Pour avancer, il faut coopérer

Ce pourrait être la devise du Chairman & Managing Director de Telindus, Gérard Hoffmann, qui voit dans l’alliance entre les acteurs publics et les opérateurs alternatifs la clé du succès de la place ICT luxembourgeoise. D’abord parce que cette collaboration permet d’attirer davantage d’entreprises au Luxembourg, mais également parce qu’elle permet de progresser de manière plus efficace sur les dossiers urgents. Interview.

Source photo: Telindus

Les opérateurs privés et publics sont soudés pour promouvoir la place luxembourgeoise à l’étranger. Quel est l’enjeu?

Le Luxembourg est un marché si restreint que nous en avons tous atteint les limites. Notre seule échappatoire est donc de nous exporter. Nous sommes évidemment plus forts pour promouvoir le Luxembourg lorsque nous unissons nos efforts. Le gouvernement agit via la plateforme ‘Luxembourg For Business – Proud to promote ICT’, alors que le secteur privé le fait par le biais de la confédération des associations patronales du secteur, ICT Luxembourg, qui sera bientôt renforcée par la création d’une asbl. D’un côté comme de l’autre, nous avons un intérêt commun à vendre les datacentres et le site luxembourgeois comme point de base pour des activités qui desservent l’Europe. Cet axe, encore méconnu il y a quelques années seulement, a véritablement commencé à émerger avec l’arrivée de LuxConnect en 2006. Nous avons vu de nombreux acteurs débarquer depuis et ce succès ne fait que se confirmer.

 

Comment Telindus contribue-t-elle à son échelle à faire du Luxembourg un centre d’excellence pour les activités liées aux technologies de l’information et de la communication, comme le vise le gouvernement?

Notre département commercial, dont la vocation est de rechercher des opportunités de vente à l’étranger, nous a déjà permis d’attirer au Luxembourg un certain nombre de clients internationaux comme Nexon, Big Fish, Innova ou encore Gandi.

Je pense qu’il est important pour le Grand-Duché de pouvoir proposer une offre diversifiée grâce à la présence de plusieurs acteurs et à l’existence de plusieurs modèles. En tant qu’opérateur alternatif, nous avons choisi de travailler en partenariat avec LuxConnect pour ce qui est des datacentres et de la connectivité.

 

La protection des données occupe le devant de la scène avec, d’une part, les récents scandales comme l’affaire Snowden et d’autre part, le défi Big Data qui se profile. Qu’est-ce que cela implique pour les fournisseurs de services?

Nous enregistrons effectivement un besoin accru en sécurité. La protection des données devient un argument très fort pour le site luxembourgeois compte tenu, notamment, de son historique dans le secteur financier. Les sociétés PSF comme la nôtre ont une grande pratique de la confidentialité liée au secret bancaire. S’ajoutent à cela le renforcement, ces dernières années, de la supervision par la Commission Nationale de la Protection des Données et la législation en la matière attendue dans les dix-huit mois pour laquelle l’université du Luxembourg mène un projet de recherche qui vise à créer un cadre législatif et régulateur unique en Europe en impliquant les acteurs concernés. Nous en sommes partenaires parce que nous sommes convaincus de l’importance d’investir dans l’innovation. Le Luxembourg excelle en matière de sécurité des données et il ne se différencie pas uniquement par le coût, mais par des compétences pointues. Je pense qu’il a vraiment une carte à jouer et Telindus figurera certainement parmi les premiers acteurs dans le domaine.

 

Toutes les conditions semblent réunies pour faire du Luxembourg LE hub ICT de l’Europe. Y a-t-il néanmoins des lacunes dans le système?

Les acteurs du secteur sont régulièrement confrontés à un problème de ressources humaines. Le fait d’investir dans l’université contribue à améliorer cette tendance, mais il faudrait également agir davantage au niveau des écoles et  rendre le pays suffisamment attractif pour les immigrés, par exemple en améliorant les connexions vers les grandes villes européennes et en développant les activités de loisirs et les infrastructures de tourisme.

Ce qui nous aiderait également serait une meilleure intégration de la coopération entre les secteurs public et privé. Nos fédérations plaident actuellement pour la mise en place d’un haut comité de l’ICT, un endroit où tous les acteurs se rencontrent de manière régulière et développent ensemble la démarche de promotion et le cadre réglementaire, comme cela a été fait pour la place financière et pour l’industrie manufacturière. De nombreuses opportunités ne sont pas traitées suffisamment vite, à mon sens, par manque de discussion entre les différents acteurs. Nous accusons, par exemple, un retard assez considérable dans l’ajustement que le Luxembourg devra opérer avant le 1er janvier 2015 concernant la TVA qui ne s’appliquera plus dans le pays d’origine mais dans le pays de destination, ce qui est un virage important pour l’e-commerce. Nous n’avons toujours pas élaboré une démarche cohérente pour mettre en place un one-stop-shop.

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