Combattre les idées reçues
Le 16 mai, la Fédération des Organismes Prestataires d’Aide et de Soins organise la première Journée nationale des foyers de jour. Le but est de permettre au public de mieux connaître le fonctionnement de ces structures au sujet desquelles circulent bien des a priori, la diversité des activités qu’elles proposent et le rôle qu’elles jouent dans le cadre du maintien à domicile des personnes dépendantes.
Interview de Monique Putz, chargée de missions communication et Evandro Cimetta, coordinateur général.
Pour commencer, pourriez-vous revenir sur l’historique de la COPAS et nous expliquer quel est son rôle?
E.C.: La COPAS a été créée en 1997 par différents prestataires de soins existants qui, voyant venir une modification de leur cadre de fonctionnement, se sont réunis en fédération –une confédération à l’époque- pour donner aux autorités un partenaire de discussion fort dans le cadre de la mise en place de l’assurance dépendance au 1er janvier 1999. L’assurance dépendance, comme son nom l’indique, nous assure contre le risque financier lié à la dépendance, au même titre que nous sommes assurés contre le risque financier lié à la maladie. Le Luxembourg a été le deuxième pays à introduire cette nouvelle branche de la sécurité sociale après l’Allemagne. Rapidement après sa création, l’action de la COPAS s’est étendue à d’autres domaines, car le financement ne couvre pas l’entièreté des enjeux auxquels sont confrontés les prestataires. Cette évolution est permanente: la COPAS s’adapte toujours et de plus en plus à l’ensemble des besoins de ses membres. La COPAS regroupe tous les prestataires de soins de longue durée, extérieurs au monde hospitalier: les maisons de soins, les foyers de jours, les centres intégrés pour personnes âgées (CIPA), mais aussi les prestataires dans le domaine du handicap, les réseaux d’aide et de soins à domicile, les prestataires de psychiatrie extra-hospitalière, soit 48 membres au total. Elle compte parmi ses membres les employeurs les plus grands du pays: près de 10.000 salariés sont concernés qui travaillent pour environ 130 structures.
Depuis quand les centres de jour existent-ils? Et dans quel contexte ont-ils été créés?
E.C.: Tout comme la dépendance elle-même, les foyers de jour existaient déjà avant l’introduction de l’assurance dépendance. Leur nombre et les possibilités d’activités étaient, bien entendu, largement inférieurs à ce qu’ils sont aujourd’hui. Vous donner la date précise de naissance du premier centre de jour m’est donc impossible. En revanche, le centre de jour dans sa forme actuelle a une date de naissance: le 1er janvier 1999. Ceci n’a rien à voir avec l’assurance dépendance, mais avec un autre dispositif mis en place à la même époque: la loi d’établissement ou loi ASFT qui est sous la tutelle du ministère de la Famille. Les structures antérieures fonctionnaient selon un système de convention, de subvention, voire sur base du financement des clients, et les moyens financiers en jeu étaient nettement moindres. Sachant que le nombre de personnes dépendantes aurait tendance à se développer, le gouvernement en place à l’époque a décidé de mettre en place, parallèlement à un système de financement, un cadre légal pour exercer ce type d’activités. C’est dans cette loi que nous retrouvons la dénomination légale de ces foyers qui s’appellent des centres psycho-gériatriques, ainsi que la prescription de conditions minimales d’exploitation concernant l’architecture et la sécurité mais aussi le volume et la qualification du personnel, ce qui est pour nous très positif.
Combien y en a-t-il aujourd’hui et comment sont-ils répartis géographiquement?
M.P.: Il en existe une trentaine à ce jour qui sont répartis sur l’ensemble du territoire national, à raison de six centres dans la région Nord du pays, six dans l’Est, neuf dans le Centre, deux dans l’Ouest et sept dans le Sud. Ils offrent 528 places au total et sont fréquentés par 738 usagers, dont la quasi-totalité bénéficie d’une prise en charge par l’assurance dépendance.
E.C.: L’ouverture d’un foyer de jour est une initiative privée qui peut se faire en collaboration avec l’une ou l’autre commune désireuse de proposer ce service à ses citoyens. La proximité du foyer avec le lieu d’habitation est un élément primordial. Nous sommes en présence de personnes vulnérables pour qui il est positif de raccourcir les trajets. C’est pourquoi j’estime qu’il pourrait y avoir davantage de centres, même si aujourd’hui 85% des usagers ont moins de 25 kilomètres à parcourir pour se rendre à leur foyer de jour.
Par qui sont-ils gérés et comment sont-ils partagés entre les différents organismes?
