Un engagement sans faille
Fraîchement promu à la tête de la Chambre des Métiers où il succède à Paul Ensch, Tom Wirion n’est pas nouveau dans la maison puisque cet ancien avocat y plaide la cause artisanale depuis quinze ans et y est l’instigateur du département juridique et du point Contact Entreprise.
Il aurait voulu devenir journaliste spécialisé, mais c’est finalement vers le métier d’avocat que Tom Wirion s’est orienté, une profession qu’il a exercée pendant un peu plus de cinq ans au Barreau de Luxembourg, après avoir obtenu une maîtrise universitaire en droit, complétée par un master en études politiques et administratives européennes. «Les prétoires m’ont toujours fasciné, explique-t-il, j’ai visionné beaucoup de films sur la justice américaine dans ma jeunesse et je n’ai pas été déçu par mon expérience au Barreau. Je plaidais au tribunal presque tous les jours et je trouvais passionnant de défendre des causes avec conviction, en ayant du verbe, en essayant de trouver les bons arguments et d’être suffisamment flexible pour réagir face aux juges. C’était un véritable ‘live show’!».
Tom Wirion prend pourtant un virage décisif dans sa carrière en rejoignant la Chambre des Métiers en 1999. Recruté pour mettre sur pied un service juridique qui n’existait pas encore à l’époque, il se concentre d’abord essentiellement sur la rédaction d’avis sur les projets de lois et de règlements grand-ducaux, puis ses attributions évoluent progressivement vers les domaines «multi-facettes» que sont la création et la transmission d’entreprises. C’est d’ailleurs à Tom Wirion que l’on doit la création du guichet unique Contact Entreprise, qui intègre également le volet affaires européennes et Grande Région. «La Chambre des Métiers, dont les missions ont été redéfinies et modernisées par la loi de 2011, est aujourd’hui devenue, à côté de son rôle institutionnel, un fournisseur de services pour les entreprises qui se créent ou qui veulent se développer», souligne-t-il. Et d’ajouter: «Je viens de quitter ce département qui me tenait à cœur, mais le contact n’est, bien sûr, pas rompu et le challenge qui m’attend désormais est tout aussi intéressant».
En effet, depuis le 1er février de cette année, près de cinq ans après avoir été nommé directeur adjoint, Tom Wirion endosse la fonction de directeur général de la Chambre des Métiers à la tête d’une équipe de direction rajeunie et qui, pour la première fois dans l’histoire de l’institution, compte une femme. Les défis qu’il aura à relever sont nombreux. Le premier auquel il se trouve confronté, de taille, est celui de réussir à pallier la pénurie de main d’œuvre qualifiée dans un secteur qui embauche mais qui reste victime de l’inexistence d’un concept cohérent d’orientation professionnelle et souffre d’un manque d’attractivité, notamment auprès des jeunes. L’heure est donc venue, selon Tom Wirion de «faire un bilan sans complaisance d’une réforme qui a été mal amorcée pour la remettre sur les bons rails, mieux l’encadrer et donner davantage de moyens aux équipes qui s’en occupent», mais aussi de montrer à la jeunesse, à travers une campagne de communication moderne associant le gouvernement, que l’artisanat est porteur de nombreuses perspectives de carrières à tous les niveaux de qualification et dans une grande diversité de métiers. Sur ce point encore, Tom Wirion rappelle l’importance de «créer des passerelles entre l’école fondamentale et l’enseignement secondaire pour que cette transition sensible se passe au mieux et en toute connaissance de la réalité économique».
Quant à sa vision de l’avenir de l’artisanat au Luxembourg, si Tom Wirion n’a pas de projection toute faite à nous livrer, il s’est fixé pour objectif de rassembler les membres de son institution, les élus et les entrepreneurs intéressés autour d’une table pour discuter des évolutions qui se profilent et les analyser afin de permettre aux entreprises de se réinventer en conséquence. «Il est essentiel non seulement de réagir, mais surtout d’être proactif, face aux nouvelles opportunités qui s’annoncent», indique-t-il. «Le développement durable, qui est un fil conducteur dans le programme gouvernemental, en est une, au moins pour le secteur de la construction qui regroupe 70% des entreprises artisanales. Les maisons passives et l’assainissement énergétique représentent un marché annuel potentiel d’environ 420 millions d’euros et les énergies renouvelables un marché de plus de 200 millions d’euros par an. Pour aider les entreprises à relever ce défi, nous avons, par exemple, mis sur pied une formation spécifique avec le prestigieux Passivhaus Institut Feist. Elle débouche sur le label Energie fir d’Zukunft + délivré par la Chambre des Métiers aux personnes qui ont suivi et réussi un test international. Les résultats sont très bons, l’intérêt est énorme et les entreprises ont raison de prendre les devants puisque, à partir du 1er janvier 2017, la législation imposera la construction de maisons passives», ajoute-t-il.
A 44 ans et alors que sa carrière prend de plus en plus d’envergure, Tom Wirion a du renoncer, le temps de trouver son rythme de croisière au niveau professionnel et de voir grandir ses enfants, à la pratique du tennis et à son engagement social pour se consacrer essentiellement à son travail et à sa famille qui lui permet de garder un équilibre. Mais ce n’est que partie remise: «Je m’engagerai de nouveau dans la société dès que ce sera possible parce que je pense que c’est important et que, dans le secteur associatif, on manque de gens impliqués», conclut-il. En attendant, il se relaxe en lisant des romans historiques ou qui traitent de l’actualité économique et politique, et en voyageant. MT