Un lent retour à la croissance
Véritable indicateur macroéconomique unique trimestriel portant sur 17 pays européens, l’Ernst & Young Eurozone Forecast est de retour pour une édition printanière dont le bilan pourrait presque s’avérer positif. En effet, en dépit d’une année qui s’annonce délicate, un lent retour à la croissance est prévu en 2013.
Le défaut de la dette publique grecque ayant été négocié, un deuxième accord de refinancements ayant été conclu et avec l’établissement d’un pare-feu crédible destiné à protéger l’Espagne et l’Italie, l’Ernst & Young Eurozone Forecast (EEF) s’attend à une faible atténuation de la récession de l’ordre de 0,5% du PIB de la zone euro. Néanmoins, l’EEF table sur une hausse d’environ 1% du PIB de la zone euro en 2013 avant d’atteindre jusqu’à 2% par an en 2015 et 2016.
En ce qui concerne le Luxembourg, l’EEF anticipe une croissance du PIB s’établissant à 0,7% en 2012 alors qu’elle était à peine supérieure à 1% en 2011, reflétant un ralentissement des exportations de services financiers et commerciaux avec, en toile de fond, l’actuelle crise de la dette au sein de la zone euro. Les flux nets d’investissements pour les fonds tendront à annuler tout redressement relatif aux prix des actifs, alors que la reprise du secteur bancaire est susceptible de se dérober, voire même de se contracter. Ces conséquences s’additionneront à la faiblesse actuelle du secteur industriel.
En 2013, une reprise de la croissance à hauteur de 3,1% est attendue, ainsi qu’une moyenne similaire pour les années 2014 à 2016.
«Alors que la reprise après cette période de récession sera vraisemblablement la plus lente constatée en Europe depuis ces 40 dernières années, les actions prises par les autorités au cours des derniers mois, en particulier l’introduction des opérations de refinancement à long terme par la BCE, ont créé des conditions favorables au retour d’un certain optimisme […]», commente Marie Diron, Senior Economic Adviser en charge de l’EEF.
L’assainissement budgétaire et le manque de crédits pèsent sur la croissance
Les principales entraves à la croissance de la zone euro résulteront de l’assainissement budgétaire, que l’EEF estime s’élever à plus de 1% du PIB, et à un resserrement du crédit.
En dépit de l’introduction des opérations de refinancement à long terme, qui a stimulé les marchés financiers et a assuré un éloignement de la perspective de crise du crédit bancaire, les données les plus à jour indiquent que la majeure partie des liquidités fournies n’a pas encore été prêtée à l’économie en général.
Alain Kinsch, Country Managing Partner d’Ernst & Young Luxembourg, explique que «les banques de la zone euro sont toujours confrontées à des conditions de financement difficiles et doivent en même temps garantir des ratios de fonds propres plus élevés. Aussi longtemps que les banques ne transmettront pas les liquidités empruntées auprès de la BCE aux entreprises et aux ménages, les conditions de crédit resteront tendues, déprimant les investissements et la consommation».
Le manque de confiance des consommateurs et des entreprises se traduit par la hausse du chômage
En réponse au durcissement des conditions de financement, à une augmentation de la capacité d’épargne ainsi qu’à une demande domestique plus faible, les entreprises sont susceptibles de diminuer leurs dépenses d’investissement. Il est attendu que les sociétés espagnoles et italiennes réduisent leurs dépenses d’équipement de 5% ou plus en 2012. Alors qu’en France et dans le Benelux, les investissements ne varieront guère, en Allemagne, ils sont susceptibles de croître significativement.
Malgré une modération de l’inflation cette année, la consommation des ménages pourrait aussi se réduire, reflétant une perspective extérieure incertaine et un assainissement budgétaire accru. Au niveau de la zone euro, l’EEF prévoit une réduction de la dépense des ménages de l’ordre de 0,7%, les consommateurs allemands étant susceptibles d’augmenter les dépenses à hauteur de 1% alors que celles des ménages français devraient demeurer stables. Cette perspective relative aux investissements des entreprises et à la consommation des ménages signifie que la création d’emplois est censée baisser dans la plupart des économies de la zone euro. L’Allemagne demeurant l’une des rares exceptions, l’EEF prévoit une hausse des taux de chômage en 2012, atteignant jusqu’à 18,2 millions au tournant de l’année, et ce, en dépit du maintien de bilans relativement forts pour bon nombre de sociétés européennes. Cependant, cette tendance pourrait être rapidement inversée si la confiance commençait à revenir.
La BCE doit continuer à jouer son rôle afin d’assurer une faible reprise
La BCE va continuer à jouer un rôle capital en 2012 par son large soutien à l’économie de la zone euro. En cas de détérioration de l’environnement économique, l’EEF croit que ce soutien devrait se traduire par une baisse supplémentaire des taux d’intérêt de 0,5% et de nouveaux achats d’obligations d’Etat afin de faciliter le refinancement de leur dette à des taux d’intérêt abordables par les pays périphériques. Si aucune action n’est prise, le risque d’une série de défauts désordonnés dans les pays les plus faibles serait susceptible de compromettre l’avenir de la zone euro.
Pour Marie Diron, «2012 sera, dans le meilleur des cas, une année difficile, que ce soit pour les gouvernements, les entreprises et les ménages».
Communiqué par Ernst & Young