E.C.: Pour comprendre le fonctionnement des foyers de jour, il est important de les mettre en relation directe avec les réseaux d’aide et de soins à domicile. L’assurance dépendance pose le postulat de permettre à la personne dépendante de rester le plus longtemps possible chez elle. Elle devait donc évidemment prévoir un système de prestation et de financement de soins à domicile, mais il fallait aussi permettre aux personnes dépendantes de sortir de leur isolement par le biais de ces centres de jour, qui font pour la plupart partie intégrante des réseaux. 78% des usagers des centres ont également recours aux services d’un réseau d’aide et de soins. D’autres centres de jour, ceux de l’ALA (Association Luxembourg Alzheimer), ont historiquement une autre démarche qui consiste à offrir un cadre adapté aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et à leur entourage pour vivre au mieux cette situation. Ils existaient déjà eux aussi avant l’introduction de l’assurance dépendance et sont aujourd’hui encore restés dans cette tradition.
Y a-t-il des passerelles entre les prestataires?
E.C.: Un des grands principes de l’assurance dépendance est que le prestataire s’engage à offrir une prise en charge globale. Cette obligation n’est pas une contrainte pour nous, mais une évidence. Il existe donc, bien entendu, des collaborations entre les prestataires, qui sont formalisées dans une convention entre la COPAS et la Caisse Nationale de Santé. Par exemple, si un des prestataires s’occupe des soins à domicile et que le centre de jour le plus proche pour le client concerné est géré par un autre prestataire, rien ne s’oppose à ce qu’il fréquente ce centre. La COPAS a cette particularité de réunir régulièrement les différents prestataires autour d’une même table pour discuter dans l’intérêt du secteur et faire en sorte que le dispositif fonctionne au mieux. Au niveau de la fédération, on ne ressent pas la concurrence.
Quel est l’intérêt de ce type de structure pour les personnes dépendantes et pour leur entourage?
M.P.: Pour la personne âgée ou dépendante, l’accueil en centre de jour permet de lutter contre l’isolement social et de maintenir, voire d’améliorer, son autonomie en lui proposant des activités adaptées. L’accueil en centre de jour étant pris en charge par l’assurance dépendance, l’aspect thérapeutique est très important. Mais une des principales missions de ces foyers est aussi de soulager les aidants informels, de leur assurer un peu de répit.
Plus largement, quel est l’intérêt de ce type de structures pour la société? Leur existence a-t-elle des répercussions financières positives sur l’assurance dépendance?
E.C.: La loi sur l’assurance dépendance mise sur le postulat du maintien à domicile pour permettre aux personnes de vivre le plus longtemps possible dans un état de santé et avec une qualité de vie qui soient la meilleure possible. A titre personnel, je pense qu’on ne peut pas opposer maintien à domicile et placement en maison de soins ou en CIPA. A mes yeux, il s’agit plutôt d’offres complémentaires. Toute personne ne souhaite pas forcément rester à domicile, mais peut choisir d’aller habiter en maison de soins. Je ne pourrais même pas vous dire si une option est moins coûteuse que l’autre. Néanmoins, l’intérêt pour la société existe, et ce indépendamment du type de structure. Il réside dans le caractère de prévention secondaire. Nous sommes en présence de personnes dont l’état de dépendance existe. On peut l’accepter et accepter qu’il se dégrade, mais on peut aussi choisir de stimuler le plus possible ces personnes pour que leur état de dépendance se stabilise et que son avancement soit retardé.
Venons-en à la première Journée nationale des foyers de jour. Quel est l’objectif de cet événement? Quel est le public visé?
M.P.: L’assurance dépendance est un droit. Nous constatons que toute une partie de la population concernée –ayants droit ou professionnels du monde médical- ne connaissent pas ces structures. Notre but est de les faire découvrir au public et de chasser ainsi les idées reçues. Une enquête auprès de personnes bénéficiant de l’assurance dépendance a été menée mais ne fréquentant pas un centre de jour pour comprendre pourquoi elles ne le faisaient pas. Une représentation faussée de ce qu’est un centre de jour et des activités qui y sont proposées ainsi que le manque d’information sont les deux raisons principales qui ont été évoquées. Il est pourtant ressorti de cette enquête un taux de satisfaction des usagers très élevé: 96% d’entre eux sont satisfaits à très satisfaits de leur foyer.
La liste des foyers de jour participants ainsi que les horaires d’ouverture au public sont disponibles sur le site Internet de la COPAS: www.copas.lu ou au 27 17 22. MT