Une transition tout en douceur
Les professionnels avaient senti le vent tourner dès que les effets de la crise de 2008 se sont fait sentir, donc bien avant l’annonce officielle en avril 2013 de l’abandon progressif de ce qui était une des marques de fabrique de notre place financière: le secret bancaire. Ils ont donc eu le temps de se préparer à cette mutation et de démontrer, au passage, que la confidentialité n’est pas le seul argument du Grand-Duché. Traditionnellement pluridisciplinaire, multiculturelle et ouverte à l’international, la place financière luxembourgeoise est solidement armée pour rebondir et faire bonne figure face à une concurrence qui s’est élargie, passant de quelques places connues pour être fiscalement accueillantes au monde entier.
Le secteur de la banque privée, qui est concerné au premier chef par cette vague réglementaire visant davantage de transparence, a su amorcer le virage en ajustant son business model. Il se réoriente peu à peu vers une clientèle très riche comme l’indique le rapport présenté par le Private Banking Group Luxembourg lors de son assemblée générale du 18 juin. Il révèle que l’exode tant redouté n’a pas eu lieu, même si le nombre de clients qui détiennent moins de 250.000 euros a accusé un léger recul, tout comme la part des actifs sous gestion qu’ils représentent. Cette dernière est passée de 7 à 5,4% en un an, tandis que, dans le même temps, les fortunes de plus de 10 millions d’euros ont vu leur part augmenter de 4 points, passant de 51% à 55%.
L’arrivée des unes compensant le départ de autres, l’équilibre est atteint, mais les paramètres ont changé. Ces clients très fortunés, de plus en plus nombreux, exigent des produits plus sophistiqués obligeant les banques à redoubler de créativité, de souplesse et de compétences. Une bonne chose pour la compétitivité et l’image de la place, au final. MT