Grande première au Grand-Duché, une formation universitaire menant à un master en logistique et à un master en achat international
Le Luxembourg Lifelong Learning Center (LLLC) lance en septembre prochain une nouvelle formation universitaire en logistique et en achat international: une formation conçue en partenariat avec deux universités françaises. Interview de Carlo Frising, chargé de direction du LLLC, et des professeurs Serge Vendemini de l’Université Paris II Panthéon-Assas et de Jacques Liouville de l’Université de Strasbourg.
Quel est le rôle du LLLC, et quel est son lien avec la Chambre des salariés?
CF : La Chambre des salariés (CSL) met en œuvre différentes initiatives en faveur de ses ressortissants, dont notamment la formation continue. En 2003 elle décide de donner une meilleure visibilité à ses activités de formation en les regroupant sous un sigle accrocheur : le Luxembourg Lifelong Learning Center (LLLC). Aujourd’hui le LLC se positionne comme un des plus grands organismes de formation pour adultes au Luxembourg qui propose une vaste panoplie de produits : cours du soir, séminaires, formations universitaires, certifications … Chaque année, le LLLC compte en moyenne 5000 participants dont la majorité suit des cours du soir.
Quelles sont les formations qui ont le plus de succès? Quel en est le public ?
CF : Durant de nombreuses années les cours en informatique étaient en tête de peloton. Cela a changé au cours des dernières années : les formations en comptabilité et en droit sont de plus en plus prisées.
Les cours proposés par le LLLC s’adressent à des personnes de tous niveaux scolaires et constituent un puissant instrument de promotion sociale.
Alors que la plupart de nos apprenants s’inscrivent à titre individuel dans nos cours du soir, les frais de participation aux séminaires sont très souvent pris en charge par les entreprises. L’âge moyen des participants varie entre 35 et 45 ans. Il y a équilibrage entre public féminin et masculin.
Avez-vous déjà supprimé une formation qui était obsolète?
CF : Non. Par contre nous nous efforçons de mettre à jour en permanence les contenus de nos formations afin qu’elles ne deviennent pas obsolètes.
Il y a quelques années cependant nous avions proposé une formation en logistique laquelle a dû être annulée, faute d’inscrits. Probablement que le marché n’était pas encore réceptif à l’époque. Aujourd’hui nous revenons avec un projet neuf et innovant parce que nous estimons qu’une telle offre suscitera un intérêt certain auprès des entreprises.
JL : A l’ origine de notre projet de formation est la volonté du Gouvernement de faire du Luxembourg un centre d’excellence au niveau logistique. Les raisons objectives sont les suivantes: la position géographique plus que privilégiée du Luxembourg, au centre de l’Europe. D’autre part le climat politique est assez paisible, ce qui est rassurant pour les investisseurs. Et puis il y a de superbes infrastructures. Tous les ingrédients existaient pour que puisse s’éclore cette activité logistique dans le pays. Résultat: on estime aujourd’hui à plus de 600 le nombre d’entreprises de logistique implantées au Luxembourg, pour un total d’environ 20.000 emplois.
Le contexte était donc favorable à une telle formation, mais comment l’avez-vous conçu?
CF : Le besoin d’une qualification en logistique existe. Le LLLC a créé un partenariat avec l’Université Paris Panthéon-Assas et l’Université de Strasbourg pour relever le défi et proposer une formation innovante permettant de transmettre aux participants les compétences indispensables à l’exercice des métiers de la logistique et de l’achat.
SV : L’Université de Paris Panthéon Assas, partenaire régulier, a présenté son Master Management de projets logistiques. La CSL a imaginé opportun de mettre en place une formation plus complète, en la liant au secteur achat, c’est-à-dire l’amont de la fonction logistique. Il en est de même du Master Achat international de l’Université de Strasbourg. Les équipes pédagogiques ont travaillé en bonne intelligence pour combiner les deux programmes de formation. Pour conclure, la formation de la CSL présente une assimilation de ces deux domaines complémentaires. Nous sommes les premiers en France et au Luxembourg à les décloisonner, pour correspondre à une réalité du marché et à un besoin réel des entreprises.
JL : Avant la chute du mur de Berlin les deux fonctions, logistique et achat, étaient gérées de façon séparée. De nos jours, l’émergence des transports mondiaux réduit les distances et permet de sous-traiter ou d’acheter parfois très loin. Il faut donc une forte collaboration entre les logisticiens et les acheteurs : ces métiers se vivent désormais en parallèle. Vu la nouvelle connexion entre le secteur logistique et le domaine des achats, l’augmentation de l’activité logistique dans le pays impliquera également de nouveaux emplois dans le domaine des achats. Notre double formation innovante repose sur cette mine de nouveaux jobs.
Comment va se mettre en place en pratique ce double diplôme?
CF : Le programme de formation, d’une durée d’environ 400 heures, débute fin septembre 2015 et dure 18 mois. Nous avons essayé de concevoir le calendrier de manière à ce que les participants puissent concilier, pour autant que possible, la formation avec leur vie professionnelle et familiale. Les cours ont lieu les vendredis après-midi (5h) et les samedis (7h), avec un maximum de 12 heures par semaine. Les frais d’inscription s’élèvent à 8.750 euros.
Quel en sera le public ? Avez-vous déjà des inscrits?
CF : La formation organisée sous la formule « formation continue » s’adresse prioritairement à des cadres salariés. Nous visons un public international avec une préférence pour les personnes qui travaillent dans des entreprises situées et/ou actives au Luxembourg. D’ores et déjà nous avons un certain nombre d’intéressés qui nous ont déjà transmis leurs dossiers de candidature. L’idéal serait de pouvoir démarrer la première promotion avec 18 candidats.
SV : Nous n’avons pas d’inquiétude pour le futur. Les inscriptions vont monter en puissance: premièrement à cause de l’intérêt grandissant du Luxembourg pour les domaines de la logistique et des achats, et deuxièmement grâce aux réputations de nos universités en France. Dès la deuxième année, j’en suis convaincu, on remplira une promotion en un mois seulement.