L’IFBL au secours des demandeurs d’emploi

La restructuration des établissements bancaires fait suite aux profondes mutations que connaît l’industrie financière, restructuration qui a conduit à de nombreux licenciements au cours de ces dernières années. Conscients du besoin de réintégrer ces personnes aux profils souvent intéressants pour l’industrie bancaire, l’IFBL a mis au point un programme de concert avec le ministère du Travail et de l’Emploi baptisé «Fit for Financial Markets». Interview de Ben Lyon, responsable du programme.
Monsieur Lyon, l’IFBL (Institut de Formation Bancaire, Luxembourg) est un organisme de formation mis sur pied au début des années 1990 par l’ABBL (Association des Banques et Banquiers, Luxembourg) sous forme d’une fondation. Pouvons-nous très brièvement revenir sur ses attributions ?
L’ABBL, qui avec les années est devenue une grande structure, a pris effectivement la décision de se doter d’un organisme de formation au début des années 1990, avec pour mission d’assister les banques dans le cadre de leurs activités.
L’IFBL a plus que jamais un rôle prépondérant à jouer dans son secteur d’activité, en accompagnant les établissements bancaires dans leur restructuration. En effet, les profondes mutations que connaît le Luxembourg au niveau de l’activité bancaire, et ce, que ce soit en matière de règlementation ou de levée du secret bancaire, obligent les banques à revoir leur stratégie. Cette restructuration passe par une diminution des coûts et une augmentation de la valeur ajoutée, condition sine qua non à la survie des établissements bancaires.
… Une restructuration qui a obligé certaines banques à se défaire d’une partie de leurs collaborateurs…
Effectivement. Dès lors, nous avons pris cette problématique du licenciement à bras le corps en nous associant avec le ministère du Travail et de l’Emploi et l’ADEM pour développer un programme baptisé «Fit for Financial Markets», qui est une déclinaison du programme «Fit 4 Job», une initiative du ministère du Travail et de l’Emploi visant à relancer le marché de l’emploi.
En quoi consiste concrètement l’initiative «Fit for Financial Markets»?
Nous sommes partis du constat que de nombreuses personnes avaient perdu leur emploi dans le secteur bancaire à Luxembourg, mais que celles-ci avaient toutes leurs chances de réintégrer un emploi dans ce même secteur.
Aussi, nous avons mis en place ce programme dont la première phase consiste en un diagnostic technique et comportemental  des personnes concernées, à savoir toute personne volontaire ayant travaillé au moins deux ans dans le secteur. Pour cela, les candidats doivent répondre à un  inventaire de compétences et un questionnaire standard très complet destiné à identifier leurs points forts et leurs lacunes techniques.
Sur base des résultats, nous mettons en place un plan de formation, et ce, grâce à notre réseau de banques, beaucoup d’entre elles mettant à disposition de l’IFBL un «assesseur», souvent des responsables des ressources humaines. Avec chaque candidat, l’assesseur mène une entrevue d’orientation et met en place un plan de développement qui vise l’accélération de sa recherche de travail.
Vers quoi débouche cette entrevue d’orientation ?
Les candidats doivent pallier leurs éventuelles lacunes techniques en suivant des modules de formation auprès de l’IFBL correspondant au plan de formation spécialisé réalisé par l’assesseur pour chacun des candidats. Les formations sont financées par le ministère du Travail et de l’Emploi et le Fonds Social Européen et l’objectif final pour les candidats est d’obtenir la certification «Fit for Financial Markets», un socle commun de compétences.
Ce certificat constitue un précieux sésame sur le CV lors de l’envoi de candidatures à des structures actives dans le secteur bancaire.
Précisons que l’on peut aller au-delà du socle commun, en suivant des formations techniques  supplémentaires, toujours auprès de l’IFBL. Le programme donne aussi des formations en développement personnel (CV, entretiens, marketing de soi,… ), qui donne des enseignements essentiels ciblés sur la recherche d’un travail.
Quelles sont les formations les plus demandées ?
Pour préparer l’examen, nombreuses sont les personnes qui affichent des lacunes dans les domaines de la comptabilité, des produits financiers ou encore de la réglementation.
Sinon, ce sont des formations très en phase avec les besoins du marché, des formations relatives aux fonctions de contrôle, à savoir la conformité (ndlr : compliance), au risque, aux aspects réglementaires ou encore à la récente directive européenne AIFMD. Ces formations sont destinées aux personnes désireuses d’occuper ou de réintégrer des postes à responsabilité.
Comment s’organisent ces formations, comment sont-elles dispensées ?
Elles ont été mises en place en 2010 et sont organisées par cycles. Deux cycles par an sont prévus, ce qui nous mène à huit au stade actuel des choses, chacun d’entre peux pouvant accueillir environ cent personnes. Je tiens à souligner que la demande est importante et fait donc suite aux licenciements de masse qui ont eu lieu dans le secteur.
Je tiens à souligner que l’IFBL mène un projet plus ambitieux encore, destiné aux seniors, et baptisé «Relancer ma carrière».
 
De quoi s’agit-il ?
Il s’agit d’un projet plus «grand public», qui dépasse le seul cadre des profils de chômeurs anciennement actifs dans le secteur financier ; il vise tous les chômeurs de plus de 45 ans. Ici aussi, il convient de dresser un bilan de compétences du chômeur et de l’accompagner dans sa recherche d’un emploi, quel que soit le secteur dans lequel il était actif.
Nous pouvons, dans le cadre de ce projet, nous targuer de prendre le relais de l’ADEM, en proposant des services variés comme la préparation au recrutement des candidats, l’utilisation des réseaux, etc. La démarche est pluridisciplinaire, la population et les problématiques étant très différentes de celles ayant trait au programme «Fit for financial markets».