Offrir les meilleurs MBA, pour les luxembourgeois et les étrangers
Petit aperçu de la vie d’un allemand, qui a fait ses études en Suisse, son doctorat aux Etats-Unis, qui a été professeur en Belgique et en Italie, mais aussi conseiller à la Commission Européenne et directeur de la Banque Européenne d’Investissement : le Dr Alfred Steinherr, Academic Director and Professor à la Sacred Heart University de Luxembourg nous explique dans cette interview sa passion pour l’enseignement.
En tant que directeur académique d’une université, quelles sont vos aspirations actuellement ? De quoi rêve-t-on lorsque l’on a atteint un tel poste ?
On rêve de rendre l’enseignement que nous offrons encore meilleur, en trouvant toujours des professeurs engagés, qui apportent quelque chose d’unique, en combinant leurs connaissances académiques avec une expérience réelle de la pratique. Dans un monde qui change très rapidement, il faut également être très attentif à revoir le contenu des cours presque constamment, pour toujours être près de la frontière du savoir. Il faut être continuellement en contact avec le monde des affaires, pour refléter non seulement ce qui existe aujourd’hui, mais pour se préparer à confronter le futur.
Vous avez eu de nombreuses casquettes durant votre carrière : consultant au FMI, conseillé à la commission européenne, directeur de la banque européenne d’investissement, conseillé de gouvernements tel que celui du Kazakhstan et des Emirats Arabes Unis,… Pourquoi vous êtes-vous tourné vers l’enseignement plus particulièrement ?
Après mon doctorat en économie, j’ai commencé à travailler comme professeur d’université. L’attrait d’une telle carrière d’une part, c’est l’indépendance : on n’a pas un chef direct. Deuxièmement, on a la possibilité d’avoir un impact : on peut donner quelque chose aux générations qui suivent. De plus si on a l’esprit curieux, le travail consiste en grande partie à faire de la recherche.
L’amour propre est aussi un facteur parce que si on est plus malin que la plupart des autres on a la possibilité de se faire un nom. Dans ce métier, on n’est pas une roue dans une grande machine, comme dans la plupart des emplois. On est un individu en compétition pour le succès.
Pourquoi et comment vous êtes- vous retrouvé à la Sacred Heart University plutôt qu’ailleurs ? Quelle est la spécificité de cette université ?
J’ai commencé à enseigner ici en 2004. Et je dirige le programme depuis 4 ans. La Sacred Heart offre un MBA, un Master in Business Administration. Le public : des personnes qui travaillent déjà, qui ont fait des études de base, et qui veulent mieux se positionner dans leur carrière. Pour bien enseigner dans un tel programme, il faut avoir une bonne base théorique, mais aussi de l’expérience pratique. Au fil des années j’ai accumulé les deux. J’ai eu des phases dans ma vie où j’étais uniquement professeur, puis des phases ou j’étais uniquement banquier, et parfois même en même temps. J’étais donc idéalement positionné pour faire ce genre de chose.
Nous sommes dans une période de mutation en ce moment au Luxembourg, où la formation continue prend de plus en plus de place. Quel type de MBA proposez-vous ici pour faire face à ces changements ?
Nous offrons un MBA depuis 1991. A l’époque, il n’y avait rien ici. L’université du Luxembourg n’existait pas encore. Dans le business, le besoin d’une formation Post Graduate s’est fait sentir de plus en plus. Il y a 40 ans au Luxembourg, il suffisait de pouvoir lire et écrire pour être, par exemple un banquier tout à fait respectable. Mais avec le temps les tâches sont devenues plus compliquées, et les activités plus sophistiquées et exigeantes. Alors Henri Ahlborn, à l’époque directeur de la chambre de commerce, a fait un tour aux Etats-Unis pour trouver une université prête à organiser un MBA ici. La Sacred Heart, une université de tradition catholique privée a répondu à cette initiative.
Le MBA que nous offrons ici a été particulièrement organisé pour les besoins du pays. C’est-à-dire, permettre aux gens qui ont déjà un travail de faire ce programme. Nos cours se font le soir. Vous pouvez commencer à n’importe quel moment, pas comme dans une année académique. Vous pouvez compléter votre formation en 18 mois, ou bien l’étaler un laps de temps de maximum 6 ans. Donc cela donne énormément de flexibilité. Une flexibilité nécessaire puisque le public, dont l’âge moyen est de 35 ans, travaille déjà.
Il y a trois ans, nous avons créé un autre MBA dans le but de recruter des personnes venant de loin. Nous avons donc lancé un MBA with Internship qui comprend un stage de longue durée. Les individus viennent par exemple de Chine pour 16 mois. Le soir ils suivent des cours, et le jour ils ont un emploi, typiquement dans une entreprise de réputation internationale connue également dans leur pays. Ce MBA a énormément de succès et est presque unique. Nous avons des étudiants qui viennent des Etats-Unis, de l’Amérique latine, de l’Asie, du Moyen-Orient, et d’Europe.
Combien d’étudiants avez-vous à la Sacred Heart ? Envisagez-vous de vous agrandir ?
Nous sommes de taille modeste. Dans le MBA with Internship au public plus international, nous prenons 12 personnes par an. Dans le MBA orienté marché local, nous offrons une trentaine de place. Si l’on inclut les personnes qui passent des certificats, par exemple dans le domaine de la finance, actuellement nous avons une centaine d’étudiants qui suivent nos cours. Certaines personnes ont commencé il y a trois ans et sont toujours avec nous, puisqu’ils doivent réaliser leur parcours en moins de six ans.
Nous voudrions certainement grandir, mais nous avons un inconvénient cependant par rapport aux universités d’états qui sont payées par le gouvernement. Nous devons nous autofinancer avec les revenus que nous générons. Ce qui d’ailleurs est quelque chose d’absolument positif. Ça crée justement la pression nécessaire qui nous pousse à toujours faire un effort pour offrir le meilleur produit possible.
SoM