La chute du prix du pétrole ne sourit pas à tout le monde

Heureux, les pays importateurs de pétrole! Ces derniers mois, le prix du baril a dégringolé à environ 40 dollars (35,74 euros), soit une diminution de 60% en 13 mois. En conséquence, l’or noir se vend aujourd’hui à son prix de 2009. Et les répercussions sont très positives pour les pays importateurs: une baisse générale des coûts du prix de l’énergie qui sourira aux entreprises et aux ménages. Cela devrait, on l’espère, soutenir la croissance; en Europe notamment mais également aux Etats-Unis et en Chine, numéros 1 et 2 de la consommation de cette énergie fossile.
Au Grand-Duché, nous avons pu en voir le résultat via une baisse, quoique pas aussi spectaculaire, des prix aux stations-service. Au moment où j’écris ces lignes, le diesel est vendu à 0,975 euro/litre, passant ainsi sous le montant symbolique d’1 euro/litre.
La vertigineuse chute du prix du pétrole s’explique par une surabondance de l’offre. D’un côté, les raffineries ont augmenté leur cadence aux États-Unis. De l’autre, l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) refuse de changer de stratégie et de baisser son généreux plafond de production actuel de 30 millions de barils par jour. Le cartel ne veut pas toucher à sa production tant que d’autres pays producteurs n’instaurent pas des mesures comparables, en premier lieu la Russie.
Tant que l’offre trop haute ne s’équilibrera pas avec la demande, les prix resteront bas. La rentabilité pour les pays exportateurs a diminué et cela risque de continuer ainsi. Sous pression, ceux-ci font maintenant face à des budgets « imbouclables » qui engendrent parfois des soucis plus graves encore. Le Nigeria et l’Iran, par exemple, préservent leur paix sociale grâce aux ressources rapportées par le pétrole. Ils n’ont désormais plus rien à prélever et à redistribuer à leur population jeune et désoeuvrée. En parallèle, des rumeurs circulent sur un défaut de paiement imminent du Venezuela, qui a construit son économie pétrolière sur un baril à 120 dollars. La Russie quant à elle ne se porte pas mieux. Le troisième plus gros producteur de brut souffre non seulement de la baisse du prix du pétrole, mais également des nombreuses sanctions occidentales dues à sa conduite en Ukraine. Et enfin, même si l’Arabie Saoudite n’est pas au bord de la faillite grâce à ses incroyables réserves de devises, l’Etat a tout de même dû emprunter de l’argent à l’extérieur: un geste qu’il n’avait plus fait depuis des années.
Même si elle fait notre bonheur aujourd’hui, cette guerre du prix du pétrole risque de créer de nouvelles tensions géopolitiques mondiales demain.   SoM

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