La politique au berceau
D’abord avocat, puis politicien, Laurent Mosar a marché dans les traces de son père avec facilité et plaisir même si aujourd’hui son parcours s’éloigne quelque peu de celui-ci. En effet, si ce dernier est devenu Commissaire européen, Laurent Mosar, lui, est resté au Grand-Duché. Toujours inscrit au Barreau de Luxembourg, il donne cependant la priorité à sa carrière politique en occupant le prestigieux siège de président de la Chambre des Députés depuis 2009.
Le 8 février 1958, les fées de la politique se sont penchées sur le berceau du petit Laurent Mosar et, d’un coup de baguette magique, lui ont prédit un chemin proche de celui de son père. «Je suis le fils d’un avocat qui a longtemps été député et chef de groupe avant d’enfiler le costume de Commissaire européen. Je crois, en fait, que la politique était dans mes gènes.» De là à dire que la politique l’a bercé ce serait peut-être exagérer, cependant, «à table, on discutait beaucoup politique. Nous sommes du même bord (ndlr: CSV), mais nous n’étions pas pour autant d’accord sur toutes les questions», assure avec sourire celui qui est aujourd’hui le président de la Chambre des Députés, et tant pis si les deux petits frères qui l’ont suivi étaient moins enclins aux débats devant les assiettes.
Fidèle à Luxembourg, Laurent Mosar suit sa scolarité à Bonnevoie avant de réussir son secondaire à l’Athenée. Pour ses études, par contre, il part s’installer sur les bancs de la faculté de Droit de Strasbourg avant de descendre vers Paris pour suivre les cours de sciences politiques dispensés par les professeurs de la Sorbonne.
A son retour au Grand-Duché, il devient avocat au Barreau de Luxembourg et travaille dans le cabinet de son père, auquel il succèdera lorsque ce dernier sera nommé à la Commission européenne.
Politique 2.0
Il y a beaucoup de dates dans le cv politique de Laurent Mosar publié sur le site de la Chambre des Députés. Pourtant, Laurent Mosar n’en énumère que quelques-unes.
En 1979, il succède à son père alors nommé commissaire européen à la tête du cabinet et s’engage au sein de la section jeune du parti Chrétien Social de Bonnevoie. En 1994, il est élu député et réduit de plus en plus ses apparitions au Barreau car «petit à petit, la politique est devenue prioritaire».
De 2000 à 2005, il exerce un mandat en tant qu’échevin de la Ville de Luxembourg.
Enfin, sans cesse reconduit à son poste de député, il accédera finalement au siège de président de la Chambre des Députés de Luxembourg en 2009.
Pourquoi ces quelques dates? Sûrement parce que ce sont celles durant lesquelles les fonctions qu’il occupe lui permettent d’être réellement au service des administrés. Une proximité de nos jours rendue plus aisée grâce aux nouvelles technologies et à l’ère 2.0 qu’elles ont fait naître.
Pourtant, si l’impression de vivre en effet un contact plus direct avec les personnes lui plaît, Laurent Mosar estime que ces mêmes technologies rendent plus difficile l’exercice de la politique. «La société évolue très rapidement et habitue les gens à exiger cette même rapidité dans tous les domaines.» Pour illustrer ces propos, il fait appel à des souvenirs qu’il évoque avec une pointe de nostalgie. «Lorsque j’ai commencé en tant que député, les citoyens qui souhaitaient attirer mon attention sur des problèmes, ou me poser des questions, rédigeaient et m’envoyaient des lettres auxquelles je répondais toujours même si cela pouvait prendre quelques jours. Aujourd’hui, ils rédigent des emails et sont déçus si la réponse tarde.»
D’une manière générale, selon Laurent Mosar, la façon de faire de la politique a beaucoup changé, grâce, ou à cause d’Internet. Si (heureusement) cela permet de continuer à attirer les jeunes, «je regrette néanmoins que la société de communication fasse pencher la tendance vers une politique de réseaux sociaux et de médias et non plus une politique de terrain, ce qui est dommage, car rien ne vaut une présence physique, un contact humain». Et s’il envisage d’entrer dans la “twittosphère“ ce n’est que parce qu’il s’agit d’«un moyen aisé de véhiculer des idées, des informations, ou même de prendre acte de certains problèmes».
De père en fils?
Toujours inscrit au Barreau, Laurent Mosar se dit très heureux dans ses fonctions et pense, «si mon parti le veut bien», reconduire sa candidature aux législatives de 2014. «Je n’exclus rien», conclut-il simplement lorsqu’il s’agit d’évoquer l’avenir, préférant de loin «laisser parler les électeurs».
En attendant, Laurent Mosar continue d’essayer d’être proche des citoyens en se rendant le plus possible sur le terrain tout en réservant au moins un jour par semaine à sa vie personnelle. Marié et père de deux garçons de 14 et 12 ans, Laurent Mosar a appris à laisser le dernier mot à ses enfants lorsqu’il s’agit de choisir la musique à écouter dans la voiture. «Il y a même certaines chansons que j’apprécie beaucoup», assure-t-il entre deux éclats de rires.
Leur laisse-t-il aussi le dernier mot lorsqu’ils parlent politique? «Ils s’y intéressent beaucoup, ce qui est normal, j’imagine, avec un père et un grand-père engagés».
De là à suivre, à leur tour, les traces de leur père? «Pourquoi pas? Mais je ne les obligerai en rien, parce que je sais, pour l’avoir vécu, les sacrifices et le temps qu’exige ce type de carrière.» FC