La formation continue, utile pour tous

Les employés jeunes et qualifiés sont les plus nombreux à suivre des formations continues. Pourtant, apprendre tout le long de sa vie est la meilleure façon de rester attractif sur le marché de l’emploi. Et cela pour tous types de personnes. Rencontre avec Antonio De Carolis, directeur du service de la formation professionnelle au ministère de l’Education nationale.

Pourquoi continuer de se former au cours de sa carrière, si l’on a déjà un travail? «Pour deux raisons»  explique Antonio De Carolis.  «C’est une nécessité économique d’abord. Se former c’est être capable de répondre aux besoins du marché de l’emploi.  Notre pays est un milieu assez atypique parce qu’il requiert de la main d’œuvre très qualifiée. Il faut donc apprendre tout le temps, pour être toujours à la pointe des compétences demandées. Ensuite, c’est une nécessité professionnelle. L’époque est finie où, après ses études, on entrait dans une entreprise et on y restait jusqu’à sa retraite. Nous devons faire face à plus de changements d’emplois. Et les personnes qui ont une bonne formation continue sont plus vite de nouveau employables».
Ces formations continues sont organisées pour tout le monde. Cependant c’est un fait : les individus au niveau de qualification élevé sont plus portés à apprendre tout au long de leur carrière, par rapport à ceux qui n’ont pas, ou peu, de qualification. Mais percevoir quel est le public réellement touché par ce phénomène n’est pas une chose aisée. En effet, l’Etat a deux instruments à sa disposition pour inciter les individus à se former en continu. 

L’une possibilité est l’accès collectif au sein de l’entreprise. Les compagnies reçoivent une aide à la formation s’élevant à 20% du montant annuel investi. De plus, l’Etat augmente sa  participation à hauteur de 35% dans le cas d’un employé sans qualification, ou âgé de plus de 45 ans. Ce régime de faveur encourage donc les compagnies à former ceux qui ont un degré inférieur de qualification, ainsi que les plus âgés.
De l’autre côté on trouve l’accès individuel.  Chaque personne qui veut se former peut avoir recourt, à un congé spécial, le “congé individuel de formation”. Un tiers de sa formation sera alors couvert par l’Etat. Par exemple, si vous voulez participer à un module qui dure six  jours, deux  jours de congé vous seront accordés grâce à ce système. Très peu des demandes sont refusées dans ce cas de figure, puisque seulement 154 des 2548 demandes de congé individuel ont été refusées en 2014, donc un équivalent de 5%. Ces refus proviennent du fait que les conditions d’octroi n’étaient pas remplies.
En observant ces aides financières, nous voyons quelles catégories de personnes profitent plus de ces congés, et ainsi sont plus touchées par le phénomène de la formation continue.
«C’est la tranche d’âge 30 – 34 qui prend le plus ces congés pour pouvoir suivre des formations, et puis après ça diminue assez vite»  développe Antonio De Carolis. Après 40 ans, les gens suivent des formations plus courtes. Ils n’ont donc pas besoin de prendre de congé dans ce but.  Alors que les plus jeunes font généralement des formations étendues sur la durée. Il ajoute : «Je ne pense pas, mais c’est mon opinion personnelle, que ce soit les entreprises qui ne veulent pas former leurs salariés de 40 – 50 ans. Je pense que, plus on a d’expérience professionnelle, moins on a tendance à suivre des formations continues. Bien que l’on remarque également que ceux qui entrent sur le marché de l’emploi en tant que demandeurs, et qui on un certain âge, sont beaucoup plus attractifs s’ils ont suivi des formations continues». 

En ce qui concerne le genre, on observe une égalité presque parfaite. Les demandes de congé individuel de formation se font à 47% par des femmes, et à 53% par des hommes.
Certaines formations sont plus populaires que d’autres. «Les cours de langue ont toujours beaucoup de succès» déclare Antonio De Carolis. Au sujet des secteurs sollicités par les salariés pour leur “congé individuel de formation”,  les statistiques montrent que le domaine de la “comptabilité/fiscalité” a suscité le plus de demandes : 850 en 2014. En deuxième position, on retrouve les matières “finance, banque, assurance“ avec 575 demandes. Et le trio de tête est complété par l’offre “enseignement/social“ avec 339 demandes. 
 
Les organisateurs de ces formations continues sont divers. Les grands acteurs du domaine  sont les chambres professionnelles: Chambre des Métiers, Chambre de Commerce, Chambre des salariés,…  Mais il existe d’autres organes offreurs de formation : des institutions privées, des ASBL, de nombreuses communes qui donnent surtout de très populaires cours de langues, des écoles également, dont beaucoup proposent des formation plus spécialisées dans des domaines professionnels, tels que le bois, le métal,…
Antonio De Carolis lui-même m’explique qu’il a du suivre de nombreuses formations durant son parcours professionnel. «Je viens de l’enseignement dans un lycée, donc à l’époque j’ai suivi beaucoup de formations pédagogiques, par exemple une classe de “gestion de conflit“ avec les élèves. Mais c’est vrai que depuis que je suis directeur du service de la formation professionnelle au ministère, j’ai bien moins de temps, dommage».

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