Une réforme pleine de promesses?

Avec 750 diplômes et certificats CATP/CITP délivrés en 2011, la Luxembourg School for Commerce est le plus grand acteur de la formation professionnelle en ce qui concerne l’apprentissage au Grand-Duché. Ce statut l’a amené à s’impliquer fortement dans la réforme du régime professionnel, une réforme qui était indispensable mais qui doit encore faire ses preuves, si l’on s’en réfère aux dire de Roger Thoss, membre du comité de direction de la LSC.

 

Quel rôle joue la Luxembourg School for Commerce dans l’organisation de l’apprentissage?

Comme vous le savez, la Luxembourg School for Commerce est l’organisme de la Chambre de Commerce pour tout ce qui a trait à l’éducation et à la formation. Elle regroupe les piliers de la formation professionnelle initiale, de la formation professionnelle continue, ainsi que la formation universitaire.

Au niveau de la formation professionnelle initiale, la LSC est au Luxembourg le plus grand acteur: elle a delivré plus de 750 diplômes et certificats CATP/CITP en 2011, et gère chaque année environ 1.600 contrats d’apprentissage.

Dans ce domaine, la LSC reprend le rôle confié par le législateur à la Chambre de Commerce. Nous sommes donc le premier point de contact pour les entreprises qui souhaitent former, ou sont en train de former des apprentis.
Une préoccupation des années 2010 et 2011 fut l’accompagnement de la mise en oeuvre de la réforme de la formation professionnelle au Luxembourg. Lors de ce processus, nous avons participé activement à l’élaboration des profils professionels pour les diverses professions de l’apprentissage, et ceci ensemble avec les entreprises.

De plus, la LSC est impliquée dans la validation des acquis de l’expérience (ndlr: VAE).  Avec ce concept, dont le lancement officiel a eu lieu le 1er mars 2010, nous nous adressons à des personnes qui souhaitent, comme le nom l’indique, valider leur expérience professionnelle afin de recevoir un diplôme. La VAE doit permettre d’évaluer et de reconnaître une grande diversité de compétences acquises tout au long de la vie dans différents contextes. Sachez que la diversification de politiques de l’éducation et de la formation dans le cadre du lifelong-learning réclame des voies plus flexibles de certification.

 

Comment la LSC a-t-elle “vécu” la réforme?

Nous nous sommes impliqués très tôt dans le processus de réforme.  

Ainsi, nous avons accompagné d’une façon positive, voire proactive, les travaux engendrés pour mener à bien la réforme, jugée nécessaire depuis trop longtemps.

La LSC rappelle qu’il faut donner une chance à cette réforme, même si elle rencontre des difficultés de démarrage. J’aimerais cependant en profiter pour lancer un appel aux responsables du ministère pour leur demander de faire preuve de courage en modifiant les textes de loi sur les points où cela s’impose.

 

Depuis la rentrée 2011, toutes les professions de l’apprentissage, sauf le DT technicien administratif et commercial, ont démarré sous le régime réformé. Quels sont selon vous les avantages du nouveau système?

La réforme suit une approche holistique basée sur une organisation modulaire avec une définition de socles de compétences que les apprenants doivent atteindre. Cette approche est différente que la précédente, qui privilégiait les connaissances théoriques, les examens, etc.

Pour nous, un atout de l’approche par compétences est la création de liens entre théorie et pratique, entre savoir et savoir-faire.

La réforme nous a permis de mettre à jour les profils professionnels, élaborés par des enseignants et des tuteurs en entreprise. Les formations des apprentis, que ce soit au niveau scolaire ou au niveau de l’apprentissage en entreprise, ont été adaptées de façon cohérente aux nouveaux développements dans les différents secteurs économiques.    

D’une façon générale, un grand avantage de la réforme est le rapprochement de l’école et de l’entreprise.

La LSC soutient d’ailleurs vaillamment ce concept de relation école/entreprise, car il permet de susciter un intérêt chez les jeunes, notamment pour la création de leur propre entreprise.

A travers l’organisation modulaire, on peut aussi réaliser une réduction du taux d’échecs, le nouveau système permettant le rattrapage par modules. Il s’ensuit que l’apprenti ne doit plus redoubler une année entière, mais il a la possibilité de rattraper un module auquel il a échoué.

On peut espérer que ces multiples mesures conduisent à une meilleure intégration des jeunes sur le marché du travail tout comme, dans une moindre mesure, à augmenter la mobilité intra-sectorielle et géographique.

 

Quels sont les enseignements que l’on peut d’ores et déjà tirer de cette réforme?

Pour pouvoir tirer de véritables enseignements, il faut pouvoir considérer tout un cycle d’apprentissage. Or, la réforme n’est entrée en vigueur que l’an passé.
Il est donc impossible à ce stade de connaître le taux d’échecs ou le taux d’intégration des jeunes sur le marché du travail.

 

La LSC et la Chambre de Commerce affichent clairement l’objectif d’améliorer la qualité de l’apprentissage. Comment comptez-vous relever ce défi?

Depuis toujours, notre leitmotiv était de former plus de jeunes, et, surtout, de mieux les former afin qu’ils répondent aux attentes des futurs employeurs.  
On a d’ailleurs pu identifier une inadéquation entre l’offre et la demande, à savoir que tandis que beaucoup d’apprentis potentiels ne trouvent pas d’entreprise-formatrice dans la profession souhaitée, beaucoup de postes déclarés restent vacants. Ce phénomène s’explique aussi bien par le niveau de qualification trop faible des jeunes à la recherche d’un contrat d’apprentissage que par les effets d’une orientation – scolaire et professionnelle – peu performante à l’heure actuelle. Il s’ensuit  la nécessité primordiale d’améliorer l’orientation des jeunes.

Pour nous, la qualité de l’apprentissage passe par le droit de former des apprentis et par le droit de recevoir des stagiaires.

De plus, notre approche qualitative se traduit par le lancement de formations avec lesquelles on s’adresse tant aux apprentis-même, comme par exemple les formations "Culture du Service" et "Connaissances de base des produits" pour les DAP conseiller en vente, qu’aux tuteurs en entreprise.

Pour ces derniers, nous voulons nous assurer que tous ceux qui encadrent nos jeunes aient le bagage et la «boîte à outils» nécessaires pour une mise en œuvre efficace de la réforme novatrice du régime professionnel. La formation pour tuteurs, que nous organisons depuis fin 2010 et à travers laquelle nous avons formé depuis plus de 1.200 tuteurs, reprend ces points.

Autre sujet important est la comparabilité des diplômes et certificats nationaux et l’assurance de l’acceptation des diplômes luxembourgeois à l’étranger, qui se réalise, par exemple, par la mise en place de concepts européens au Luxembourg.

Il s’agit d’améliorer l’image de la formation professionnelle et d’en faire un premier choix positif.

 

Une plateforme pour tuteurs doit également voir le jour. Comment s’articule-t-elle?

Une plateforme pour tuteurs est effectivement en train d’être mise en place par nos soins. Cette plateforme est accessible sur www.lsc.lu/tuteurs.

Elle renseigne sur tout ce qu’il faut savoir sur l’évaluation de l’apprenti, et contient à cette fin l’ensemble des programmes pour tous les modules existants sur lesquels l’apprenti doit être évalué.

Plus précisément, on y trouve les modules, les contenus, les dates – notamment celles concernant la formation des tuteurs, une rubrique FAQ et des informations générales ayant trait à la formation professionnelle.  

En cela, la plateforme pour tuteurs sera la plateforme de référence de la LSC.