Le Kirchberg, un quartier d’affaires? Plus seulement!
Le Fonds d’urbanisation et d’aménagement du Plateau de Kirchberg a eu un mois de juillet chargé. Quelques jours après avoir présenté son rapport annuel 2012, l’établissement public a dévoilé plus tard son projet d’urbanisation du front sud de l’avenue Kennedy, qui n’est qu’un des nombreux projets qu’il mène de front. Avec une offre de logements qui s’étoffe sans cesse et des espaces tertiaires qui continuent à voir le jour, le plateau s’oriente résolument vers la mixité. Au total, ce sont quelque 30.000 employés et 16.500 résidents supplémentaires qui y sont attendus à terme.
© Rol SCHLEICH Image aérienne du Plateau de Kirchberg 2007
Comme l’a souligné le ministre du Développement durable et des Infrastructures, Claude Wiseler, en préambule de la présentation du rapport d’activité 2012 du Fonds Kirchberg, bon nombre de bâtiments qui sont aujourd’hui parfaitement intégrés dans le paysage n’existaient pas encore il y a dix ans à peine. D’autres commençaient tout juste à sortir de terre à l’image de la Philharmonie, du Mudam, du centre de conférences, de la Cour de Justice, de la BEI, de l’extension de la Cour des Comptes, du musée de la forteresse ou de l’hôpital Kirchberg. Autant d’édifices qui sont entre-temps devenus emblématiques du plateau. Et c’est sans compter les logements.
L’année 2012, à l’instar de cette dernière décennie, a été productive pour l’établissement public Fonds Kirchberg qui est chargé de coordonner l’aménagement du site. Elle s’est achevée sur un bilan financier équilibré avec 286.688.159 euros de fonds propres, 276.772.418 euros de réserves et 9.915.740 de dotation étatique.
Le travail est cependant loin d’être achevé. Sont au programme dans les années à venir – et, pour certains chantiers, déjà en cours-: le réaménagement urbain de la porte de l’Europe, des accès routiers de l’entrée Est et du pont Grande-Duchesse Charlotte -dit pont Rouge- pour accueillir le tram, la création de huit arrêts de tram le long de l’avenue J.-F. Kennedy (soit un tous les 500 mètres), l’urbanisme du Quartier Européen Nord, la création de commerces, bureaux et logements face à la Philharmonie pour répondre aux besoins relatifs à la politique d’expansion des institutions européennes, l’arrangement du front bâti Nord de l’avenue J.-F. Kennedy et l’étude urbanistique du front Sud de l’avenue J.-F. Kennedy.
C’est sur ce dernier point que l’accent a été mis lors d’une conférence donnée par le Fonds Kirchberg le 23 juillet dernier en vue de révéler au grand public le projet élaboré conjointement par Urbis bureau voor stadontwerp, Witteveen + Bos, Raadgevende Ingenieurs et Bosch Slabbers Landscape + Urban Design. Le site concerné est encore vierge à ce jour. Il s’étend sur une bande étroite de 16 hectares et 1,5 kilomètres de long, entre la place de l’Europe où se trouve la Philharmonie au carrefour Bricherhof qui se situe un peu avant le bâtiment de Clearstream en venant du centre-ville. La construction d’un quartier mixte, qui se composera principalement de logements mais comprendra également de 44.000 m2 de bureaux, y est prévue.
Le projet ne devrait pas ‘écraser’ le quartier à caractère villageois du Weimershof, mais bien constituer une transition douce entre les grands bâtiments du front Nord de l’avenue et les maisons et résidences de la rue des Muguets en contrebas de la rive Sud. Le site visé a été scindé en deux parties: la zone A qui commence place de l’Europe et s’arrête juste avant d’Coque, où les constructions se positionneront perpendiculairement à l’avenue J.-F. Kennedy de manière à conserver des percées visuelles vers la vallée, et la zone B qui couvre le reste du site et sera constituée de bâtiments conçus ‘en escalier’ pour suivre la pente naturelle du terrain et éviter l’effet ‘muraille’.
Dans une zone comme dans l’autre, d’une part, les édifices les plus hauts et le bâti le plus dense seront réservés aux abords directs du boulevard principal et, d’autre part, des espaces verts et des chemins piétons seront aménagés. Une partie paysagée, d’ores et déjà baptisée ‘promenade des Fleurs’, partira de l’avenue J.-F. Kennedy à hauteur du centre sportif et aquatique pour déboucher plus bas, rue du fort Thüngen, sur un espace public, le futur ‘parc du Vallon’, situé dans le prolongement naturel de la colline qui monte de Clausen au Kirchberg. Dans la zone A, qui sera la plus dense car elle se trouve face aux grands bâtiments du quartier Européen Nord, de nombreuses terrasses offriront un point de vue sur le fond de la vallée et sur le nouveau parc. Alors que dans la zone B, plusieurs placettes plus large côté plateau du Kirchberg que côté Weimershof assureront la transition entre les deux quartiers. Le long des jardins des maisons existantes de la rue des Muguets, un fossé végétalisé recueillera les eaux de ruissellement pour les évacuer en cas de fortes pluies vers le bassin de rétention prévu dans le parc du Vallon.
2.000 résidents devraient tout de même venir peupler ce nouveau site, ce qui ne représente finalement ‘que’ un huitième des 16.400 habitants qui sont attendus à terme sur le plateau et se répartiront entre les quartiers du Kiem où la SNHBM a programmé la construction de cinq immeubles, Reimerwée et Grünewald où un troisième bloc d’immeubles verra le jour. L’offre de logement sera donc développée en conséquence, ce qui selon Claude Wiseler, devrait avoir «une incidence positive sur les prix du marché».
Le quartier dans son ensemble connaîtra également une augmentation de sa population active. 30.000 postes de travail supplémentaires devraient être créé sur le site, dont 5.000 au sein des institutions européennes.
Cet afflux de population générera des besoins accrus en mobilité et nécessitera des aménagements de taille au niveau infrastructurel. L’arrivée du tram devrait permettre de résoudre une partie du problème. Mais, pour permettre son passage, le pont Grande-Duchesse Charlotte devra d’abord être élargi d’une cinquantaine de centimètres de chaque côté et 150.000 tonnes de remblais sont d’ores et déjà venus combler le fossé qui se trouvait devant la Cour de justice européenne pour élargir la route. La construction d’une gare ferroviaire reliée au plateau par un système de funiculaires sous le pont Rouge permettra également de désengorger le site. En outre, la création de nouveaux logements pourrait être un vecteur de ‘sédentarisation’ pour les personnes travaillant sur le site.