L’agrément PSF, objet de convoitise
L’Association des professionnels du secteur financier a tenu sa conférence annuelle mercredi 5 novembre à la Chambre de Commerce, en présence de Pierre Gramegna, ministre des Finances. L’édition 2014, qui a réuni pas moins de 120 acteurs du secteur, a été placée sous le signe de la promotion de l’agrément PSF à l’international. LG Magazine, partenaire presse de l’événement, retrace les grands moments de l’après-midi.
«Plusieurs pays regardent notre agrément PSF de près et envisagent de se doter d’un instrument analogue, à l’instar de l’Italie ou des Pays-Bas», a expliqué d’emblée Thierry Seignert, président de l’Association des PSF de support et organisateur de l’event, dans son discours de bienvenue. Le président de l’APSF a rappelé l’enjeu du secteur des PSF de support pour l’économie luxembourgeoise, lequel emploie 9.000 personnes et affiche un chiffre d’affaires annuel d’1,2 milliard d’euros. Thierry Seignert a réfuté au passage l’argument selon lequel la Place ne serait pas assez compétitive au niveau international à cause de commissions trop élevées, et souligné l’importance de la circulaire 12/544 relative aux risques des activités des PSF, qui constitue la pierre angulaire de l’agrément.
Le discours de Pierre Gramegna a abondé dans le même sens. Le ministre des Finances voit dans cet agrément une opportunité pour tous les métiers de l’industrie bancaire, que ce soit la banque privée, les fonds d’investissement, le corporate banking ou encore le secteur des assurances. Lui aussi a affirmé que «Nombreux sont ceux qui considèrent cet agrément comme une success story et qui veulent nous copier». Le ministre a attiré l’attention des représentants des PSF présents dans la salle sur l’importance que revêt dans ce cadre l’aspect de la confidentialité des données, qu’il considère comme «une des questions clés» pour les PSF de support, et la nécessité de la supervision de la CSSF sur les activités de ces acteurs, supervision qui ne doit pas être considérée comme une contrainte.
Le ministre a profité de la tribune pour mettre en avant les nouveaux dossiers sur lesquels planche le gouvernement dans le domaine de la finance, à commencer par le programme FINTECH – soit les technologies appliquées à l’industrie financière, un créneau qui apporte de nouvelles opportunités de business et qui repose avant tout sur l’innovation et la fiabilité. Pierre Gramegna a déclaré que le gouvernement soutient activement tous les acteurs du secteur : «Nous sommes à l’écoute de nos clients, et nos clients, c’est vous».
Pour finir, le ministre est revenu sur la loi sur la transparence à peine votée quelques heures avant le début de la conférence, qui marque le début d’une nouvelle ère «où l’on pourra démarcher de nouvelles régions du monde auparavant peu enclines à traiter avec le Luxembourg».
Ce fut ensuite au tour de Suosheng Li, CEO de China Construction Bank (Europe), de prendre la parole, invité d’honneur de cette édition. D’entrée de jeu, le dirigeant de la banque chinoise a précisé que peu de pays pouvaient rivaliser avec le Luxembourg en Europe, notamment en matière de réactivité et de délais de procédure pour l’implantation d’une société étrangère. «Nous sommes entrés en contact avec les autorités luxembourgeoises en avril 2012, pris la décision de nous y installer en septembre de la même année, et obtenu notre licence en mars 2013, ce qui est un processus très court», a-t-il attesté, avant d’ajouter qu’ «un nombre important de PSF, qui constituent une industrie unique, ont été impliqués». Toujours selon Suosheng Li, le Grand-Duché possède trois atouts déterminants, la vigilance qu’il affiche au niveau des changements et des nouveaux développements, une «flexibilité contrôlée» – juste équilibre entre réglementation et flexibilité – et une mentalité européenne exempte de tout élément protectionniste.
Changement radical de ton avec David Hagen, CIO de la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF), qui a pointé sans ménagement les lacunes des PSFS au niveau du respect de la réglementation luxembourgeoise qui s’applique au secteur financier et par la même aux PSF de support : «Trop de procédures ne sont ni documentées ni formalisées et ne reposent que sur l’expérience des acteurs. Il convient de mettre au point une réelle méthodologie et de distinguer les risques directs des risques indirects qu’encourent les clients des PSF de support». David Hagen a enfoncé le clou prétendant que «37% seulement des PSF ont fait le nécessaire pour respecter les réglementations auxquelles ils sont soumis», avant d’annoncer que la CSSF comptait «devenir beaucoup plus directive».
Comme tous les participants, David Hagen a réaffirmé que «La levée du secret bancaire n’est pas synonyme de disparition de la confidentialité des donnée du client», et que «La confidentialité des données demeure l’atout décisif des PSF».
L’event s’est clôturé par une table ronde animée par Dr. Alfred Steinherr avec pour conférencier Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. Nicolas Mackel a tout d’abord tenu à scander à l’auditoire que ceux qui pensaient que la fin du secret bancaire signifiait la fin de l’industrie bancaire au Luxembourg se trompaient lourdement : «3.000 milliards d’euros de fonds d’investissement devraient suffire à prouver que le Luxembourg ne s’est pas contenté de surfer sur le secret bancaire», a affirmé ce dernier. Celui-ci estime que le Grand-Duché se doit désormais d’opérer un grand virage, à savoir de vendre de l’expertise et non plus du secret bancaire.
Nicolas Mackel a souligné lui aussi la nécessité absolue de faire de la confidentialité des données une priorité pour les PSF de support, voyant dans celle-ci un véritable «point de vente» pour les acteurs concernés. Le CEO de Luxembourg for Finance a conclu sur la collaboration étroite entamée par l’agence de développement de la place financière et l’Association des PSF de support, dont la vocation est d’élaborer une stratégie de promotion de l’industrie de support. PhR
Légende photo: Suosheng Li, China Construction Bank, CEO