Les déchets organiques doivent être utilisés énergétiquement!

La coopérative agricole Naturgas Kielen, fondée en 2004 par trente agriculteurs, rend depuis 2010 un service de valorisation des déchets organiques et produit des énergies renouvelables sous forme de “biométhane“. Ce gaz purifié et identique au gaz naturel est injecté dans le réseau de distribution de gaz déjà existant. Rencontre avec Nico Godart, le directeur de cette centrale pas comme les autres.

 

La centrale Naturgas Kielen est aujourd’hui achevée. Pouvez-vous nous en expliquer sa raison d’être et son fonctionnement?

Naturgas Kielen est une société coopérative d’une trentaine d’agriculteurs originaires de la commune de Kehlen, un des premiers membres de “Klimabündis“, et de ses communes avoisinantes.
Nous avons toujours eu comme but d’utiliser nos propres sous-produits agricoles (ndlr: lisier, fumier, sillage, etc.), mais aussi de rendre aux communes ou entreprises alimentaires un  service de réception des déchets organiques pour, contrairement à ce qu’il s’est fait jusqu’à présent, les valoriser au sens de la durabilité, c’est-à-dire, énergétiquement.
C’est donc dans ce sens que nous avons installé une station de biogaz pour produire de l’énergie renouvelable. Non seulement nous récupérons les déchets des collectes des poubelles organiques de dix communes, mais également, ceux de la tonte de gazon ou bien des produits alimentaires périmés.

Dans un schéma traditionnel, lors de leur décomposition biologique, ces déchets produisent du gaz simple relâché dans l’atmosphère sans être utilisé. Nous récupérons ce biogaz dans notre processus anaérobique et nous le transformons en “biométhane“.

D’une certaine manière, nous pouvons dire que nous “bouclons la boucle“ puisque ces déchets alimentaires, à la base issus de l’agriculture, sont transformés en énergie renouvelable tandis que leurs dépôts retournent, par épandage, dans les champs. Répandus ainsi dans les sols, leurs nutriments sont réutilisés par les plantes pour pousser et deviennent à nouveau un fourrage ou un aliment.

Au final, nous traitons donc trois différentes chaînes de matières premières pour, en échange, offrir un produit qui se propose d’être transformé en énergie sous trois formes distinctes selon son utilisation.
La première est l’énergie thermique, prête à être utilisée dans toutes les chaudières à gaz naturel. La seconde est l’énergie électrique (ndlr: après combustion dans une cogénération), vient enfin l’énergie cinétique (ndlr: lorsqu’on utilise le “biométhane“ comme carburant pour les voitures qui roulent au gaz).
En fait, la centrale digère les matières organiques en gaz vert, lequel peut être transformé en énergie selon nos besoins.

A plus long terme, notre gaz vert peut servir à produire une “électricité verte“ qui deviendrait alors du carburant pour les voitures électriques. Notre “biométhane“ pourra également être une alternative aux produits de base de la production d’hydrogène.

Ainsi, dans le futur, notre palette de possibilités ne peut que s’élargir.

 

Cette décomposition des matières premières peut faire penser à du compostage.

Notre fonctionnement biologique ressemble à du compostage sans en être.
En effet, si les principes sont les mêmes, nous n’utilisons pas de bois, de branches, ni de terre ou de pierres, et, contrairement au compostage, notre système exclut l’air. Du coup, ce sont d’autres bactéries qui mangent la matière organique et qui produisent le biogaz.
Le processus de la centrale est en fait très similaire à la digestion d’une vache. C’est pourquoi nous disons que la centrale “digère“ les produits.

 

Vous êtes les premiers à avoir eu l’idée de purifier le biogaz pour l’injecter dans le réseau existant. Une idée originale mais qui a eu un prix puisque notre gouvernement vient seulement de fixer la base légale de revente de ce gaz vert…

En effet, seule la production électrique des énergies renouvelables était couverte par une base législative au Grand-Duché.
Notre choix, l’injection de “biométhane“, est une technologie récente pour l’Europe centrale et l’Europe de l’Ouest, même si les Suédois s’en servent depuis les années 1980. Par conséquent, il devient indispensable pour ces pays de mettre en place des bases légales pour la commercialisation de cette nouvelle forme d’énergie renouvelable.

Nous injectons le premier gaz vert du Luxembourg dans le réseau national depuis le 25 novembre 2010. Cependant, depuis le 23 décembre 2011, date à laquelle le texte du RGD a été publié dans le Mémorial, la fin du tunnel est en vue. Dès la première rémunération réalisée, ce problème sera derrière nous.

 

Maintenant que cette étape de base légale est franchie, que faut-il faire pour rendre Naturgas Kielen encore plus efficace?

Ce qui est important pour nous maintenant, c’est de faire passer un message de bienvenue et d’ouverture aux communes ainsi qu’à toutes les entreprises qui ont des déchets organiques.

Grâce à la conception de l’installation, nous avons une grande flexibilité concernant les quantités de réceptions des différentes matières premières.

Dans la même idée que ce que nous faisons déjà pour dix communes, nous nous proposons de réceptionner les déchets organiques des cantines scolaires, de crèches ou de maisons relais par exemple.
Nous avons pour ambition de créer et nouer de bonnes collaborations avec de nombreux nouveaux clients et de toujours traiter de nouveaux produits dans le sens de la durabilité.

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