L’art de ménager la chèvre et le chou

Un des évènements phare de ce mois en matière de politique luxembourgeoise a été le discours sur l’état de la Nation prononcé le 10 avril par Jean-Claude Juncker. Outre la question du secret bancaire qui a fait couler beaucoup d’encre bien au-delà des frontières, c’est sur les finances publiques que le Premier ministre était attendu au tournant.

Le discours se voulait rassurant. En substance, le message qui revient comme un leitmotiv est que la situation est grave mais pas désespérée, pas au point d’en perdre le contrôle en tout cas. La dette publique augmente et elle le fait bien trop vite, certes -elle est passée de 2,5 milliards d’euros ou 6,7% du PIB en 2007 à 11,4 milliards ou 25% du PIB aujourd’hui-, mais elle n’a pas atteint le niveau record qu’elle affichait dans les années 60 et elle n’est pas aussi spectaculaire que chez nos voisins européens.

Face à une opposition alarmiste, Jean-Claude Juncker n’est pas à court d’arguments: "Nous payons les salaires et pensions les plus élevés en Europe, nous avons le deuxième meilleur taux de chômage, le plus de contrats de travail à durée indéterminée, les charges sociales les moins élevées, l’endettement et le déficit les moins élevés et nous payons moins d’impôts que nos voisins".

Quant aux efforts qui devront être consentis pour atteindre l’équilibre au niveau des finances publiques non pas en 2014, comme initialement prévu, mais au mieux en 2016, au pire en 2017, ils ne sont pas au goût de tous: le taux de TVA augmentera -oui, mais en restant un des plus bas en Europe-, les investissements seront maintenus au niveau de 2013, les crédits pour la recherche, l’innovation et l’université continueront à croître, mais à un rythme moins soutenu, les frais de fonctionnement de l’Etat seront réduits, les aides au logement et le financement de l’assurance dépendance seront réévalués, la préretraite-solidarité sera supprimée, les aides au réemploi seront diminuées… Pour Jean-Claude Juncker, même s’il faut se serrer un peu la ceinture, il ne s’agit en aucun cas d’hypothéquer l’avenir du pays en prenant des mesures contreproductives pour la croissance, l’emploi et la consommation.     MT

 

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