De beaux moments à vivre encore
Avec neuf centres intégrés pour personnes âgées, cinq maisons de soins et une résidence seniors qui offrent une capacité d'accueil totale de 1.600 clients, SERVIOR est le plus grand gestionnaire de structures d’hébergement pour seniors au Luxembourg. Aux personnes qui sont encore en mesure de vivre à domicile, SERVIOR propose des alternatives pour leur faciliter la vie. Dans toutes ses actions, l’objectif premier du prestataire, fidèle à sa devise ‘Den Alter liewen’, est le bien-être des personnes âgées.
Interview de Bernard Braun, directeur général adjoint.
Comment définissez-vous l’autonomie?
L’autonomie est placée très haut dans notre philosophie d’entreprise qui se base sur une vision holistique de la personne. Elle repose sur trois piliers: prendre des décisions soi-même, influencer sa vie active et s’autodéterminer.
Est-il possible de la maintenir ou de la développer chez les personnes âgées? Quelles sont les mesures prises au sein des centres de SERVIOR pour y parvenir?
Le vieillissement est en général un modèle déficitaire: on perd peu à peu son autonomie, ce qui est source d’angoisse. On peut néanmoins retarder cette perte en stimulant la personne dépendante. Souvent, les familles des seniors qui entrent dans une de nos institutions disent à leurs proches: «Tu as travaillé toute ta vie, maintenant tu peux te reposer. Tu n’as plus rien à faire, le personnel est là pour s’occuper de toi». De notre côté, nous souhaitons au contraire que ces personnes restent actives. Elles peuvent nettoyer ou aider à nettoyer leur chambre, par exemple. Cet exercice permet d’activer les muscles et de garder certains gestes. Il en va de même pour l’hygiène corporelle. De plus, quand on se lave soi-même, on a un tout autre rapport avec son corps. L’a priori est souvent négatif car l’activation va de pair avec la douleur, la fatigue et la prise de risques. Etre assis dans une chaise roulante est beaucoup plus facile. Si on essaie de se remettre en mouvement avec un cadre de marche, le risque de chute existe certes, mais on est plus mobile et on participe plus activement à la vie. Notre personnel doit être très vigilant et faire la part des choses entre l’aspect subjectif -ce que le client exprime-, et l’aspect objectif -les ressources qu’il a encore- pour trouver un équilibre entre tout faire à sa place et le sur-stimuler.
Nos centres sont, par ailleurs, équipés d’appareils très sophistiqués de musculation, d’ergothérapie ou de kinésithérapie qui visent à développer le tonus musculaire de nos pensionnaires et à maintenir leur mobilité.
Comment ces activités sont-elles acceptées?
L’acceptation est d’autant plus grande que cela n’est pas présenté comme un travail à but thérapeutique mais comme un jeu, ou même comme une compétition. L’effet d’émulation fonctionne très bien chez les personnes âgées.
L’aspect physique n’est qu’une facette de l’autonomie…
L’autonomie sociale est également très importante. Pour que nos clients sachent encore ce qu’on peut recevoir pour une somme donnée, nous les accompagnons faire du shopping. Nous organisons des sorties culturelles dans les musées, et même des voyages. La semaine prochaine, nous partons avec un groupe de quatorze personnes à Palma de Majorque. Tout est organisé, elles sont encadrées par du personnel qualifié et un partenariat avec l’hôpital local a été prévu en cas de souci. Il est émouvant de voir des gens qui, à 90 ans, font leur premier vol en avion. Si on veut les rendre actifs, il faut aussi miser sur l’émotionnel: il ne faut pas faire pour faire, les activités doivent faire plaisir, être intéressantes et éventuellement permettre de découvrir de nouvelles choses, comme c’est le cas par exemple avec nos cours d’informatique.
Il faut rester mobile dans sa tête également. Nous incitons nos clients à exprimer leur volonté. En aucun cas, le personnel ne prend une décision pour un client. Chacun peut, par exemple, choisir que sa chambre soit nettoyée régulièrement ou pas, élaborer son propre menu au buffet proposé ou participer à la commission cuisine pour des demandes plus spéciales. Le contrat d’hébergement doit être signé par le client lui-même. Ni la famille ni les services sociaux ne peuvent placer quelqu’un chez nous. Il est important que les gens décident eux-mêmes de venir vivre en centre intégré ou en maison de soins et ce, quand ils sont encore relativement en forme. Nous les invitons à se familiariser progressivement avec cette nouvelle situation et à comparer nos centres entre eux d’une part et avec ceux d’autres prestataires d’autre part, pour se décider corps et âme. C’est le secret d’une intégration aisée et active. Si ces personnes sont motivées parce qu’elles comprennent que c’est la meilleure alternative pour elles, dans la situation où elles se trouvent, elles peuvent se développer, s’impliquer dans les activités et ont encore de très beaux moments à vivre chez nous. Elles ne sont plus isolées, mais trouvent un nouvel entourage familial. Celles qui viennent sous la contrainte ou avec un moral négatif ont plus de difficultés à s’adapter.
Qu’en est-il de l’autonomie pour les personnes désorientées?
C’est une problématique plus critique car, dans ce cas, l’autonomie va de pair avec la protection de ces personnes qui ont de plus en plus de difficultés à reconnaître le danger. Nous essayons là encore de leur laisser le plus d’autonomie possible en leur donnant un cadre infrastructurel où elles peuvent se mouvoir selon leurs besoins. Notre personnel est formé à comprendre la motivation des personnes désorientées, de manière à anticiper leurs gestes et à les laisser aller le plus longtemps possible jusqu’à ce qu’il y ait vraiment un risque pour elles. Dans la même optique, nous ne les reprenons pas si elles font quelque chose de ‘faux’: si elles enfilent leur veste à l’envers, on les laisse faire, même si cela peut nous paraître un peu étrange.
Parallèlement à la gestion de structures d'hébergement pour personnes âgées, est-ce que vous menez des actions pour soutenir le maintien à domicile des personnes dépendantes?
Nous proposons, en collaboration avec les communes, un service de repas sur roues aux personnes qui ne peuvent ou ne veulent plus assurer la préparation de leurs repas. Nous les produisons et les livrons froids pour que le client puisse réchauffer son plat au moment où il décide de manger. Ces repas sont composés d’une soupe, d’un plat, d’une salade et d’un dessert avec un choix entre deux menus. Ils sont distribués par des personnes qualifiées qui gardent un œil sur les signes annonciateurs d’un problème éventuel de manière à prévenir les situations de détresse. Les clients des repas sur roues bénéficient, comme ceux des maisons de soins et des CIPA, des semaines thématiques que nous offrons au cours de l’année pour apporter de la diversité.
Par ailleurs, nous mettons à disposition des chambres de vacances dans nos centres intégrés, d’une part pour intéresser des clients potentiels à la vie dans une structure, et d’autre part pour soulager temporairement les familles qui s’occupent de leurs proches. Les locataires de ces chambres peuvent naturellement profiter de toutes les autres commodités qui sont offertes, ainsi que des activités thérapeutiques et de loisirs.
Pour permettre aux personnes âgées de s’habituer peu à peu à ce nouveau milieu de vie et à en découvrir les avantages, nous leur donnons aussi la possibilité de passer les après-midis dans nos centres.