La RSE, créatrice de valeur

Né d’une initiative visionnaire de l’UEL en 2007, l’INDR promeut la RSE en tant que modèle de création de valeur tant pour les entreprises que pour la société. Pour atteindre cet objectif, il mise sur le dialogue institutionnel, la labellisation et la gestion d’un guide en ligne permettant aux acteurs intéressés de s’approprier la thématique et de structurer leur démarche.
Interview de Norman Fisch, coordinateur.
 
 
Comment le programme national ESR est-il né?
 
Il est issu d’une collaboration entre les principaux acteurs du secteur visant à recenser les attentes de la société envers les entreprises et à élaborer une définition commune de ce qu’est la RSE au Luxembourg, en cohérence avec les standards internationaux. L’aspect collaboratif de ce travail assoit sa crédibilité.
 
 
Quels sont les résultats obtenus?
 
Nous avons réussi à diffuser le concept en sensibilisant 800 entreprises à la RSE au moyen de nos différents outils et 80 entreprises ont d’ores et déjà été labellisées. Une étude récemment publiée par le Statec évalue à 18% la part des entreprises qui affichent certains aspects d’engagement dans la RSE, alors qu’en 2008, elles n’étaient que 8% à connaître la thématique. On peut donc en déduire que le concept a évolué grâce à l’action conjuguée des différents acteurs, mais aussi grâce à celle de l’INDR.
Nous constatons cependant qu’il reste encore de nombreuses interrogations sur la RSE. Il s’agit de comprendre ce qu’est la RSE, ce qu’elle peut apporter à une entreprise et si une telle démarche est facile à mettre en place.
 
 
Quels services l’INDR propose-t-il pour éclaircir le sujet?
 
Nous guidons l’entreprise à travers les étapes successives.
Notre mission d’éducation consiste à l’aider à comprendre ce qu’est la RSE.
On entre ensuite dans une phase d’évaluation. Nous avons élaboré un Guide en ligne permettant à l’entreprise de mesurer son niveau de maturité en termes de RSE. Il s’agit d’un questionnaire qui reprend une centaine de thématiques structurées en quatre chapitres: les trois piliers du développement durable -environnement, gouvernance et social- auxquels s’ajoute la stratégie RSE. Pour chacun de ces sujets, des objectifs sont proposés.
S’en suit une phase d’action lors de laquelle l’entreprise définit et met en place des mesures pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés en accord avec les parties prenantes.
Si, suite à son évaluation on line, une entreprise estime qu’elle a atteint un niveau suffisant de maturité, elle peut débuter sa labellisation ESR. Un expert indépendant agréé par l’INDR vérifie alors si les réponses données dans le questionnaire sont conformes aux attentes énoncées. Les remises de labels ont lieu deux fois par an. Précisons que les petites structures bénéficient de tarifs avantageux et que les exigences s’adaptent à la taille et aux activités d’une entreprise.
Outre le fait de valoriser des actions RSE en les rendant visibles, ce label national est un outil qui confère de la crédibilité. Il est à la portée de toute entreprise, indépendamment de sa taille et de son secteur d’activité.
 
 
Est-ce qu’une politique de RSE coûte cher à mettre en place?
 
A ceux qui estiment que la RSE est trop chère, je conseillerais d’essayer l’irresponsabilité et de réfléchir à une approche de gestion de risques, notamment des risques réputationnels.
 
 
En quoi la RSE est-elle un modèle de création de valeur?
 
Nous nous basons sur le modèle de valeur partagée développé par Michael Porter et Mark Kramer. Il s’appuie sur le postulat que toutes les ressources dont une entreprise a besoin existent dans la société dans laquelle elle évolue. L’entreprise étant complètement dépendante de ces ressources, il est dans son intérêt de les protéger, voire d’en créer davantage. Lorsqu’une entreprise parvient à créer de la valeur pour elle-même et pour la société, elle est sur la voie du développement durable.
 
La RSE est une approche stratégique qui détermine comment l’entreprise gagne son argent et non comment elle le dépense. La base en est le capital intangible de l’entreprise: les “richesses” humaines -les connaissances, les compétences, leur gestion et leur partage-, les structures informationnelles et organisationnelles, la protection du capital intellectuel, la culture d’entreprise, l’alignement par rapport à la stratégie, etc. Viennent ensuite les processus. Quand on a compris les attentes du client, on peut produire de la valeur pour lui, en lui proposant des produits et des services adaptés, donc dégager du bénéfice.
 
 
Quels sont les avantages spécifiques pour l’entreprise d’une démarche RSE à chacun de ces niveaux?
 
La RSE a un impact important sur les connaissances. Le fait de mieux considérer les êtres humains dans l’entreprise a un impact sur le sens que chacun attribue à son travail, donc sur son bien-être, sa motivation et sa productivité. Cela peut se traduire par une chute de l’absentéisme ou une plus grande fidélité des salariés. Pour le dirigeant, la RSE est un outil intéressant pour donner une vision à son entreprise.
En termes de processus, la RSE prépare à la mise en conformité avec la réglementation. Elle protège les ressources stratégiques de l’entreprise (matières premières, énergie, compétences).
En remettant en question la pertinence, et surtout l’efficience de certains processus, elle permet d’obtenir les mêmes résultats en utilisant moins d’énergie et de matières premières, en générant moins de gaspillage et de pollution, en ayant un impact moins négatif sur l’environnement. Elle encourage aussi l’innovation et le développement de produits éco-responsables, permettant ainsi de se positionner avant la concurrence sur les marchés de demain.
Le fait de considérer les intérêts des parties prenantes a pour conséquence directe d’avoir une influence positive sur la réputation de l’entreprise et de fidéliser les clients existants.
Les avantages financiers sont évidents: être présent sur de nouveaux marchés génère plus de ventes, proposer des produits et services responsables permet d’augmenter sa marge avec l’aval des clients, et en étant plus efficients, on diminue ses coûts. Ajoutons que de nombreuses initiatives RSE, en matière de formation professionnelle ou d’efficacité énergétique par exemple, peuvent faire l’objet de subsides.
 
 
 
 
 
 
 
 

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