Impact Investing – Du social et de l’environnemental dans le fonds

Le 4 juin dernier Selectra Management Company organisait une conférence dédiée à l’investissement d’impact et aux opportunités pour l’industrie des fonds luxembourgeois, en présence de Nicolas Schmit, ministre de l’Économie sociale et solidaire. Une centaine de personne ont assisté à l’événement. Marco Cipolla, Managing partner de Selectra Management Company, revient sur cette forme d’investissement socialement responsable.
 
Pourquoi avoir organisé cet événement?
Selectra est activement présente dans la promotion et la gestion des fonds d’investissement de type impact investing. Avec cette conférence, et celles que nous organisons régulièrement, nous voulions démontrer notre engagement direct dans l’industrie des fonds d’investissement, et faire le point avec des experts du secteur sur les avancées et les défis du domaine.
 
A ce titre, l’intervention du ministre Nicolas Schmit est ici importante, car elle souligne la volonté du gouvernement luxembourgeois de promouvoir le développement de l’économie sociale et solidaire et son soutien aux investissements d’impact qui visent à générer le bien-être social et l’environnement.
 
Depuis quand le groupe Farad International exerce-t-il l’activité des fonds d’investissements?
Farad International est un courtier en assurance établi depuis 2001 au Luxembourg et spécialisé en assurance-vie privée.
 
En 2007, le groupe a commencé son activité de fonds d’investissement, tout d’abord avec des produits de fonds OPCVM, de fonds d’investissement alternatifs (AIFM) et spécialisés (SIF).
 
Avec cette expertise, et en réponse à une demande croissante des sociétés de gestion tiers pour élargir les possibilités de distribution de ces fonds, SELECTRA Management Company a vu le jour en 2013. Cette filiale du groupe est spécialisée dans la création, la gestion et la distribution des fonds communs de placement de droit européen et extra européen.
 
L’investissement socialement responsable n’est pas nouveau, mais en quoi le concept d’impact investing l’est-il?
Les investissements d’impact ou à fort impact social sont une forme de placements socialement responsables, avec toutefois un encadrement plus précis, à l’avantage des investisseurs.
 
Le concept remonte à 2007. Le terme a été forgé par le Rockefeller Foundation Bellagio Center. Ils désignent les investissements qui visent à générer à la fois un retour financier et un impact social et/ou environnemental.
 
Les investissements d’impact utilisent des critères de processus sociaux, éthiques et environnementaux pour la sélection et la gestion de portefeuilles financiers.
 
Ils doivent certes apporter des bénéfices sociaux, éthiques, environnementaux, etc. Cependant, leurs bénéfices doivent par ailleurs être mesurables, à la fois en termes de performance financière, mais aussi d’impacts.
 
Comment mesure-t-on ces impacts?
Il n’y a malheureusement pas encore de règlementation sur le sujet. Il existe seulement une plateforme qui propose des critères et des approches en termes de mesure de performances et d’impacts.
Pour cette raison, il existe des organismes comme LuxFlag qui s’engagent à réaliser une due diligence et à attribuer un label aux produits de microfinance, de type environnemental ou socialement responsable. Actuellement, aucun régulateur central, telles la CSSF ou l’ESMA, n’est mandaté pour définir et accorder de tels labels.
 
L’industrie des fonds et les investisseurs souhaitent donc la mise en place de standards de mesure harmonisés et une réglementation plus forte sur le sujet.
 
Au niveau européen, des propositions de règlement en faveur du développement de nouveaux produits d’investissement ont été initiées, concernant notamment la création d’un label comme le Fonds d’Entrepreneuriat Social Européen (European Social Entrepreneurship Funds, EuSEF), qui permettra aux investisseurs d’identifier clairement les produits dont l’objet principal est d’investir dans des entreprises sociales. Concrètement, les fonds qui utilisent ce label devront investir au moins 70 % de leurs actifs (l’argent reçu des investisseurs) dans des entreprises sociales.
 
La Commission européenne a également proposé un règlement sur les Fonds Européens d’Investissement à Long Terme (« ELTIFs »), qui vise à fournir un cadre pour l’investissement de détail dans les classes d’actifs illiquides tels que les projets d’infrastructure et les sociétés non cotées.
 
L’objectif est d’orienter ces fonds vers des financements à long terme dédiés au développement et à la croissance économiques durables en Europe.
 
Depuis quand Selectra est impliqué dans l’investissement d’impact?
En 2013, nous avons commencé à réfléchir à ce type de produit. Nous avons alors conclu des partenariats pour développer cette activité.
 
Nous avons créé une plateforme d’investissements d’impact destinée aux investisseurs et à leurs stratégies d’investissement. Maintenant nous travaillons sur différents projets, dont un premier fonds d’habitation sociale en Italie et des programmes de type environnemental.
 
Nos clients sont des investisseurs institutionnels, des fonds de pension, des fondations, qui du fait de leur objet social même, ont un objectif et une stratégie d’investissement éthiques, axés sur le développement. À terme, ces produits d’investissement deviendront de plus en plus intéressants pour cette catégorie d’investisseurs, mais aussi pour d’autres acteurs.
 
Qui assure le suivi des investissements?
La compagnie d’investissement du fonds même est en charge du suivi et de la communication aux investisseurs, via le reporting classique, de l’avancement du projet et de la mesure d’impact du produit.
 
Pour cela nous collaborons avec des experts indépendants, comme Deloitte Italie, pour la mesure et la création de critères et de méthodologies dédiés à l’investissement d’impact.
 
Selon vous, comment se positionne le Luxembourg dans ce domaine?
Nous voyons un accroissement de l’intérêt des acteurs de la place pour ce type d’investissement. Si les grands cabinets de conseils sont déjà prêts, le pays cependant ne compte pas encore suffisamment de banques dépositaires et d’administrateurs de fonds intéressés par cette catégorie de produits.
 
Je reste néanmoins persuadé que le Luxembourg a une carte à jouer dans cette activité de fonds d’investissement, et saura poursuivre le succès et l’avance acquis par l’industrie des fonds, grâce à ses produits, ses services et son expertise de haut niveau. MA

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