«La crise économique doit être utilisée comme un défi»

Alors que l’année se termine, LG a jugé bon de rencontrer Marie-Josée Jacobs, ministre de la Famille et de l’Intégration, pour dresser le bilan de cette année consacrée au “vieillissement actif et à la solidarité intergénérationnelle“. Cette interview est aussi l’occasion d’aborder avec elle la mise en œuvre de la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées.

2012 était l’“Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle“, nous vous avions d’ailleurs rencontré en juin dernier pour évoquer la vie de nos aînés au Luxembourg. Pouvez-vous déjà dresser un premier bilan de cette année?

L’année européenne 2012 avait comme principaux objectifs de favoriser un vieillissement actif au sein de la communauté en soutenant la citoyenneté active et le bénévolat; de favoriser un vieillissement actif sur le marché du travail; d’accroître la coopération et la solidarité entre les générations et de soutenir une vie autonome et en bonne santé des personnes âgées.

Tout au long de l’année, nous avons eu l’ambition de sensibiliser les personnes concernées et les associations sur ces objectifs. Lors de nos actions et manifestations, nous avons tenu à faire participer activement les personnes âgées. Ainsi, elles ont pu faire la démonstration de la contribution précieuse qu’elles apportent à notre société. La participation citoyenne étant un facteur clé du vieillissement actif, nous avons ainsi donné la parole à nos aînés lors de diverses manifestations tels que les “Cafés des âges“ où des personnes de tout âge et de toute culture ont pu échanger sur les défis du vieillissement de notre société.

Nous avons également donné une place importante à la sensibilisation des décideurs politiques locaux sur le vieillissement actif car la commune est le lieu où les personnes âgées passent le plus de temps et où la participation citoyenne se vit au quotidien. Le guide “Seniorenfreundliche Gemeinden“, qui vise à soutenir les communes dans l’élaboration d’un plan d’action afin de créer des opportunités pour favoriser la participation active des seniors dans notre société et que nous avons élaboré avec le Conseil supérieur des Personnes Âgées et le SYVICOL, a connu un écho positif.

Je dois vous avouer que toutes nos activités ont connu un grand succès, notamment grâce à la coopération efficace entre les différents acteurs: les ministères concernés, les instances locales, les associations qui œuvrent en faveur de nos aînés et finalement les personnes âgées elles-mêmes, mais également les plus jeunes générations.
Cette coopération et cet échange sont d’autant plus importants que nous devons définir ensemble comment nous voulons vieillir. L’avis de la population luxembourgeoise sur le vieillissement est très encourageant. La Commission européenne a publié une enquête Eurobaromètre qui donne des informations sur les comportements à l'égard du vieillissement et sur la participation des personnes âgées dans la société. L’enquête révèle qu’au Luxembourg, les personnes âgées de plus de 55 ans sont perçues de manière positive par 82% des personnes interrogées.

Sur base de ces faits encourageants, nous allons bien entendu poursuivre nos efforts pour la promotion d’un vieillissement actif au-delà de l’année 2012.

En 2010, vous expliquiez que «la culture de l’accessibilité s’installait progressivement dans les esprits». Qu’en est-il deux ans plus tard? Cette culture a-t-elle progressé?

Au jour d’aujourd’hui, de nouveaux défis se posent en matière d’accessibilité. La culture de l’accessibilité est en progression constante. En juillet 2011, la Chambre des Députés a adopté une loi qui approuve la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées dont une des visées essentielles est l’inclusion. La Convention onusienne entend permettre aux personnes handicapées de participer pleinement à tous les aspects de la vie, notamment en leur assurant l’accès à l’environnement bâti. L’idée est non seulement d’assurer une intégration des personnes en situation de handicap, mais aussi de faire bénéficier tout citoyen de techniques de construction et d’aménagement des lieux qui promeuvent le confort pour tous. Il s’agit de garantir l’accès aux bâtiments et l’accès aux services qui y sont proposés.

Ainsi, pour des raisons évidentes, le champ d’application de la loi de 2001 relative à l’accessibilité des lieux ouverts au public devra être étendu.
Selon le Plan d’action du gouvernement, ce champ d’action ne doit plus se limiter aux bâtiments publics, mais doit également être étendu au domaine privé. Cette extension visera les nouvelles constructions ainsi que les rénovations substantielles des lieux ouverts au public, qu’ils soient publics ou privés. Parmi ces lieux, on compte notamment les commerces, les restaurants, les cafés, les parcs de loisirs, les cinémas, les banques, les cabinets médicaux, les abribus, les aires de jeux, les gares et bien d’autres.
En ce qui concerne les lieux d’habitation privée, sont visées principalement les parties communes des copropriétés, tels que l’entrée, les corridors, les ascenseurs ou le local poubelle par exemple.

Au-delà de la notion d’accessibilité, un autre défi se pose, celui du “Design for all“. Ce concept vise la création d’un environnement confortable pour tous. A l’avenir, il devra être considéré comme la norme à suivre dans tout projet de construction ou d’aménagement. La conception universelle permettra, à long terme, de garantir l’accessibilité à tous les citoyens sans pour autant que cet aspect ne représente une surcharge financière considérable.

Le “Guide des Normes“, qui répertorie toutes les normes en termes d’accessibilités, a été édité en 2002. Ne faudrait-il pas le réactualiser?

Conjointement à l’extension du champ d’application de la loi de 2001 portant sur l’accessibilité des lieux ouverts au public, une révision du règlement grand-ducal portant exécution de ladite loi s’impose. Le “Guide des Normes“, édité en 2002, était en quelque sorte un “mode d’emploi“ destiné aux professionnels de la construction.
Certes, il n’est pas complètement dépassé aujourd’hui, mais il est prévu lors de l’amendement du règlement grand-ducal précité, de procéder également à une révision de ce guide afin de l’adapter à l’évolution des données en matière d’accessibilité.

Que ce soit en ce qui concerne l’intégration des personnes âgées ou celle de personnes en situation de handicap, les institutions sociales jouent un rôle majeur. Leur travail est-il rendu plus difficile par la crise?

À l’heure actuelle, le secteur des personnes âgées, ainsi que celui des personnes en situation de handicap, ne connaissent pas de coupures budgétaires significatives.
Nous devrons cependant entamer une réflexion commune sur les moyens dont nous disposons et sur l’avenir des projets lancés à long terme, en essayant d’en garder au mieux la portée et la qualité.

La crise économique doit être utilisée comme un défi: un défi qui nous force à mener une réflexion collective sur l’utilisation ciblée des deniers publics. FC

Lire sur le même sujet: