Innover les Etudes européennes

Le CVCE est un centre de recherche et de documentation luxembourgeois qui associe les études européennes à l’innovation numérique. Dans la mesure où l’actualité met l’Europe à l’honneur avec la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, nous avons rencontré Marianne Backes, directrice du Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe (CVCE) afin qu’elle mette les travaux du CVCE en perspective et nous présente le grand concours CVCE Europa Quiz, lancé ce 3 juillet.
 
 
En quoi vos recherches sont-elles différentes de ce que proposent d’autres acteurs institutionnels ou académiques?
C’est l’innovation dans les études européennes. L’Europe –notre sujet d’analyse- nous entoure chaque jour. Les décisions économiques, politiques et sociales prises en son sein nous affectent au quotidien. Une analyse critique du processus de l’intégration européenne, ainsi que du fonctionnement de ses institutions est nécessaire et pertinente, au niveau scientifique mais également d’un point de vue sociétal.
 
La particularité du CVCE est son approche méthodologique innovante: une alliance entre les pratiques classiques en études européennes, combinées aux technologies du numérique. Ce mariage rend nos activités inédites. En effet, par notre approche, nous nous situons pleinement dans cette (r)évolution, parfois méconnue, qui est en train de s’opérer dans les sciences humaines et sociales et qui va profondément changer le paysage académique dans les décennies à venir.
Pouvez-vous me dresser un bref historique du CVCE?

L’aventure du CVCE a débuté dès les années 90. À l’époque, j’ai initié le projet European Navigator, précurseur de l’actuelle infrastructure numérique de recherche sur la construction européenne. Ensuite le CVCE a fait son chemin: aujourd’hui, l’infrastructure de recherche développée et opérée par le CVCE depuis le début des années 2000 bénéficie d’une reconnaissance internationale, que ce soit au niveau du concept ou de son utilisation, avec plus d’un million et demi de documents consultés par an dans le monde entier (www.cvce.eu).
Suite à une proposition récente du Gouvernement, un nouveau centre interdisciplinaire se créera à l’Université du Luxembourg. Je me réjouis du fait que ce centre reprenne comme fil conducteur l’approche transdisciplinaire, combinant sciences humaines et méthodes digitales, qui est à la base de notre modèle institutionnel actuel. Nous rejoindrons ce centre dans le courant de 2016.
Qu’entendez-vous concrètement par « infrastructure de recherche numérique »?

Au niveau des sciences humaines, c’est un instrument relativement récent, mais fondamental pour le développement de l’Espace européen de la recherche, tel que préconisé par la Commission européenne.
D’abord il s’agit d’avoir un accès à la matière première nécessaire pour analyser un sujet de recherche particulier, notamment des documents textuels, sonores ou encore audiovisuels, éparpillés dans le monde entier, dans des archives publiques ou privés, dans des centres de documentation ou des bibliothèques.
 
Ce matériel de recherche est sélectionné, contextualisé et interprété par nos chercheurs avant d’être disséminé –après une Peer-Review- sous forme d’ePublications. Mais ceci présuppose aussi que les sources soient d’abord traitées et enrichies pour en faire des données smart (« intelligentes« ), condition nécessaire afin d’en permettre une exploitation computationnelle.
 
Notre infrastructure de recherche donne –et ceci d’une manière très transparente- accès aux données et aux résultats de la recherche ainsi qu’aux outils permettant leur analyse et leur (ré)utilisation. Les outils et les méthodes (digitales) sont ainsi un moyen pour faire progresser la connaissance en sciences humaines. La technologie n’est pas une fin en soi, mais elle est au service de la recherche et du transfert des résultats vers la société. Cette ouverture vers la société, et plus particulièrement vers l’enseignement et le lifelong learning, est un des points forts de notre infrastructure de recherche.
 
 
Quels sont les thèmes abordés par vos chercheurs?
 
Le thème de la construction européenne est très vaste. Nous nous employons à travailler sur des sujets qui ont une importance dans le temps, mais également une pertinence à l’heure actuelle, tel que le modèle socio-économique européen ou encore l’union économique et monétaire dont Pierre Werner est l’un des pères fondateurs. À ce sujet, les discussions entre économistes et monétaristes de l’époque n’ont rien perdu de leur actualité.
 
Nos ePublications sont regroupées en deux grandes collections: la « European integration studies collection«  et l’ « Oral history of European integration collection« . Nous y publions les témoignages de personnalités sur le processus de la construction européenne.
 
 
La CVCE est un établissement public doté d’une équipe interdisciplinaire. Qu’entendez-vous par « interdisciplinaire »?
 
Tout le travail que nous avons déjà réalisé n’aurait pas été faisable sans une équipe interdisciplinaire. Le CVCE compte des juristes, des historiens, des économistes, ainsi que des informaticiens, des spécialistes des humanités numériques ou des droits d’auteur. Ces personnes travaillent ensemble de façon transdisciplinaire dépassant le cadre du modèle académique traditionnel. En effet, au-delà de l’aspect scientifique de notre travail, nous assumons aussi le rôle de producteur et d’éditeur, notamment des ePublications. Ainsi, tous les projets de recherche et d’innovation du centre participent au développement de l’infrastructure et ne constituent pas des projets isolés.
 
Grâce à cette approche intégrée à haute valeur ajoutée, nous pouvons garantir le fonctionnement et le développement pérenne de notre infrastructure de recherche sur la construction européenne, condition essentielle dans un environnement numérique qui évolue à une rapidité croissante.
 
 
Ce mois de juillet voit le Luxembourg prendre la tête de la Présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Cela a-t-il un impact sur la population?

J’en suis persuadée. Les questions sur l’Europe et son devenir vont se multiplier. Cette Présidence est une occasion unique pour sensibiliser les citoyens et notamment les jeunes au projet européen, surtout au vu du rôle important que notre pays a joué dans sa construction.
A cette fin, nous avons développé un quiz innovant, en appliquant des mécanismes de jeux à des ressources scientifiques. Le CVCE Europa Quiz est un concours organisé en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et européennes, Digital Lëtzebuerg, la Représentation de la Commission européenne et le Bureau d’information du Parlement européen au Luxembourg.
 
Le principe: chaque jour et pendant toute la durée de la Présidence, du 3 juillet au 31 décembre, les participants peuvent répondre à une question sur un thème lié à l’Europe. Les personnes intéressées peuvent se joindre au concours à n’importe quel moment. C’est un moyen de se familiariser avec les questions européennes, au-delà des clichés habituels et peut-être de creuser un peu plus loin et de se forger sa propre opinion.
 
De très beaux prix sont à gagner, dont un magnifique voyage. Pour tenter votre chance, rendez-vous sur le site www.europaquiz.lu.