel est portée l’évaluation sert aussi bien l’ONG qui profite de l’expérience d’un professionnel qui a un niveau MBA qu’à l’étudiant qui a la possibilité de mettre en application ce qu’il a appris dans un secteur d’activité souvent différent de son domaine professionnel.
En 25 ans vous avez pu être un témoin privilégié de l’évolution économique du pays, avez-vous un regard à nous faire partager?
L’Université essaie toujours d’offrir des cours qui sont en rapport avec l’actualité. Le monde de la finance évolue constamment et nous essayons d’évoluer avec lui. Je prends pour exemple l’esprit entrepreneurial qui est de plus en plus important dans nos sociétés, nous essayons alors de le transmettre à nos étudiants. Notre programme MBA est alors totalement différent de celui d’il y a 25 ans, il mute et évolue en même temps que le monde économique.
L’université a toujours tenu à transmettre une certaine éthique dans la manière de faire du business et c’est pour cela que nous mettons chaque année à la disposition d’ONG comme la Croix Rouge, Handicap International ou Médecins Sans Frontières le savoir-faire de nos étudiants.