De la communication transparente des performances environnementales des produits de construction
La prise en compte de préoccupations environnementales lors d’un projet de construction ou de rénovation est une tendance qui se développe. Il est donc de plus en plus demandé aux industriels d’afficher les caractéristiques environnementales des matériaux qu’ils produisent. Pour ce faire, la Déclaration Environnementale de Produit ou EPD est l’outil de communication normé de référence. Le cimentier luxembourgeois Cimalux l’a choisie pour mettre à disposition les données relatives à la performance de ses produits, comme l’a expliqué Christian Rech, lors de la conférence «Luxembourg Green Building – La communication environnementale dans le secteur de la construction» organisée, le 21 novembre, par le Pôle d´Innovation Technologique de la Construction Durable, Neobuild.
Le développement durable est un thème central des politiques européennes à l’aune duquel sont discutés tous les domaines sociétaux. Le secteur de la construction n’échappe pas à ce débat. Au sein de l’Union européenne, les bâtiments consomment 40% de l’énergie finale et sont responsables de 28% des émissions de gaz à effet de serre. La construction génère, de plus, de grands flux de matériaux et, de par l’échelle d’espace et de temps sur laquelle il faut considérer l’espace bâti, impacte considérablement notre société, notre environnement et notre économie.
Au niveau international (ISO/TC59/SC17) et européen (CEN/TC350), un cadre normatif visant à établir des règles d’harmonisation des méthodes d’évaluation de la contribution des ouvrages de construction au développement durable a été établi. Ainsi, des principes de base, des exigences minimales, des lignes directrices et une terminologie commune sont définis tant pour l’évaluation de la durabilité des bâtiments que pour la communication d’informations environnementales des produits de construction au travers d’EPD .
L’EPD d’un matériaux ou produit de construction fournit des indicateurs sur les impacts environnementaux générés par sa production. Une partie de ces indicateurs sont repris à titre d’exemple en souligné dans le tableau ci-dessous [Fig.2]. Ces impacts sont déterminés à l’aide d’une analyse de cycle de vie. Des règles précises et spécifiques à chaque famille de produits déterminent les limites de cette analyse afin d’en assurer la transparence. Si cette approche a le mérite d’établir de façon scientifique les impacts d’un produit de construction sur l’environnement, l’évaluation de ces impacts dans le contexte global d’un bâtiment reste complexe.
Il est, en effet, établi dans l’ensemble des règlementations européennes comme dans les systèmes d’évaluation et de certification de la construction durable, que l’écologie est l’un des –au moins- trois piliers ou domaines d’évaluation. Ainsi, le poids des impacts environnementaux de la production de ciment et de béton sur le bilan écologique de la construction d’un immeuble de bureau type en béton armé représente à peu près 30%. En procédant à l’évaluation suivant le référentiel de certification DGNB de l’incidence sur le développement durable de l’utilisation de béton, chapes et enduits à base de ciment sur l’ensemble du cycle de vie de ce bâtiment, la production de ciment représente une contribution de 0,5% à 1,5%.
Ceci est dû au fait que beaucoup d’autres aspects doivent être évalués et pris en compte dans cette approche: l’incidence sur le confort et la santé, la durabilité, la résistance au feu, la disponibilité et le savoir faire local, la maintenance, les possibilités de modifications fonctionnelles, la pérennité de la valeur patrimoniale, etc.
Cet ensemble de qualités techniques et fonctionnelles et d’incidences à différents niveaux économiques, environnementaux et sociaux détermine la contribution au développement durable d’un bâtiment. De ce fait, la comparaison des indicateurs fournis par les EPD de différents matériaux de construction pour déterminer lequel est le plus écologique n’a pas de sens. Non seulement les unités fonctionnelles retenues diffèrent (1 m3, 1 to, 1m, etc.), mais de plus, ce que l’on va ou peut faire de ces matériaux et l’incidence finale sur le développement durable n’est pas définissable ici. L’évaluation ne peut par conséquent se faire qu’à l’échelle du bâtiment pour un scénario de cycle de vie établi. Il importe donc de concevoir en faisant des choix écologiques et durables de matériaux et non des choix de matériaux ‘écologiques’.
Les industriels se doivent de soutenir l’ensemble du secteur à développer ses compétences dans le domaine de la construction durable. Celle-ci est un formidable levier concourant à assurer la compétitivité de ses acteurs d’une part et une nécessité au maintien à long terme de conditions de vie de qualité pour tous. La communication transparente des performances environnementales des produits de construction et le développement des compétences nécessaires à leur évaluation en sont une contribution.
(1) EPD – Environmental Product Declaration, EN 15804 / ISO 14025